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 𝙾𝚕𝚒𝚟𝚊𝚗𝚍𝚎𝚛

À un moment ou à un autre dans notre vie, on subit une émission de chaleur qui est si puissante et dûe à la volonté indéfaillible d'obtenir notre désir le plus ardent qu'elle est capable de nous consumer: l'incandescence.

Et au bout du compte, ce phénomène ne s'applique pas à toutes les matières vivantes, dont moi principalement.

Développeur informatique a toujours été mon plus grand souhait depuis que j'ai été en âge de manier les manettes d'un jeu vidéo. Seulement, il fallut des années pour me rendre compte —et trop tard— que ce domaine était très restreint pour les individus de genre oméga. La preuve, j'ai obtenu mon diplôme de fin d'études il y'a un an et demi de cela avec une mention honorable et depuis tout ce temps, ma patience est mise à rude épreuve avec toutes mes demandes d'emploi qui se soldent par des refus. Je ne suis pas dupe au point de me douter que ce genre de traitement envers les omégas tels que moi est nouveau, mais ce qui me rébute le plus c'est principalement qu'au fil des années qui passent, rien ne change, tout reste statique.

Malgré tout je n'ai pas encore baissé les bras et même sans un job qualificatif, je ne peux pas dire que je mendie pour autant que je sache.

Dès que les portes du métro s'ouvrent, je me dirige instantanément vers la sortie, frappé par une vague de chaleur qui a le don de me faire claquer la langue. Je peux comprendre que nous soyons en Août et qu'ici à Vancouver, on a l'habitude de la canicule s'étendant sur une très courte période et que j'ai abondamment transpiré une heure plus tôt en essayant d'échapper à la prise de l'homme avec qui j'ai passé mon énième entrevue, mais ces derniers jours je n'arrive vraiment pas à supporter la transpiration. Ce qui me pousse à prendre minimum trois douches au cours de la journée. D'ailleurs, j'ai hâte de me filer sous le robinet dès cet instant, afin d'évacuer les germes que cet homme a eu le culot de poser sur mon corps lorsqu'il m'a saisi par les bras.

Et qu'est-ce que je regrette de ne pas lui avoir broyé les noyaux à ce pervers.

Un sentiment de condescendance involontaire m'envahit subitement, me laissant étudier tous les risques auxquels je me suis exposé pour passer cette interview. Au lieu de reconnaître mes qualifications comme il se doit, ce connard pathétique n'a eu de cesse de me lorgner comme un ours noir qui n'a pas goûté à un morceau de chaire fraîche depuis je ne sais combien d'années lumières. Je méprise ce genre d'individu, voilà typiquement l'une des raisons qui fait qu'il m'est impossible d'avoir confiance aux alphas.

Je n'ai plus besoin d'un transport supplémentaire puisque le fast-food où je bosse en soirée n'est qu'à quelques patées de rue d'ici. En journée je travaillais comme livreur, travaillais parce qu'à cause d'une erreur maladroite avec un colis, j'ai été viré. À présent je dois uniquement me satisfaire du service, quand bien même je trouve la rénumération loin d'être assez pour couvrir mes dépenses. Ce qui me pousse à économiser et de ce fait à me priver des bonnes choses que j'aimerai avoir à commencer par mon propre espace, surtout que là actuellement je profite de l'hospitalité d'un ami de lycée qui m'héberge depuis deux mois aujourd'hui. Il est bêta. Et comprend parfaitement ma situation, c'est lui qui a d'ailleurs proposé de m'aider le temps que je retrouve tous mes repères après le décès de mon grand-père qui m'a élevé tout seul.

Il faut bien croire que depuis ce sombre épisode, je suis devenu une espèce de sans domicile vu que sa maison fût hypothéquée par la mairie. Jake est gentil de vouloir porter mon fardeau mais je ne veux en aucun cas abuser de sa gentillesse pour longtemps, sachant qu'il a une copine. C'est décidé, encore un mois à tenir, le temps que je complète mes économies et je prendrai mon propre studio.

𝖨𝗇𝖼𝖺𝗇𝖽𝖾𝗌𝖼𝖾𝗇𝗍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant