Chapitre 6

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Lexie – ou Charlie devrais-je dire – est rentrée chez elle, à Ann Arbor, il y a maintenant une semaine. Et puisque les Devil's Sons n'ont pas envahi Hamilton, lancés à ma recherche, cela signifie qu'elle ne les a pas renseignés sur ma localisation. Elle a gardé le silence sur notre cohabitation.

Je devrais en être soulagée, mais la vérité, c'est que... chaque fois que j'aperçois une Harley-Davidson, je tremble d'excitation et j'ai ce fol espoir de voir surgir face à moi les membres de ma famille.

Je ne suis pas censée ressentir ce genre de choses, je n'en ai pas le droit. Pourtant, le fait est que, pour la première fois en trois ans, je doute des choix que j'ai pu faire par le passé. Je ne sais plus qui je suis ni où est ma place.

J'ai cru que je pourrais annihiler toutes les caractéristiques qui font de moi Avalone Arinson, afin de m'épanouir en tant que Lana Drew, mais je me suis fourvoyée. Après tout, celle que je suis aujourd'hui est façonnée par le désir d'Avalone de protéger les gens qu'elle aime. Mon cœur est le sien, je ne pourrai jamais m'en défaire, peu importent les efforts que je déploierai dans ce sens, je dois l'accepter. C'est pourquoi je me tiens devant le hangar de Noah.

Mes mains sont moites et ma respiration haletante. Bien que je ressente le besoin de lui avouer la vérité dans son intégralité, j'appréhende ma réaction autant que la sienne. Quel effet aura sur moi mon nom de naissance quand je le prononcerai à voix haute ? J'ai tant menti au fil des années que j'ai fini par croire à mes propres mensonges.

Avant que le courage ne me glisse entre les doigts, je pénètre dans le hangar et frappe à la porte du bureau de Noah. J'entre sans y avoir été invitée.

Il est là, assis face à une pile de documents administratifs. Je plonge mon regard dans le sien et déclare, de but en blanc :

— Je te mens depuis le premier jour.

Malgré les mots que je viens d'employer, Noah ne remet pas en question la confiance qu'il a placée en moi. Il ne manifeste pas de suspicion. Aucune crainte. Alors, la honte m'envahit, bientôt suivie de la culpabilité. Je ne le mérite pas. Il m'a offert une famille, tandis que je n'ai fait qu'abuser de lui.

Il lâche le stylo qu'il tenait entre ses doigts et s'adosse contre son fauteuil. Il me propose de m'asseoir, ce que je refuse. Je suis bien trop nerveuse pour me tenir immobile.

— Je m'appelle... Je... je m'appelle...

— Tu t'appelles Avalone Arinson.

Entendre ce nom, le mien, de la bouche d'une personne qui n'appartient pas à mon passé, éveille en moi une peur primitive. J'ai la sensation que les murs se referment sur moi et manque subitement d'air. Puis le doux sourire que m'adresse Noah perce le brouillard angoissant qui s'étendait à travers les méandres de mon esprit et alors, je n'ai plus la moindre inquiétude. Cet homme a toute ma confiance.

— Co... comment ?

— J'ai su qui tu étais à la seconde où tu es entrée dans mon hangar pour la première fois.

Le boss se lève de son fauteuil et contourne son bureau. Il s'assied sur le coin, face à moi, en croisant les bras sur son large torse.

— J'ai connu les frères Arinson à l'époque où ils étaient tous les deux à la tête d'Arinson Arms. C'est chez eux que je me fournissais. Un jour, alors que j'attendais que leurs employés chargent ma voiture, j'ai évoqué avec Carter ma passion pour la navigation. Il m'a dit avoir un bateau dont il souhaitait se débarrasser. Je me suis empressé de le lui racheter. Le soir même, nous avons signé l'acte de vente. C'est ainsi que j'ai acquis mon premier navire. Ce qui est intéressant dans cette histoire, c'est le nom de ce navire : il se nommait le Lana Drew.

The Devil's Sons Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant