Chapitre 6

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Arrivés sur les lieux de l'accident, les soldats Zoras, Lilian et moi-même nous mîmes à arpenter les hauteurs surplombant la cascade Sera, dispersés pour être plus efficaces. Tandis que le peuple de l'eau cherchait activement d'éventuels concitoyens ensevelis sous la coulée de terre et de pierres, je ne pouvais m'empêcher de guetter un potentiel responsable de ce phénomène. Je ne savais pas à quoi cet être pouvait ressembler ou même si il y en avait un dans les parages, mais je ne perdais pas espoir et continuais de sillonner le paysage du regard.

Je m'éloignai de plus en plus du reste du groupe, rassemblé autour de l'ancien emplacement du poste de contrôle, pour remonter l'origine du glissement de terrain.

J'observai le petit dénivelé que l'affaissement avait créé, là où il semblait avoir commencé. En observant la terre, je m'aperçus rapidement que celle-ci n'était, contrairement à ce que semblait dire le soldat, pas particulièrement gorgée d'eau puisque l'inondation n'avait pas touchée cette partie de la région et que les pluies n'étaient ici pas plus fréquentes que d'habitude. Mon cœur s'accéléra lorsque j'arrivai à ma conclusion : ce glissement de terrain n'avait pas été provoqué par une cause naturelle logique.

En grattant le limon à peine humide, je me retournai pour m'en aller avertir Lilian lorsque je vis soudainement une ombre brune à mon niveau passer d'un rocher à un autre.

Un Zora. Un Zora que je n'avais jamais vu, habillé très différemment des coutumes de son peuple (vêtements de toile couvrants sans bijoux) et aux écailles étonnement mates et d'apparence plus épaisses que la normale. Il semblait se cacher de la patrouille en contrebas, un air grave, concentré et presque malveillant sur le visage. Ne m'ayant pas remarquer en amont de lui, l'inconnu était plaqué contre le rocher, jetant de fréquents regards discrets vers le bas de la colline.

Pourquoi ce Zora se cache-t-il d'une patrouille de recherche de son propre peuple...? me questionnai-je perplexe. Si c'est un rescapé de la catastrophe, pourquoi ne pas se signaler pour recevoir de l'aide...?

Une partie de moi connaissait déjà la réponse, mais je ne pouvais totalement y croire tant cette rencontre serait inespérée et improbable. Prudente, je restai immobile en priant pour que le Zora ne me voit pas dans ma situation pourtant évidente, abandonnant toute idée de me cacher. Heureusement l'inconnu semblait trop concentré sur le contrebas pour tourner la tête vers moi. Après de longues secondes qui me paraissaient des heures, le fugitif plongea sa main dans l'intérieur de sa chemise de toile et en sortit...

Une dague.

Ma respiration s'emballa en comprenant la soudaine gravité de la situation et, sans prendre le temps d'élaborer une stratégie, je m'élançai aussitôt vers le Zora pour l'empêcher d'aller plus loin.

L'étranger eut à peine le temps de me remarquer que je bondis sur lui pour l'immobiliser. Ma cible tomba à la renverse et nous dévalâmes maladroitement la pente tandis que je faisais mon possible pour me tenir à distance de la pointe de l'arme.

L'escouade Zora fit volte face en nous voyant débouler à son niveau. A peine nous fûmes arrêtés que j'attrapai le poignet de mon adversaire pour l'empêcher d'utiliser sa lame. Mais l'inconnu, le visage déformé par la haine et la frustration, tenta alors de m'attraper à la gorge pour me faire lâcher prise.

Voyant cela, Lilian accourut sans réfléchir vers nous, arracha au passage une lance des mains d'un de ses gardes et plongea la pointe vers mon agresseur qui était dos à lui.

Mais une soudaine bulle d'eau apparut autour du Zora dissident au moment où la lance allait l'atteindre, repoussant dans un choc l'attaque du jeune prince qui tituba en arrière pour se rattraper. Les soldats autour de nous, à la fois choqués et scandalisés par la succession d'événements, se jetèrent à leur tour vers nous pour éloigner l'individu de moi et le maîtriser.

Lilian accourut aussitôt vers moi pour m'aider à me relever.

"Raphaëlle tu vas bien ?!" s'écria-t-il, profondément inquiet en me prenant par les épaules.

Je toussai de longs instants en me tenant la gorge avant de répondre en hochant la tête :

- Ça va merci..."

Rapidement la dizaine de Zoras parvinrent à immobiliser l'intru, bien que celui-ci ripostait étonnement bien avec des techniques de défense très poussées. Mais les soldats hyruliens finirent par l'adosser contre un rocher, les 4 membres plaqués à terre par 2 hommes chacun tandis qu'Octavieh maintenait le manche de sa lance en travers de la gorge de l'inconnu pour l'empêcher de mouvoir sa tête.

Après que mon ami se soit assuré que je pouvais tenir debout seule, il fit volte face vers mon agresseur et s'avança d'un pas furieux vers lui.

"Qui es-tu ?! aboya-t-il en s'accroupissant devant l'inconnu et en collant presque son front contre le sien. Pourquoi nous attaques-tu ?!"

Pour toute réponse, le Zora brun montra les dents comme un animal et tira sur ses poignets pour se défaire de sa position, en vain.

"Réponds-moi ! ordonna de plus bel le prince vermeil. D'où viens-tu ?! Qu'est-ce que tu nous veux ?!"

Mais l'inconnu ne répondit toujours pas et cette fois-ci cracha au visage de son interlocuteur. Une vague d'indignations parcourut aussitôt l'escouade Zora et les soldats resserrèrent leur étreinte sur le prisonnier. Mais ce dernier, malgré la lance qui l'étouffait presque, se contenta de ricaner faiblement en voyant son interrogateur se relever violemment et s'éloigner pour me rejoindre, fulminant.

"Lilian il faut amener cet individu à ton père ! m'exclamai-je en prenant mon ami à part.

- C'est bien ce que je compte faire, cette enflure ne s'en sortira pas comme ça", gronda le jeune homme en s'essuyant le visage d'un revers de bras enragé.

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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 2.La Colère du Peuple OubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant