Sarinah
Sitôt qu'il me relâche, je m'éloigne de quelques pas. Je ne sais pas ce qu'il va me faire, mais je ne pense pas que ce soit bon pour moi. Il me fusille de son regard aussi noir que de la cendre, non, que dis-je, aussi noir que le jais. Je sens la haine émaner de lui, une énergie presque palpable qui pèse sur mes épaules, m'enfermant dans une tension insoutenable.
— Dégage ! m'ordonne-t-il, méditant visiblement pour ne pas me gifler en même temps.
Il est furieux, c'est clair. La colère tord ses traits, et je peux presque sentir la violence bouillir sous la surface. Je déglutis, essayant de maintenir un semblant de calme, mais la peur commence à serpenter dans mon esprit.
— Euh, OK, c'est bien, mais je vais où ? Je te rappelle que je connais rien ici, dis-je, tentant de jouer sur la raison, bien que je sache que cela n'aura probablement aucun effet sur lui.
Il serre les poings, sa mâchoire se contracte alors qu'il se rapproche encore une fois. Je peux voir ses muscles se tendre sous sa peau, comme s'il se préparait à m'attaquer à tout moment. Je suis sur mes gardes, prête à réagir, bien que je sache que je ne pourrais probablement pas le vaincre dans cet état.
— Baisse les yeux ! siffle-t-il, sa voix une lame acérée.
Je ne les baisse pas. Je refuse de faire une telle chose pour lui, de lui accorder cette soumission. Chaque fibre de mon être me hurle de résister, de ne pas céder. Il doit voir que je ne suis pas du genre à m'effondrer devant les intimidations.
— Si tu ne pars pas maintenant, je crois que je vais faire une connerie ! Fais chier ! Je te jure sur ma propre vie que dès que le mariage sera passé, je te ferai payer ce regard que tu me lances et ta précédente erreur. Tu vas regretter d'être née !
Ses mots résonnent dans ma tête comme une menace froide et implacable. Je sens mon cœur battre plus vite, une montée d'adrénaline qui me pousse à agir. Il me pousse violemment pour me faire tomber en arrière, mais je me rattrape à l'aide d'un meuble, refusant de lui donner la satisfaction de me voir à terre.
Et vous savez ce qu'on dit ? CHEH.
Cette petite victoire me réchauffe un peu le cœur, mais je sais que ce n'est qu'un répit temporaire.
— Un de mes hommes de main va te conduire dans ta chambre, lâche-t-il, un mépris évident dans sa voix.
Je me retourne, quittant la pièce avec un mélange de défi et de résignation. Juste à l'extérieur, un homme moins imposant que le Prince et Bastille m'attend. Ses yeux sont vides, professionnels. Il saisit mon bras rapidement pour me rapprocher de lui, puis il me passe un bandeau devant les yeux pour me bloquer la vue.
— Lâchez-moi ! protesté-je, tentant de dégager mon bras.
— Je dois vous emmener dans votre chambre, madame, répond-il sans émotion.
— Pas la peine de m'ôter la vue ! De toute manière, je ne saurais même pas retourner à ma cellule ! râlé-je, irritée par cette humiliation supplémentaire.
— C'est un ordre du Prince. C'est le marché qu'il a conclu avec son père. Vous dormez dans une pièce douillette au moins jusqu'à sa mort, à la seule condition qu'il ait l'occasion de se moquer de votre manque de sens de l'orientation, explique-t-il d'un ton plat, comme s'il parlait d'une simple formalité.
— Il a vraiment un humour pittoresque ! Il est évident que je vais me perdre dans ce château gigantesque si je ne sais pas d'où je viens et où sont les choses !
Je laisse échapper un soupir exaspéré. Tout ceci n'est qu'un jeu pour eux, une farce cruelle. Et en plus ce n'est pas comme si j'étais déjà mauvaise en orientation... absolument pas... Je ne vois pas où vous voulez en venir...
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De l'Aube au Crépuscule SIGNATURE CONTRAT REFUSÉE. Réécriture
FantasiDans un monde où deux royaumes jadis ennemis se déchirent, une princesse et un prince sont liés par un pacte sinistre. Sarinah Salarius, princesse de Gretenbells, perd tout après avoir scellé un accord avec le prince Goliath Rudrius de Dreyfus. Déso...