Chapitre 10. Bonne nuit, Bella

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Cole

Les yeux rivés devant moi, je serrais le volant si fort que j'eus presque l'impression qu'il allait exploser sous mes doigts. Il faisait nuit noire et la pluie qui s'abattait sur le pare-brise m'empêchait de clairement distinguer la route.

La SDF était assise à mes côtés, immobile. Je lui jetai de bref regards dans l'espoir de déceler le moindre signe d'inquiétude. Cette meuf ne laissait rien transparaitre et ça me rendait malade. À sa place, n'importe qui se serait déjà chié dessus.

Je décidai alors d'appuyer davantage sur la pédale d'accélération. Je ne voyais rien et je risquais de crever à tout moment, mais je n'en avais rien à foutre. Je voulais qu'elle se calme, qu'elle me craigne. Je la vis à cet instant serrer les poings, mais ça ne me suffisait pas.

- Est-ce que..., commença-t-elle.

- Non, la coupai-je sèchement.

J'avais un mal de tête abominable et elle ne voulait pas se la fermer. Adalyn, au moins, savait se taire quand il le fallait. Isabella lui ressemblait physiquement mais elle était beaucoup plus... insolente.

Et j'aimais tout sauf ça.

Je ne savais pas encore quoi faire d'elle, mais je ne voulais pas la buter. J'avais déjà laissé assez de cadavres derrière moi et ceux-là étaient tous sauf innocents. Elle, n'avait rien fait. Elle avait juste eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Et malheureusement pour elle, je n'étais pas un bon petit samaritain.

Dire que toute cette merde était à cause de Riley qui n'avait pas les yeux en face des trous...

Mais je n'avais qu'une chose en tête : me venger d'Adrian Martinez. D'après mes informations, Adalyn, sa femme, était retournée au Mexique depuis la mort de mon père. Isabella me servirait donc à embrouiller les hommes de main des Martinez qui n'étaient que des décérébrés. Et rien que pour cette raison, je n'allais pas casser la gueule de mon frère pour avoir confondu le déchet qui me servait de passager avec la fille du chef du cartel qui avait assassiné mon père.

Dans un monde idéal, ces gorilles la confondraient avec la Mexicaine et elle pourrait s'infiltrer dans leur réseau le temps d'une soirée. Isabella avait déjà l'accent, alors j'imaginais qu'elle parlait espagnol. Je pourrai ensuite la rejoindre pour arracher chacun des membres de ces fils de pute. En attendant, il fallait encore que je la forme le temps que les Martinez baissent leur garde.

Et son entraînement commencerait dès ce soir.

- Tu vas prendre le tableau dans le coffre et le déposer dans le hall d'entrée de cette maison, lui dis-je finalement en désignant la grande demeure isolée devant laquelle nous venions d'arriver.

- Hors de question, répondit-elle tout en croisant ses bras sur sa poitrine.

Je sortis alors mon arme et la pointai sur son front. Elle entrouvrit la bouche mais la ferma aussitôt lorsqu'elle vit que j'avais ôté la sécurité qui m'empêchait de tirer.

- Si tu ne fais pas ce que je te dis, je te tire une balle juste là, prononçai-je tout en caressant son visage avec mon flingue.

- J'ai dit non, dit-elle simplement tout en baissant son siège pour s'allonger.

Putain mais je rêve. Elle veut vraiment se taper une sieste malgré mes menaces ?

Au même moment, j'entendis le moteur d'une voiture s'arrêter au loin et aperçus des phares percer l'obscurité. Deux hommes en sortirent et se dirigèrent vers la maison.

Merde, ce n'était pas prévu.

- Tu peux me menacer tant que tu veux, mais je n'irai pas donner ton truc, ajouta-t-elle.

Nos âmes meurtriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant