𝚅𝙸𝙸𝙸-

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𝙾𝚕𝚒𝚟𝚊𝚗𝚍𝚎𝚛


Je la revoit enfin.

La clarté aveuglante de ces iris clairs cachés sous d’épais sourcils noirs, frangés de cils longs à en faire pâlir de jalousie n’importe quel autre homme alpha. Ces yeux, en cet instant précis, me clouent au sol plus que je ne le suis déjà. Ils étincelent comme il s’approche aussi silencieusement et aussi délibérément qu’un requin sortit tout droit des profondeurs —non, plutôt d'un démon émergeant des abyssales—, tout de puissance et de virilité menaçante. Il ne bouge plus, et mon regard se rive sur l'arme qu'il tient dans sa main droite.

Je m'en suis douté, il y'avait des milliards de chances que je ne puisse pas me tromper, mon intuition ne me trompe jamais d'ailleurs: ce n'est pas Dominik Sakhova.

Qui est-il dans ce cas vous me demanderez ? Un jumeau maléfique bien que l'autre ait déjà des tendances beliales ?

Je cile avec difficulté et le vois maintenant remuer la nuque de droite à gauche, probablement soucieux de détendre ses muscles tendus. Le craquement de ses os tendent alors mes nerfs à leur tour. J'ai bien l'intention de me lever et de fuir, raison pour laquelle je redresse mon torse, prenant appui sur mon avant-bras droit mais c'est douloureux, je crois m'être blessé à cet endroit. Un sifflement de douleur m'échappe et la Bête se courbe à ma hauteur. Comme si il avait lu dans mes pensées, sa grande main m'attrape férocement par le col afin de me faire asseoir, puis se rapproche vers mon crâne où de gouttes de sueur glissent le long de mes tempes. Instinctivement, je ferme les yeux et recule la tête afin qu'il ne me touche pas, ce qu'il finit par comprendre puisqu'il oublie son entreprise. Je réprime un soupir de soulagement. Un instant plus tôt j'ai crû me faire frapper, je peux m'estimer heureux qu'il se soit dégonfler le premier mais...quelque chose m'intrigue. Sur sa façon de me regarder je veux dire. On pourrait penser qu'il vient de dénicher du gibier, et je me demande si le coup de feu qui a retentit plus tôt ne m'était pas destiné à tout hasard.

Prenant compte de cette possibilité à ne pas négliger, je sens un goût d'amertume s'emparer de ma cage buccale. Il me faut partir.

J'essaye de nouveau de me lever en utilisant ma main droite comme support mais une fois de plus, il intervient et me freine dans ma lancée. Et pour la première fois depuis de longues minutes, je l'entend parler en anglais:

   — Ne bouge pas !

Ou m'ordonner. Le ton qu'il vient de prendre est clairement condescendant, dénué de bon sentiment. Une moue terrifiée me fait blêmir. S'il a l'intention de m'attraper et me balancer par-dessus son épaule comme il l'a fait avec le cerf la nuit passée, autant mieux m'enfuir avec des vertèbres en moins tant que j'en ai encore l'occas-

   — Qu'est-ce que vous faites !? M'alarmé-je à voix étouffée lorsqu'il attrape mon bras sans aviser, le retourne et y penche la tête.

Je n'ai pas le temps de penser à ce qu'il compte me faire, que déjà ses lèvres échouent sur la petite plaie. À l'instant où son muscle chaud caresse la blessure, je geins une fois de plus de douleur. Il ne s'applique pas uniquement à parcourir sa langue à un seul endroit mais fait tout le pourtour, me laissant sans voix. Il darde un regard indissociable sur moi, et j'ai comme la sensation que s'il me bondit dessus, je serai à même de le laisser me dévorer.

Le simple fait de me faire lécher le coude me fait frissonner, créé chez moi des réactions auxquelles je ne m'attendais pas, et que je n'ai jamais ressenti. Dans le tumulte de mes pensées ravagées, il finit par s'arrêter sans relâcher mon bras. A-t-il l'intention de me couper vif et de m'emporter pour me donner à ces carnivores voraces ? Quoique je doute fort qu'ils apprécieront le goût froid et aigre de ma chaire.
  
   — Pourquoi te balades-tu seul malgré le danger qui te guette ? M'interroge-t-il même si ça me donne plutôt l'impression d'un avertissement.

𝖨𝗇𝖼𝖺𝗇𝖽𝖾𝗌𝖼𝖾𝗇𝗍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant