Chapitre 20: HUNTER

266 22 0
                                    

Je n'ai rien compris ! Tout allait bien, et d'un coup elle a vrillé. Son visage qui exprimait de la joie, c'est transformé. Son teint est devenu livide, elle a paniqué, ne semblant plus être avec moi, puis elle s'est écroulée. Heureusement, elle était déjà sur le lit, sinon elle serait tombée par terre. J'ai adoré sa façon taquine de me parler, même si sur le coup, je n'en menais pas large. Je la pensais sérieuse, lorsqu'elle disait vouloir dormir seule, sans moi. Puis elle a ri, un son si doux à mes oreilles...

Je me retrouve comme un con. Je l'appelle, prends son visage en coupe, voulant la faire revenir à elle. Je vais chercher un gant d'eau fraîche, que je lui applique sur le front. Elle bouge légèrement en grimaçant.

– Tu te sens bien ? Tu t'es évanouie.

– Je... Je suis désolée, chuchote-t-elle en évitant mon regard. Je devrais aller dans ma chambre.

– Qu'est-ce qui s'est passé, chaton ?

Elle secoue la tête, ne voulant pas me parler.

– Tu ne dormiras pas seule ! Tranchais-je.

– Je peux dormir avec Mila, propose-t-elle.

– Sérieusement ? Tu vas me repousser comme ça ?

– Je ne te repousse pas ! Expire-t-elle avec tristesse.

– Et tu fais quoi alors ?

– Je suis réaliste ! Me répond-elle en me tournant le dos.

– Comment ça réaliste ?

– Je ne serai jamais comme une de tes brebis !

– Je ne te demande pas de l'être ! M'offusquais-je.

– Laisse tomber ! Je suis fatiguée.

Elle ferme les yeux, mettant fin à la discussion. Il y a quelque chose que je ne saisis pas. Cette panique dans ses yeux, la tension dans son corps... Bordel de merde ! J'ai plaisanté en parlant de sexe, alors qu'elle s'est faite violée ! Je ne peux pas rester là, je dois m'éloigner avant de craquer et de tout casser. Quel con, putain ! Je n'ose même plus la toucher. Je ne sais plus ce que je veux. Est-ce que j'arriverai à lui donner ce dont elle a besoin ? À être assez patient ? Puisque je réalise que je dois être très, très patient si je veux qu'elle reste à mes côtés. Mais cette qualité ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je me lève pour marcher de long en large dans la pièce. Puis je finis par sortir. J'ai besoin d'air, de respirer...

Je reviens deux heures après, plus calme après m'être défoulé dans la salle de sport et avoir descendu quelques verres. J'ai beaucoup réfléchi et je n'aurais peut-être pas dû me lancer dans ce truc avec elle. Mais elle me fait craquer comme aucune avant elle. Une fois douché, je pénètre dans ma chambre, une serviette attachée autour de mes hanches. J'enfile un caleçon et un tee-shirt, sans prêter attention à la présence de Joe, qui doit s'être endormie sur mon lit. Pourtant, lorsque je veux m'allonger à ses côtés, elle n'est plus là. Elle s'est barrée ! Ni une, ni deux, je prends la direction de sa chambre. Elle doit faire la gueule dans son coin, comme toujours. Mais ça ne va pas se passer comme ça ! Je pénètre dans la pièce sombre, laissant la lumière du couloir éclairer son lit. Il est vide. Mais où est-elle ? Je m'apprête à sortir lorsque j'entends un reniflement. Je vais vers la source du bruit et tombe sur Joe, assise par terre, le dos appuyé au mur. Elle pleure, les yeux fermés, une telle tristesse figée sur ses traits. Je reçois un coup de poignard en plein cœur.

– Chaton, l'appelais-je, la faisant encore se raidir.

Je me baisse à sa hauteur pour la toucher, mais elle me pousse en arrière, sans que je m'y attende. Je me rattrape au dernier moment, mais je ne saisis pas sa réaction.

The shadows of the phoenix; tome 1: IdentitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant