J'étais allongée sur le ventre au milieu de mon lit, et pour la centième fois, je relisais mon cours de psychologie. D'habitude, j'avais l'habitude de dévorer mes livres et mes cours, mais ces derniers temps, les chapitres que j'apprenais n'étaient vraiment pas intéressants.
Il faut dire que je n'avais pas le choix, je devais les apprendre quand même.
La rentrée avait eu lieu hier, et déjà, on avait un tas de choses à retenir. C'était horriblement intense, mais je l'avais choisi.Au même moment, je reçus un appel de ma mère. Pour une fois, j'étais contente qu'elle m'appelle. Elle me sauvait de mes révisions. J'attrapai mon téléphone qui était posé sur ma table de nuit et décrochai l'appel. Directement, j'affichai un faux sourire sur mes lèvres.
— Allô, ma chérie, je suis contente que tu décroches. Comment tu vas ?
Pourquoi faisait-elle semblant, comme si tout se passait bien entre nous ? La relation que j'entretenais avec ma mère était glaciale. Cela ne venait pas d'elle, mais de moi. Moins j'étais près d'elle, mieux je me portais. Mon passé m'avait assez prouvé qu'être proche d'elle ne m'apporterait rien de bon.
— Salut, maman, ça va et toi ?
J'aurais tellement aimé avoir une bonne relation avec ma mère. Je me demandais tous les jours pourquoi elle n'avait jamais prêté attention à moi jusqu'à maintenant.
Je sais que tout le monde a droit à une deuxième chance, mais je ne pourrais pas supporter de souffrir encore une fois comme elle m'avait fait souffrir plus jeune.
Pourquoi n'avons-nous pas une relation mère-fille normale ?
Pourquoi ?— Je vais bien, ma puce, merci. Je voulais savoir comment se passaient tes cours et ton travail ?
Elle ne s'était jamais intéressée à ma vie. Pourquoi le ferait-elle maintenant ? J'avais vingt-six ans, il était un peu tard.
Je sais qu'on dit que "mieux vaut tard que jamais", mais peut-être que je suis trop fermée, pas assez indulgente envers elle.Qui sait ? Peut-être s'était-elle rendue compte du mal qu'elle avait causé.
— Eh bien, j'adore toujours ce que je fais, les cours ont recommencé hier.
Pendant les vacances d'été, je ne suis allée la voir qu'une seule fois. Comme je le disais, plus je restais loin d'elle, mieux je me portais. Il était hors de question de passer toutes mes vacances avec elle. Même si elle faisait des efforts ces derniers temps, je ne pouvais pas faire ça. C'était trop dur pour moi.
Côté études, j'avais droit aux bourses, et en parallèle, je travaillais depuis un an dans un cabinet de psychiatrie. Je gagnais un peu d'argent, ce qui soulageait ma colocataire. On s'entraidait.
— Je suis vraiment heureuse pour toi que tu aies trouvé ta voie, Hope. Tu mérites tellement avec le travail que tu fournis.
La voix de ma mère devenait moins forte, comme si elle était en train de repenser à quelque chose ou qu'elle s'en voulait.
Au fond de moi, j'étais peut-être un peu sadique, mais j'espérais qu'elle ressentait le mal qu'elle m'avait fait.Même si j'étais très fermée à l'idée d'entretenir une relation avec elle, les efforts qu'elle faisait pour reprendre contact avec moi me faisaient quand même chaud au cœur. J'essayais de ne pas trop m'attacher. On ne savait jamais ce qui pouvait se passer.
— Merci, maman. Je suis faite pour ça, je te l'ai toujours dit.
Pendant bien une minute, ma mère ne dit plus rien après ma réponse, comme si quelque chose venait de la frapper de plein fouet.
Je me demandais à quoi elle était en train de penser. Est-ce qu'elle m'aurait vue dans un autre métier ?
Me connaissait-elle vraiment ?Moi-même, je ne savais pas qui elle était. Alors comment pouvait-elle savoir qui était sa propre fille ? Finalement, on ne se connaissait pas.
— C'est à cause de lui que tu veux faire ce métier, c'est ça ?
La voix de ma mère se brisa, et le bras qui tenait mon téléphone s'immobilisa en entendant ce qu'elle venait de dire.
Pour la toute première fois depuis longtemps, elle l'évoquait lui. Elle n'avait pas besoin de dire son nom, on savait très bien de qui elle parlait, toutes les deux.Je suis sûre que si elle ne l'avait jamais rencontré, notre relation serait bien différente.
Avec ce que ma mère venait de dire, elle m'avait prise au dépourvu. Je ne savais pas quoi répondre.— Oui, je ne veux... pas... je ne veux pas que d'autres personnes souffrent en silence comme moi.
Au bout du fil, j'entendis ma mère éclater en sanglots. Ça me déchirait le cœur de la savoir dans cet état, mais moi-même, j'avais subi des années de souffrances intenses à cause de lui.
Il s'écoula plusieurs minutes avant que ma mère ne reprenne la parole. Du dos de ma main, j'essuyais une larme qui roulait sur ma joue.
— Je suis désolée, j'aurais dû intervenir, j'aurais dû faire quelque chose. Si j'avais vu ce qu'il te faisait, on serait parties...
À présent, c'était à mon tour d'éclater en sanglots. Je ne savais pas si je devais la croire... Pendant que je subissais les atrocités de ce monstre, elle se droguait et se soulait.
Je savais qu'elle n'était pas au courant de ce qu'il faisait, mais c'était quand même de sa faute.
Elle m'avait laissée seule avec un inconnu pendant qu'elle était inconsciente. Je n'étais qu'une enfant. Cet enfer avait duré de mes onze à mes seize ans.Le dernier soir avait été le pire...
Son visage...
— Je sais que tu m'en veux et je te comprends. J'ai fait n'importe quoi, mais je veux me rattraper. Je ne suis pas lui, Hope. Je t'aime, tu es ma fille.
Il était rare que j'entende ma mère me dire je t'aime. Petite, je lui disais tout le temps, mais maintenant, je n'y pensais même plus.
Bien sûr que je l'aimais, mais c'était trop dur. Je ne pouvais pas... J'avais comme un blocage envers elle. Il me fallait du temps.— Je sais que tu n'es pas lui... Je... Je... Merci, maman.
Je n'arrivais pas à lui répondre autre chose. C'était impossible. Et ma mère avait dû s'en rendre compte, car elle reprit la conversation.
— Merci de m'avoir répondu, ma puce. Passe une bonne journée, essaie de m'appeler quand tu auras le temps.
— Je vais essayer. Passe une bonne journée toi aussi.
Ma mère raccrocha, et je n'avais nullement envie de reprendre mes révisions. J'étais déboussolée. Complètement déboussolée...
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Psycho desires
RandomHope Moore psychiatre en devenir va avoir comme tout premier patient un prisonnier, qui n'est autre qu'Hélio Ryder, trafiquant à la tête d'un réseaux de drogue à été piégé et envoyé en prison. Tout cela n'était pas prévu pour Hope mais ce dernier re...