Nama El Fassi

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Mercredi. J'ai préféré ne pas écouter papa qui m'a demandé de rester à la maison pendant quelques jours. Je suis actuellement dans le bus pour aller au travail. Maman a aussi essayé de me garder à la maison mais je ne voulais pas. Je voulais faire quelque chose pour ne plus penser à tout ça. Quoi de mieux que de travailler ?

Quand j'arrive, tous les regards se portent sur moi. Des regards à la fois inquiets et choqués. Je n'y prête pas attention et je me dirige vers l'ascenseur. Clara, la secrétaire du patron entre avant la fermeture des portes.

— Jenaiah, stai bene ? Demande-t-elle en se tournant vers moi. (Est-ce que ça va)

Sí, répondis-je. Pourquoi ?

— Eh bien, nous avons appris que tu avais été kidnappée...

— Quoi ? Comment ? Qui vous l'a dit ?

— Euh, comme tu n'étais pas venue au travail, le patron a demandé à ce que l'on appelle ton domicile. Ta mère a répondu et nous a tout expliqué.

Ça explique leurs regards sur moi. Je me tourne vers Clara et je la regarde dans les yeux.

Non ti preoccupare. Je vais bien. (Ne t'en fais pas)

L'ascenseur s'ouvre à mon étage et je lui souris avant de sortir.

J'ai rencontré Clara quand j'étais à l'université. Nous sommes devenues amies, mais nous n'étions pas si proches que ça. Et c'est pareil aujourd'hui.

J'arrive dans l'open space des développeurs et je m'assois rapidement à mon bureau. Comme d'habitude, je suis arrivée la première. Ayant laissé un travail en suspens le vendredi, je me remets tout de suite au travail.

—————

— Jenaiah Mancini du service de développement de Buona Tecno, que puis-je faire pour vous ? Demandai-je en répondant au téléphone fixe de mon bureau.

— Mademoiselle Mancini, dans mon bureau, dit-il au bout du fil.

C'est la voix de mon patron, Nama El Fassi. Il a hérité de cette entreprise après la mort de son Grand-père, Anir El Fassi. Je ne l'ai jamais vraiment rencontré. Je l'ai juste croisé une ou deux fois dans le hall, et lors des réunions mensuelles. Je sais que son père est Algérien, et sa mère Sud Africaine. Mais il n'est pas métisse. Il a la même couleur de peau que sa mère.

— J'arrive, monsieur, dis-je.

Je me lève et me dirige vers l'ascenseur. Je vais au dernier étage. Quand l'ascenseur s'ouvre, je vois une grande porte double en bois peinte en noir. Elle est à quelques pas devant moi. Je regarde à ma gauche et je vois Clara, assise derrière un bureau. Elle lève la tête et est surprise en me voyant.

— Monsieur El Fassi a demandé à me voir, dis-je.

— Ah bon ?

Je hoche la tête. Elle prend son téléphone fix et l'appelle. Elle ne dit même pas un mot qu'elle repose le téléphone.

— Tu peux entrer.

Je me dirige vers la porte et toque avant de l'ouvrir. Je la referme après être entrée.

Monsieur El Fassi est assis sur sa chaise, tourné vers la grande baie vitrée en face de moi.

— Asseyez-vous, dit-il sans se retourner.

Je m'assois sur l'un des fauteuils — c'est trop confortable pour être une chaise — en face de son bureau.

— Vous avez été absente pendant deux jours sans aucunes justification, dit-il.

— Oui, dis-je. En fait je-

— D'après votre mère, vous auriez été kidnappée, me coupe-t-il. Cela me semble louche alors je voulais vous poser une question.

Il se retourne finalement et me fixe droit dans les yeux.

— Qui était-ce ? Demande-t-il.

— Je ne sais pas, répondis-je calmement.

Il se lève et vient s'assoir sur le bureau, juste devant moi.

— N'essayez pas de faire la maline. Dites-moi ce que je veux savoir.

— Je viens de vous dire que je ne sais pas.

Je garde mon calme. La situation ne m'effraie pas. En fait, c'est plus étrange qu'autre chose.

— Mademoiselle Mancini, savez-vous au moins pourquoi je vous pose cette question ?

Je secoue la tête pour dire non.

— Bien. La façon dont vous avez été enlevée me fait penser à la cosa nostra. Ils enlèvent souvent les proches d'une personne qui leur doit quelque chose pour leur mettre la pression. Ou alors c'est pour leur trafic d'êtres humains. Mais jamais ils n'ont libéré leur prisonniers. Voilà pourquoi votre cas m'intrigue.

— Comment savez-vous cela ?

— J'ai déjà eu affaire à eux. Mais ce n'est pas l'important. Était-ce eux ?

— Je ne sais pas.

Il se lève, sort son téléphone et appel quelqu'un. Je l'entends ensuite dire les mots suivants : "elle ne répond pas. J'en étais sûr"

Mais qu'est-ce qui se passe à la fin ?

Il raccroche puis se tourne de nouveau vers moi.

— Vous pouvez partir. Mais je n'en ai pas fini avec vous.

Je me lève sans dire une mot et pars. Mais qu'est-ce qui vient de se passer ?

—————

Je suis allongée sur mon lit, épuisée par cette journée. Je regarde le plafond, pensant à ma mère Sara. Elle me manque parfois. Penser à elle me fait penser à son assassin. C'est alors qu'une idée me vient en tête.

Pour pouvoir me venger, il faut que je sache où il est. La cosa nostra a forcément un réseau informatique, et je suis sûre qu'ils peuvent retrouver quelqu'un ! Mais comment faire ? Je ne peux pas en parler à Norman ou à mon père parce qu'ils ne me laisseraient pas faire. Mais je peux demander à Gabriele ! Il faut juste que j'arrive à prendre son numéro dans le téléphone de Norman.

Il est vingt heures. Norman s'endort toujours vers vingt-trois heures, son téléphone sur la table de chevet. Quand il dort, la seule chose qui peut le réveiller, c'est le bruit. Alors je ne dois faire aucun bruit.

—————

C'est le moment. Il est vingt-trois heures quarante-cinq. J'ai un peu trop dormi.

Je sors doucement de ma chambre en faisant attention lorsque j'ouvre la porte. Je marche sur la pointe des pieds jusqu'à la chambre de Norman. J'ouvre la porte en faisant encore plus attention. Il dort. Son téléphone est sur la table de chevet à gauche de son lit. Le mot de passe, c'est ma date de naissance. Dix-huit zéro deux quatre-vingt-seize. C'est déverrouillé. Je cherche vite Gabriele dans ses contacts. Trouvé ! J'enregistre le numéro dans mon téléphone, et je pose celui de Norman avant de sortir aussi furtivement que je suis entrée.

Jenaiah - Devenue une Mafiosa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant