Chapitre 11 : JOE

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Je reviens dans ma chambre dans un état de nerfs peu commun. Il me fait chier ce gars. Je ne sais pas comment il a fait pour devenir si froid, si méchant ! Je ne dois plus jamais l'embrasser, ni m'approcher de lui. Mes sentiments émergent de plus en plus. Je suis douée pour le cacher, mais je vais me brûler les ailes. Je suis déjà dans une merde noire. Quand j'ai fait ma commande à la pharmacie, j'avais demandé un test de grossesse. Heureusement, les gars ont récupéré la poche sans regarder dedans. Je l'ai caché en arrivant ici, je ne veux pas qu'ils le sachent. Je ne supporte pas d'avoir cette vie en moi. Comment pourrais-je élever ce gosse ? En sachant comment il a été conçu, ce n'est pas envisageable. Je dois aller à l'hôpital pour me faire avorter, c'est la seule solution. Mais comment le justifier ? Je suis prisonnière ici, ils me surveillent en permanence. Pourtant, je dois trouver une solution. Je n'aime pas ce que je m'apprête à faire, mais je dois absolument y aller par tous les moyens. D'abord, je dois téléphoner pour prendre un rendez-vous. Ensuite, je vais devoir me servir de Patty, même si ce n'est pas sympa, pour filer sans qu'ils ne me voient. Ici, téléphoner n'est pas possible, mais au bar, je pourrais demander à une cliente de me prêter son téléphone quand elle va aux toilettes. En espérant qu'elle ne dise rien ensuite...

Je suis mal dans ma tête, mal dans ma peau aussi. J'entends la porte de la chambre d'à côté claquer. Hunter est dans sa piaule. Mais ce qui m'agace, c'est le gloussement féminin qui se fait entendre . L'autre jour, après qu'il m'ait embrassé, il a baisé avec Bitch dans sa chambre, en faisant un bruit énorme. Elle criait comme une salope, le lit claquait contre le mur. Je me suis sentie humiliée. Pas que je m'attende à quoi que ce soit de sa part, mais il l'a fait exprès. Je garde l'oreille tendue, mais cette fois, pas de cris, pas de gémissements non plus. Je suis soulagée. Je suis en pleine réflexion sur la manière de réaliser mon plan, quand soudain, j'entends des bruits. Elle gémit fort, ses soupirs sont comme un fer chauffé à blanc. Se pourrait-il que je sois attiré par lui ? Je dois être maso, ma parole. Elle lui demande d'y aller plus fort, je reconnais la voix de Pipa. Je la déteste autant qu'elle me déteste. Un jour, je vais me la faire, c'est certain. Le lit tape contre le mur, boum, boum, boum. C'est régulier et à un rythme soutenu. Elle crie son nom, je deviens folle. Je me bouche les oreilles. Mais qu'est-ce que je fais là ? Si j'avais de l'argent, je pourrais partir d'ici. Mais je n'ai rien. Je n'ai même pas touché aux fringues achetées dans la boutique de Patty. Les poches sont dans un coin. Il m'a dit que j'étais comme les brebis, je ne le suis pas, alors, je ne prends rien de ce qu'il m'offre. Il n'y a que la robe offerte par la jeune femme que j'ai pendue dans le dressing. C'est un cadeau après tout. Je finis par me boucher les oreilles en me couchant en boule dans mon lit. Je ne sais plus quoi faire. Je crois que ma vie est foutue...

Trois soirs que nous nous sommes engueulés Hunter et moi. Je suis de plus en plus silencieuse. Je n'arrive plus à communiquer avec les autres. Même Bonnie et Patty s'inquiètent. Ce soir, je ne travaille pas. J'ai décidé de sortir le grand jeu. J'enfile la robe que Patty m'a offerte. J'ai perdu pas mal de poids, elle est un peu grande, mais me donne quand même un air sexy. Je remonte mes cheveux sur le haut de ma tête, les faisant tenir par une pince, puis je fais glisser quelques mèches autour de mon visage. Le résultat me plaît. Je ne me maquille pas, j'ai toujours eu un joli teint et puis, je n'ai pas de produits de beauté de toute façon. Même si mes cernes me donnent une mauvaise mine. Lorsque j'arrive dans le salon, Sly me regarde la bouche grande ouverte sans dire un mot. Je pense que ça doit être réussi. Je sors donc dans la cour qui sépare le bar de la maison. L'air est un peu frais, mais je n'ai pas long à marcher, avant de me retrouver dans la chaleur étouffante de mon lieu de travail. Je passe par-devant pour une fois. J'entends des clients qui fument leur clope me siffler. Je les ignore et pénètre dans l'établissement. Je sais que les regards convergent dans ma direction, mais je n'en ai rien à foutre. J'ai décidé de boire pour oublier.

The shadows of the phoenix; tome 1: IdentitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant