Chapitre 5

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Je sautai du dos de mon cheval avant même qu'il ne s'arrête lorsque nous arrivâmes à l'entrée du domaine. Le spectacle était surréaliste : le niveau du lac Zora, habituellement loin en dessous des infrastructures construites sur piliers, était quelques centimètres au dessus du parterre de telle sorte que les ponts et les courtines de pierre étaient devenus des pataugeoires, la place centrale (légèrement plus basse) un bassin dont on ne pouvait toucher le fond et la salle du trône, surélevée, épargnée par seulement quelques mètres. Certaines colonnes et mains courantes étaient fissurées, descellées ou emportées et le domaine était vide à l'exception de soldats Zoras et de bénévoles hyliens qui s'activaient comme ils pouvaient pour tenter de minimiser les dégâts.

"Raphaëlle !?"

Je tournai la tête à l'entente de mon prénom et vis alors non loin de moi, sur un des passages de la cité, un Zora vermeil qui avait cessé de travailler et qui m'observait.

"Lilian !!!"

Je courus malgré l'eau au niveau de mes chevilles qui me ralentissait pour rejoindre mon amant. Il me prit aussitôt dans ses bras et je restai ainsi un moment, rassurée. Il finit par me prendre par les épaules pour m'observer :

"Qu'est-ce que tu fais ici, c'est dangereux ! me sermonna-t-il, malgré la joie que je voyais pétiller dans ses iris dorées.

- Quand j'ai appris ce qu'il est arrivé, j'ai absolument voulu m'assurer que vous alliez bien, répondis-je avec détermination. Je suis tellement soulagée de savoir que tu n'as rien !

- J'ai en effet été épargné, mais beaucoup d'entre nous se sont blessés dans la cohue et plusieurs enfants ont manqué de se noyer, tempéra le prince Zora d'un ton grave et soucieux. Des flots ont brusquement et inexplicablement déferlés depuis les hauteurs avant même le lever du soleil, triplant le volume du lac sur lequel nous vivons et... voilà le résultat, conclut-t-il en me montrant le domaine, accablé. C'est surréaliste. Nous avons réussi à évacuer complètement et rapidement le domaine, mais qui sait combien de temps nous pourrons tenir ainsi, sans abri ni provisions...

- J'écrirai à mon père, nous pourrions répartir les familles dans d'autres villages, proposai-je aussitôt.

- Cela m'étonnerait que cela les enchante ou même qu'ils en soient capables, raisonna de manière pessimiste le jeune hyrulien. Ils ont déjà bien assez de problèmes de leur côté pour accueillir plus de population...

- Raphiiiii !"

Je vis s'approcher de nous un petit Zora de la même couleur que Lilian, m'arrivant à peine à la taille en faisant des grands signes enthousiastes.

"Naten ! s'énerva aussitôt Lilian en me dépassant pour s'interposer entre moi et le jeune garçon. Mère t'a demandé de rester avec le reste de la population, qu'est-ce que tu fais là ?! C'est dangereux !

- Je venais dire bonjour à Raphi ! se défendit le petit Zora obstiné. Et puis t'es pas mon père Lanlan !

- Je suis ton frère, c'est pareil ! Et puis Père serait d'accord avec moi, retourne au campement provisoire et n'en bouge plus !"

Naten effectua une moue mécontente. Culpabilisant de le voir ainsi, j'ouvris alors le rabat de ma sacoche et un petit être luminescent en jaillit aussitôt et atterrit dans l'eau peu profonde en faisant des bonds excités. Il se précipita rapidement vers le petit Zora qui éclata rapidement de rire, émerveillé et surpris.

"Je te présente Jam, dis-je alors en m'accroupissant devant le petit duo qui s'amusait déjà comme s'ils étaient amis de longue date. Tu peux jouer avec lui si tu retournes avec les autres le temps que je parle à ton grand frère.

- C-C'est... un Rumy ? bégaya Lilian, impressionné. Domestiqué ?!

- Je l'ai croisé sur ma route, il était blessé et ne pouvait plus se déplacer à cause de la grêle, expliquai-je en souriant devant la scène enfantine qui se déroulait sous mes yeux. Je l'ai soigné provisoirement et il semble s'être attaché à moi, je vais donc probablement le garder. 

- Et il s'appelle... Jam.

- Oui c'est une longue histoire, soupirai-je en me relevant.

- Je vais le ramener au campement et je vais le montrer au docteur, il le soignera bien et après on va faire la course !!! s'exclama l'enfant Zora en prenant la créature turquoise dans les bras, bien que cette dernière faisait presque sa taille debout.

- Si tu me promets de faire attention à lui", souriai-je alors même que l'enfant se détournait déjà en sautillant après m'avoir fait un petit signe de la main. Je lui répondis avec entrain avant de reprendre un air plus sérieux.

"Lilian, repris-je en me tournant vers mon ami après que le jeune prince se fut éloigné. Je viens de chez Impa qui m'a fait part d'une de ses théories comme quoi ce que nous vivons serait en réalité l'œuvre d'êtres aux pouvoirs surnaturels.

- Comment...? me répondit avec suspicion mon ami, les sourcils froncés.

- Il faut que tu me crois, elle a des indices ! insistai-je en le regardant dans les yeux. Tu l'as reconnu, ces cataclysmes sont trop surréalistes pour être naturels ! Nous devons enquêter sur ces gens, sur qui ils sont, où ils se trouvent et pourquoi ils font cela ! Si cette piste peut nous donner ne serait-ce qu'une infime chance d'arrêter tout ceci, je veux la saisir, ajoutai-je en voyant l'air dubitatif de mon interlocuteur.

- Raphaëlle ce... c'est invraisemblable ce que tu racontes... me fit remarquer le Zora, toujours aussi peu convaincu.

- J-Je le sais ! concédai-je en soupirant, frustrée de ne pas réussir à persuader mon ami. Mais j'ai le pressentiment que cette hypothèse est la bonne ! Il faut que nous cherchions !"

Avant que Lilian ne put protester, nous vîmes un garde Zora nous approcher d'un pas pressé.

"Vos Altesses, commença-t-il, la respiration saccadée. Un glissement de terrain dû à l'humidité à eu lieu près de la cascade de Sera et a emporté un avant-poste ! Heureusement il aurait été apparemment vide, mais la Reine Yona souhaite que le Prince Lilian et une équipe se rendent sur les lieux pour chercher d'éventuelles victimes.

- Quand tout cela finira-t-il...? se lamenta le Prince en se massant la tempe, abattu. C'est entendu, se reprit-il avec plus de stoïcisme. Je pars immédiatement vers l'Ouest avec Octavieh et sa demi-centurie. Rapporte mes paroles et mobilise les soldats concernés.

- Je viens avec vous Lilian !" m'exclamai-je aussitôt pendant que le Zora retournait sur ses pas en courant.

Le jeune prince, irrité par la situation stressante et mes théories nébuleuses auxquelles il ne comprenait rien, voulut immédiatement répliquer mais il se ravisa au dernier moment et soupira.

"Soit, concéda-t-il en haussant les épaules. Suis-moi, nous allons passer par le col et rejoindre les autres en cours de route."

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Aventures de Zelda Raphaëlle Hyrule : 2.La Colère du Peuple OubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant