Chapitre 14. Cours, petite souris

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⚠️ Ce chapitre ne convient pas à un public non averti.

Isabella

Sa silhouette imposante s'approchait lentement de moi tandis que j'entrouvris les yeux. Je n'entendais que ses pas s'approcher. Lentement. Très lentement. La pièce était sombre et la seule chose que je percevais était le reflet de la lune sur sa dent en or. Il souriait.

Mais je ne pouvais pas bouger. Mon corps était tétanisé et refusait d'obéir à ma raison. Il caressa alors mon visage du dos de sa main. Elle tremblait. Son geste était fébrile et me provoquai des frissons.

- Princesa, murmura-t-il.

Son souffle se perdait dans mon oreille tandis que je me pinçais les lèvres pour retenir un sanglot. Il n'y avait que lui et moi dans cet espace confiné. Le seul point de lumière provenait de l'extérieur. Il s'infiltrait timidement par la petite fenêtre du plafond.

Lui, tournait autour de moi, tel un prédateur chassant sa proie. Il passait ses doigts sur les quelques parties découvertes de ma peau tandis que moi, je restais figée dans l'espoir de ne pas faire un geste qui ferait tout déraper. Mais c'était trop tard. Il tremblait déjà et je savais que lorsque c'était le cas, rien ne pouvait l'arrêter.

Sa main me gifla soudainement. Ma tête fut projetée sur le côté sous la puissance du coup. Je voulais hurler de douleur, le supplier de ne pas continuer mais rien ne sortait. Ma bouche s'ouvrait, mais c'était comme si mes cordes vocales avaient été sectionnées.

Et sans que je ne pu protester, il me frappa. Encore et encore. Mon corps était à présent recroquevillé sur le sol miteux de la pièce. Ses genoux se perdaient contre mes côtes et mes cheveux étaient violemment tirés en arrière avant que mon visage ne rencontre à nouveau le sol.

À cet instant seulement, je réussis à pleurer. Je ne criais toujours pas, mais le bruit de ma respiration saccadée suffisait à l'inciter à continuer. Lorsque l'une de mes côtes se brisa, il arrêta. Et c'est seulement à cet instant que j'émis un gémissement.

Il s'empara alors de l'une des bouteilles qui jonchaient ses pieds et déversa le liquide acide sur mon dos. Il rongea le tissu de mes vêtements en une fraction de seconde avant d'atteindre ma peau. La douleur m'était insupportable.

J'allais mourir.

Mais il continuait.

Je me redressai précipitamment sur le lit, essayant de reprendre mon souffle. Je crus apercevoir une silhouette au moment où mes yeux s'entrouvrirent. Ça ne pouvait qu'être mon imagination qui me rappelait le démon qui était réapparu dans mes cauchemars. Celui qui était encore ma réalité quelques années plus tôt et qui hantait à présent mes nuits quand bon lui semblait. Pourtant, cela faisait des mois qu'il n'agitait plus mon sommeil.

Jusqu'à aujourd'hui.

Mes yeux se perdaient sur le peu de meubles qui habillaient cette chambre et je mis quelques secondes à comprendre que je n'étais plus chez moi. J'étais prisonnière d'une maison qui n'était pas la mienne, mon angoisse et mes craintes pour seules compagnies.

Je devais partir d'ici.

Non.

Ce soir, j'allais partir.

Son petit jeu pervers devait cesser. La seule prison que je connaitrai pour le reste de ma vie est celle de mes souvenirs. Aucun homme ne posera plus jamais la main sur moi. Personne ne continuera à dicter ma conduite pour satisfaire des envies malsaines.

Nos âmes meurtriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant