Chapitre 12. Une vraie douche froide

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Isabella

Lorsque nous arrivâmes chez Cole, toutes les lumières étaient éteintes. La maison était étrangement calme. Depuis qu'il m'avait traîné dans la voiture, tout espoir de m'enfuir facilement s'était envolé. Nous n'avons échangé aucun mot le reste du trajet. Et c'était mieux comme ça.

Tandis que mon ravisseur alluma les lumières en claquant des mains et monta à l'étage sans daigner m'adresser la parole, je m'aventurai dans le salon dont les volets étaient à présent fermés. J'observai alors furtivement mon reflet dans l'une des grandes baies vitrées et ça me faisait du mal de l'admettre, mais je faisais peur à voir.

Mon visage était recouvert de sang séché, mes vêtements débraillés et je sentais la transpiration. Pour ne rien arranger, mon ventre se mit à gargouiller. Je n'avais pas mangé depuis mon arrivée.

- Ah, mon frère t'a finalement ramené ? Je pensais qu'il t'avait abandonné dans la forêt, prononça soudainement Riley en entrant dans la pièce.

Je ne l'avais pas entendu arriver et sa voix me fit sursauter. Il émit un petit rire en constatant qu'il m'avait sortit de mes pensées.

- Ouais, et bien j'aurais préféré, répondis-je en me tournant vers lui.

Avant qu'il n'eût le temps de répliquer, mon estomac gargouilla si fort que Riley écarquilla les yeux, surpris. Il me regarda alors de haut en bas avant de me tourner le dos.

J'étais si repoussante ? Super.

- T'aimes bien les pâtes au sucre ?, me demanda-t-il finalement depuis la cuisine qui était ouverte sur le salon.

Je le dévisageai, pensant avoir mal entendu. J'étais tellement fatiguée que mon cerveau devait me jouer des tours.

- Les quoi ?

- Ben les pâtes au sucre, répéta-t-il comme s'il s'agissait d'un classique de la gastronomie américaine.

Je savais qu'ils avaient des goûts culinaires douteux dans ce pays mais je ne m'attendais pas à rencontrer un jour l'existence d'un tel... plat. Enfin, si l'on pouvait appeler ça comme ça. Mais j'étais tellement affamée que j'aurais pu manger n'importe quoi. Alors je hochai simplement la tête en guise de réponse, reconnaissante que quelqu'un daigne enfin se préoccuper de mon état.

Quelques minutes plus tard, Riley posa les assiettes sur le grand îlot central de la cuisine et je m'installai sur un tabouret.

- Tu vas voir, c'est super bon. Je ne dirais pas que c'est mon plat préféré mais presque, dit-il avec enthousiasme en s'installant en face de moi.

- Euh... C'est un peu bizarre quand même, répondis-je tout en avalant difficilement ma première bouchée.

À vrai dire, c'était carrément dégoûtant mais je n'osais pas davantage me plaindre. Je le poignardais encore quelques heures plutôt et, maintenant, il me faisait à manger. La situation était déconcertante. Mais la seule chose que je désirais à cet instant était de me redonner un peu de force.

- Merci, lui dis-je finalement.

Il me lança un petit sourire un guise de réponse avant de prendre une énorme bouchée.

- Merci pour quoi ?, s'exclama Cole qui se tenait à présent près de nous. Putain Riley, tu fais chier avec cette merde sérieux, tu ne peux pas manger normalement ?, se reprit-il en constatant ce que son frère lui avait laissé dans la casserole. Et toi, ça va ? Tu ne prends pas trop tes aises ?, m'adressa-t-il tout en me virant du tabouret sur lequel j'étais perchée. C'est ma place ici donc va manger au bout ou je sais pas moi, va dans le salon par exemple.

Nos âmes meurtriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant