L'opportunité

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La chambre de Jimin est comme un cocon.

Avant l'arrivée de Jungkook, il avait déjà choisi la plus petite des deux. Jimin ne se sent bien que dans les petites pièces.

Cette pièce, il laisse peu de monde y pénétrer. Parce que c'est son refuge. Parce que ce serait trop se révéler.

Jungkook respecte cela.

Taehyung, lui, s'en moque.

Il a choisi des couleurs tendres pour les murs : du gris souris et un vieux rose. Il y a peu de meubles mais un grand lit sur lequel il est étendu telle une étoile de mer. Il s'enfonce dans les draps en gaze de coton blanc et les nombreux coussins aux tissus de différentes textures mais tous vraiment très doux.

Taehyung s'est moqué une fois :

"Tu comptes nidifier ?" a-t-il ri.

Cela s'est fini en bataille de polochons.

Pour chevet, il a choisi une petite table ronde assez grande pour accueillir un globe lumineux, son téléphone et une pile de livres qui n'en finit jamais de grandir.

Au sol, sur le parquet de bois blond, s'étalent tapis et vêtements.

Jimin n'est pas très ordonné. Du moins, il ne l'est plus. Il a laissé cette partie de sa personnalité avec ses chaussons de danse, dans un coin poussiéreux.

Pas de miroir. Mais des dizaines de cartes postales, des cadres contenant les affiches de ses films préférés.

Non pas de miroir. Longtemps, regarder ce corps qui l'avait abandonné, qui avait divorcé de lui, lui a été insupportable.

Jimin se laisse porter par le silence de sa chambre et le néant visuel de son plafond. Aujourd'hui, il n'a plus l'impression qu'il va descendre sur lui jusqu'à l'étouffer. Le plafond, aujourd'hui, n'est plus qu'un plafond.

Jimin soupire, s'assoit, attrape le tube de crème hydratante sur son chevet. Le baume parfumé, qui s'écrase dans sa paume, le fait frissonner. Lorsqu'il l'étale délicatement, puis plus franchement, sur ses jambes, il ne fond pas en larmes. Ses jambes ne sont plus des jambes de danseur. Il s'est résigné.

Il se laisse de nouveau tomber sur son lit, bras écartés. Un souffle, presque un rire s'échappe de ses lèvres. Il se sent bien ; cela faisait longtemps.

A tâtons, il cherche son livre. Sa paume tapote la couette.

"Pat, pat, PAF !"

La couverture et la tranche sont encore lisses. Il soulève le bouquin et le porte à bout de bras. Ce livre l'intrigue aussi. Lorsqu'il tourne la première de couverture, le papier craque légèrement. Jimin aime ce son.

•°. *࿐

"À mon frère, Yoongi

Nous nous connaissons depuis sept ans à présent. La première fois que nous nous sommes rencontrés, j'étais affreusement intimidé. Alors je suis resté planté là, dans un coin de ton salon, au milieu de tous ces gens impressionnants. Puis tu es venu me parler et as essayé de me faire rire. Je me suis senti moins bizarre et ma présence à cette fête m'a parue moins saugrenue.

Je ne peux pas oublier ce moment. C'est un souvenir indélébile.

Tout droit débarqué de Gwangju, sans rien connaître ni personne, je me sentais seul. Tu es rapidement devenu indispensable à ma vie. Quand j'étais malade, tu étais là. Quand j'étais découragé ou triste, tu étais là. Quand j'étais fatigué et que le sort s'acharnait, tu m'as donné la force de me redresser et tu m'as poussé à être fier de moi. Lorsque j'ai dévalé les escaliers la tête la première, le jour où j'ai enfin signé un contrat, la première personne que j'ai vu à mon chevet, à l'hôpital, c'était toi.

Un tout nouveau chapitreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant