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Les premiers jours passèrent sans accroc. Astrid continuait à briquer la maison du maître et s'occupait religieusement des animaux de la ferme, particulièrement de sa favorite: la petite chèvre. Elle furetait dans le jardin à la recherche d'herbes médicinales lorsque l'occasion se présentait et ne manquait pas de transférer du bois pour alimenter le feu dans l'atre.

Le soir venu, elle se contentait d'une simple soupe et passait du temps à raccommoder les vêtements et le linge de maison qui en avaient besoin. Elle coupait, hachait, malaxait, compotait les plantes récoltées dans le jardin qu'elle glissait ensuite dans des petits ramequins, fermés par du tissus.

La vie d'autrefois avec maman lui manquait parfois. Tous ces onguents qu'elles fabriquaient Toutes les deux, parfumant la maison et soulageant les maux des uns et des autres... Comme tout semblait simple alors... Que penser de ce tournant incroyable qu'avait pris sa vie? Le meurtre de sa mère. La famine qui s'était installée. Le seigneur qui l'avait fait arrêter et avais tenté de ... Et puis ce coup du destin de tomber aux pieds de svein. Un viking aux allures impitoyables qui l'avait réduite en esclavage mais la traitait relativement bien.

Bien en fait.

Il s'assurait qu'elle mange à sa faim.

Il lui avait constitué un trousseau.

Il ne s'en prenait pas à elle.

Il exigeait d'elle une soumission respectueuse et rien d'autre... Là où d'autres maîtres auraient exigé son corps.

Astrid haussa les epaules et repris le broyage des ingrédients qu'elle avait réuni ces derniers jours. Elle plongea l'ensemble dans une casserole frémissante en remuant régulièrement jusqu'à ce que le tout compote.

Elle denicha une petite boîte qu'elle nettoya scrupuleusement et se préparait à ajouter de la graisse animale à sa préparation lorsqu'on toqua lourdement à la porte.

Le viking lui avait bien recommandé de ne pas ouvrir la porte mais que pouvait il arriver? Les hommes du village étaient presque tous partis en mer.
Ne restait que les vieillards, les femmes et les enfants, et quelques uns des blessés de la campagne précédente, où elle même avait été capturée. Devait elle ouvrir? Et si on avait besoin d'elle? La voix tonitruante du géant lui revint.

Elle retira la casserole du feu et la déposa sur une pierre avant de grimper à l'étage. Elle avait raccommodé toute une pile de linge dans la journée et l'un des coffre était vide. La pile était en bas, cela ne semblerait pas suspect si jamais... Était elle folle d'avoir envie de se cacher?

Elle ouvrit le coffre et s'y accroupi comme une enfant joue à cache-cache.

En rabattant le couvercle du coffre, elle jeta un drap en travers par dessus, comme si il avait été abandonné la par hasard et se tortilla, une fois le coffre refermé, pour faire passer du tissus au dessus d'elle pour se dissimuler si quelqu'un venait à ouvrir.

En prenant ces précautions, Astrid pensa qu'elle était folle, que personne n'entrerait dans le hof sans l'accord du maître, que personne ne s'en prendrait a elle car... Mais une petite voix lui soufflait qu'elle n'était qu'une esclave et que le géant était absent... Qui irait la croire...?

La porte trembla sur ses gonds lorsqu'une nouvelle salve de coups s'abattit sur la porte.

L'oreille tendue, la jeune femme priait, les yeux clos, par peur d'affronter un nouveau cauchemar.
La porte grinça. Quelqu'un était entré. Elle entendit des pas lourds traverser le hof. Et si c'était le maître? Que dirait il en la trouvant là, cachée comme une petite souris? Se moquerait-il d'elle? Dirait il qu'elle est une peureuse? La gronderait-il en ne la trouvant pas au travail?

Ce n'était pas le maitre.

Elle en était presque sure.

Une chaise fut trainée et deux voix masculines retentirent. Ils parlaient un dialecte inconnu que le maître parlait parfois, surtout avec les anciens. Ils se déplaçaient partout dans le hof. Ils ouvraient les placards, les buffets, puis elle entendit l'échelle grincer.

Elle pria.

L'homme passa devant le coffre sans y toucher et elle entendit quelque chose frapper le sol puis un craquement.

Une salve de grossieretés échappa à l'homme qui redescendit sans plus chercher et s'adressa à son compère. La porte claqua mais Astrid, effrayée, resta blottie au fond du coffre un long moment avant que le silence tenace la rassure.

Lorsqu'elle descendit, le feu était presqu'eteint. Elle barra la porte en poussant un meuble devant et fit le tour de la maison pour voir si quelque chose manquait. Que voulaient les hommes qui étaient entrés ici sans autorisation ? En avaient ils le droit? Aurait elle du les accueillir ? Et si c'était le maître qui les avait envoyés ? Peut être n'y avait il aucun mal?

Elle remit sa casserole sur le feu, la peur lui nouant encore le ventre, et se leva plusieurs fois pour aller écouter à la porte.

Après plusieurs allers retours, elle prit la lame que le maître avait laissé pour elle et la glissa dans sa manche, bien décidée à ne pas s'en défaire avant le retour du maître.

Elle reprit la préparation de son onguent, qu'elle fit réduire autant que possible dans la casserole puis le versa dans le ramequin qu'elle couvrit avant de se faufiler dehors, par la porte de derrière, pour aller le placer au frais dans la neige.

Quand reviendrait le maître? Quelle drôle d'idee d'aller en mer par un temps pareil... La jeune femme grimpa dans la chambre et se glissa dans le lit.

Alors que le sommeil l'emportait, au petit jour, une pensée fugace la traversa, en serrant cette lame dont elle s'était promis de ne pas la quitter avant le retour du geant: depuis quand dépendait elle d'un homme?

Elle

Série HISTORIQUE. Tome 1. Prisonnière Du VikingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant