Chapitre 8

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"Ton père avait raison Lilian tu n'aurais pas dû venir, c'est mon rôle de régler cette histoire ! chuchotai-je à mon ami en me mettant à son niveau tandis que nous suivions le Zora brun dans les montagnes de Lanelle.

- J'ai aussi ma part de responsabilité dans cette histoire Raphaëlle, se contenta de répondre le prince en se baissant pour éviter une branche basse. Je t'accompagne, c'est ma décision."

Je ne pus m'empêcher de sourire face à cette réponse sèche mais emprunte de préoccupation et de sollicitude. C'est à ce moment qu'une petite tête fluorescente sortit de ma sacoche pour observer curieusement les alentours. 

"Jam reste là dedans, dis-je aussitôt en replongeant la créature dans le fond de mon sac à bandoulière, je ne veux pas que tu descendes d'ici c'est dangereux."

Je m'avançai ensuite vers notre guide, quelques pas devant nous, impassible et marchant d'un pas rapide et assuré.

"Vous êtes donc un Invit, c'est ça ?" lui demandai-je avec intérêt.

Silence de la part de l'inconnu.

"Et combien êtes-vous donc, chez vous ?

- Assez pour rivaliser avec votre royaume", me répondit simplement le Zora en posant une main à terre pour sauter sur le chemin qui continuait un mètre plus bas.

J'ignorai sa tentative d'intimidation et insistai en le suivant toujours :

"Et vous possédez des pouvoirs particuliers comme ceux du roi Sidon. C'est donc la norme, chez les Invits ?

- Comment ce Zora a-t-il pu développer ces facultés ? demanda l'étranger en ignorant ma question. Il faut nécessairement des parents Invits pour que l'enfant le soit également.

- Mon père et sa sœur étaient les enfants du défunt roi Dorefah, expliqua Lilian en s'approchant à son tour, et de sa femme Lizca.

- Lizca ?!"

Le Zora fit volte face en dévisageant le jeune prince.

"Vous la connaissez ?! demandai-je aussitôt, l'attention en suspens. 

- Lizca était une Invit née parmi nous il y a de nombreuses années, expliqua notre guide en fulminant presque. On raconte qu'elle était très curieuse de votre monde malgré ce que vous avez commis, et qu'elle parlait de vouloir vérifier par elle même tous ce qu'on lui racontait de ce royaume. Un jour elle s'est enfui et n'est jamais revenu, devenant à nos yeux une traîtresse et une honte pour tous."

Le Zora brun regarda alors Lilian de la tête aux pieds et cracha :

"Apparemment c'était une Zora aux écailles blanches et rouges...

- Les pouvoirs de Mipha et de Sidon sont donc ceux de leur mère Invit ! concluai-je, abasourdie.

- Ni mon père ni mon grand-père ne parlaient de ma grand-mère, fit alors remarquer mon ami tandis que la compréhension éclairait son regard. Elle était morte juste après la naissance de mon père, et personne ne parlait d'où elle venait ni qui elle était pour Dorefah.

- Tant mieux si elle est morte jeune, cette transfuge ne méritait pas de trouver le bonheur au milieu de monstres comme vous. Je n'arrive pas à croire que je me trouve devant sa descendance", maugréa l'Invit avec un air de dégoût avant de se détourner pour reprendre la route. 

Offensé, Lilian voulut saisir notre guide par l'épaule pour lui faire payer ses paroles mais je le retins à la dernière seconde en lui chuchotant :

"On a besoin de lui pour trouver le repaire des Invits, passons au dessus pour l'instant", le raisonnai-je d'un air sérieux.

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Tandis que le soleil déclinait à l'horizon, le Zora s'arrêta devant un banal rocher du plateau de Jabu et nous fit signe de nous figer également à une distance raisonnable.

"Qu'est-ce qu'il fait ? me souffla Lilian avec scepticisme. Nous n'avons même pas quitté Lanelle, ce-"

Le jeune prince ne termina pas sa phrase lorsque le Zora brun posa sa main sur le côté du rocher, qui réagit aussitôt en roulant comme par magie pour laisser voir un tunnel dans la pierre s'enfoncer vers le bas. Lilian et moi restâmes figés de stupeur face à ce qui venait de se produire. Un petit brasero allumé se trouvait dans une alcôve, dans laquelle notre guide plongea une torche qui se trouvait dans l'entrée mystérieuse avant de me la tendre.

"Après vous", se contenta-t-il de dire en se décalant pour nous laisser passer.

Peu enjaillée à l'idée de m'engouffrer dans ce souterrain, surtout la première, je mis quelques secondes avant de saisir la torche qu'on me tendait et de m'avancer sur le pas de l'entrée sombre. Je sentis alors la main fraîche de Lilian saisir la mienne, et en levant la tête je le vis à mes côtés en me regardant avec encouragement.

Quelque peu rassuré, je m'engageai sur les premières marches aux côtés de mon ami, tendant la torche devant moi pour éclairer les boyaux sombres. J'entendis le Zora brun nous suivre et le rocher servant de porte se rabattre derrière nous dans un grondement, nous plongeant définitivement dans la pénombre et nous empêchant de revenir sur nos pas.

Je déglutis et serrai plus fort la main de Lilian alors que nous continuions notre descente, tandis qu'une fraîcheur humide nous enveloppait de plus en plus. Je vis Jam sortir sa petite tête luminescente de ma sacoche mais je renonçai cette fois à le faire replonger au fond de mon sac : je n'avais plus le cœur à la fermeté et que de toute manière sa faible lumière cyan me rassurait quelque peu. 

Nous descendions  interminablement au gré de marches de pierres irrégulières, glissantes et froides sans savoir où nous allions déboucher, quand et sur quel type de spectacle.

Après ce qui me parut une éternité mais qui n'a dû durer que quelques dizaines de minutes, Nous vîmes devant nous la fin du tunnel descendant et, au bout, un immense espace souterrain inexplicablement éclairé qui semblait sans limite avec un horizon de pierre, un plafond à peine visible tant il était haut (et qui devait correspondre tout juste à la surface d'Hyrule) et riche d'une végétation encore inconnue.

Abasourdie par cette vision irréelle, je pressai le pas avec Lilian pour descendre les dernières marches de pierre. Mais au moment de passer le pas des escaliers pour déboucher sur cette immensité, j'eus tout juste le temps d'entendre le Zora brun derrière nous émettre un sifflement strident que deux individus postés de part et d'autre du passage (dans nos angles morts) nous sautèrent dessus pour nous maîtriser.

Comprenant à peine la situation, je ne pus que crier sans pouvoir me débattre, mes ravisseurs m'ayant déjà immobilisé au sol avec brutalité. Paniqué par cette embuscade violente, Jam s'extirpa aussitôt de mon sac en couinant et détala vers un bosquet non loin avant de disparaître à l'intérieur. Je vis Lilian subir le même sort que moi avec la même vivacité et efficacité, ventre contre la pierre et bras dans le dos.

"Qu'est-ce que vous faites ?! rugit-il en tentant en vain de bouger. Nous sommes venu pour négocier !!!"

En levant le regard, je vis notre guide s'avancer vers nous, s'accroupir pour être à notre niveau et dire sur un ton froid et inexpressif :

"Debout et n'émettez aucune résistance, ça vaudra mieux pour vous."

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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 2.La Colère du Peuple OubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant