Lundi 16 Septembre

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‎Il n'y a rien de plus merveilleux qu'une flopée d'insultes au petit déjeuner. Ce matin, c'était un excellent cru de jus de colère accompagné d'une tartine de mauvaise foi. Je ne me suis pas resservie. Même si c'était succulent, c'était trop pour moi au niveau décibel. Puis comme je n'ai rien fait de mal, je n'ai pas compris tout de suite ce qu'il m'arrivait. Surtout venant de sa part.

« Mais enfin, Lorcan ! Pourquoi tu t'énerves comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

– Arrête de te foutre de ma gueule, tu sais très bien ! »

Un, je n'aime pas quand les gens disent ça parce que je ne sais jamais et que j'ai toujours l'air ridicule à ouvrir la bouche sans répondre. Deux, ça fait deux semaines qu'il m'évite et ne m'adresse pas la parole, sans compter cet été où c'était silence radio. Alors qu'il revienne vers moi pour me crier dessus, ce n'est pas que je ne comprends pas, c'est que je trouve ça détestable. Il continue à me fusiller du regard alors que je secoue la tête pour lui montrer que je n'arrive pas à résoudre sa devinette. Il me hurle dessus, c'est à peine s'il n'aboie pas :

« Bien sûr, Molly Weasley est trop fière pour l'avouer ! Comment as-tu pu me faire ça ? »

Je vois du dégoût dans ses yeux bleus qui paraissent beaucoup plus sombres que d'habitude. Il tourne les talons et s'en va rapidement, me laissant sans voix, scotchée sur place. Tout le monde attend une réaction de ma part. Je ne suis pas normalement du genre à me laisser crier dessus comme ça mais je n'ai rien pu faire. Pas avant d'avoir compris ce qu'il me voulait. J'aurais pu bien sûr le poursuivre, le prendre par le bras et lui demander de s'expliquer mais je n'ai pas réussi à bouger. Je reste là, assise sur mon banc, à boire mon thé en en renversant un peu à côté de moi, dans un état presque second.

Roxanne pose une main sur mon front, comme pour voir si je n'étais pas malade et me chuchote :

« Molly ? Tu es sûre que ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? »

Je n'ai pas plus réagi alors elle a continué à me regarder bizarrement. Je regarde le fond de mon bol comme s'il pouvait y avoir la réponse à mes questions à l'intérieur. Si les feuilles de thé pouvaient aussi expliquer les événements, en plus de prédire l'avenir, ça m'aiderait beaucoup. Je soupire, jetant un coup d'œil autour de moi. Les gens, rendus curieux par le spectacle, essayent tous de me regarder pour comprendre, certains se lèvent même sur leur chaise ou commentent à voix haute. Si moi-même je ne comprends pas, comment le pourraient-ils ?

Je me lève, un peu brusquement, en repensant à ce que m'avait écrit l'inconnu. Il avait un secret à révéler. Il a pu se vexer parce que j'ai refusé de l'aider et a mis à exécution la menace. J'ai envie de jurer en runique mais je me retiens, pas question d'être encore plus étrange que je ne le suis déjà. Je prends mes affaires et file à travers les couloirs pour trouver un peu de calme. Je me retrouve adossée à un mur, dans les cachots, attendant le cours de Potion. Où il y aura Lorcan. Je ferme les yeux, me prenant la tête entre les mains. Au fond, qu'est-ce que j'ai comme secret que l'inconnu aurait pu dire à Lorcan ? Si je pouvais savoir au moins ça, ça m'aiderait. Et je pourrais peut-être avancer dans mes recherches, il suffirait que Lorcan me dise qui lui a révéler ça. Demander directement au Scamander me paraît risqué, il ne voudra pas m'aider, surtout après « ce que je lui ai fait ». Je tape du pied, énervée. J'ai assez joué comme ça, je préfère avoir des réponses.

« Mollynette ! »

Je me retourne vivement, ayant cru entendre Lorcan mais ce n'est que Lysander, la pâle copie. Je le dévisage alors qu'il s'approche avec le regard plutôt sérieux. Je croise les bras en m'exclamant froidement :

« Quel plaisir de te voir, Scamander !

– Sérieux, je t'avais manqué ?

– Bien sûr que non. Qu'est-ce que tu me veux ? Si tu veux m'insulter, je t'en prie, n'hésite pas, aujourd'hui, c'est la journée de l'indulgence. »

Molly II WeasleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant