Chapitre 5 : L'accident

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     La mention de l'antenne ramène immédiatement Jordan à la réalité. Il semble un peu confus et mal à l'aise face à son retard. Il ne voulait pas s'expliquer en détail au téléphone, premièrement parce que la télévision n'a pas à le savoir et deuxièmement car il est déjà bien assez en retard comme ça.

- Je suis vraiment désolé, j'ai été confronté à un problème personnel. Est-ce que ce n'est vraiment pas possible de décaler à cette après midi ?

"Been... C'est-à-dire que Gabriel Attal est déjà là, et on peut difficilement lui trouver un autre moment avec son emploi du temps de Premier Ministre. En plus le plateau est prêt... ça me paraît compliquer là."

     La mention de Gabriel Attal semble le faire changer drastiquement d'humeur, bien qu'il soit toujours agité par sa situation. Après un instant d'hésitation il finit par répondre :

-Oui, logique... eh bien, je suppose que je peux me préparer en vitesse. J'y serais, donnez moi juste un peu de temps, et rallongez les publicités si besoin est. Normalement j'arriverais avant l'heure.

"Entendu. Nous vous attendons."

     Il s'empresse de raccrocher et s'habille à toute vitesse. Il enchaîne avec un brossage de dents intensif et sa coiffure habituelle. Il laisse la vaisselle du petit déjeuner en plan, évidemment, et enfile chaussures et veste dans son élan. Il en oublierai presque de fermer la porte à clé derrière lui. Il marche vite en direction de sa voiture et prend la route vers le studio.

     Il arrive en présentant à nouveau ses excuses sans pour autant s'étaler sur la raison. Le présentateur l'accueille chaleureusement, heureux de constater qu'ils ne devaient pas annuler l'émission. Il rit nerveusement alors qu'on l'installe en retouche maquillage, à côté de son collègue Attal.

- Bonjour, bonjour... Désolé, j'ai eu un souci de dernière minute. Mais je suis arrivé à temps, heureusement. Je m'en serais voulu d'avoir ruiné votre matinée.

     Gabriel Attal ne le salue que brièvement, il dit qu'il s'en fiche et que cela ne le regarde en rien tant qu'il s'applique pour être à l'heure. Au début, Jordan pensait que Gabriel était encore fâché comme la veille et que c'était là la raison de sa froideur digne de Sibérie, mais en prêtant un peu plus attention aux détails il remarque qu'il est comme ça avec tout le monde. Comme éteint, il ne semble vraiment pas dans son assiette. Malgré les nombreuses retouches maquillage, on avait du mal à masquer ses cernes violettes. Il suppose que le Premier Ministre a ses propres soucis et responsabilités en tête. Il essaye de relancer la conversation.

- Vous n'avez vraiment pas l'air bien, Gabriel Attal...

- Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, en effet. Répondit il l'air effectivement fatigué.

     Jordan hésite un instant, il voulait insister sur la raison mais il avait peur que Gabriel le prenne encore mal...

- Une raison particulière, ou ?... 

    Il se coupe lui même au milieu de sa phrase, comprenant avec le regard assassin que lui adressait Gabriel Attal qu'il s'agissait encore de son fait. En voyant qu'il à l'air furieux il comprend que finir cette question reviendrait à refaire la même erreur qui lui était reprochée : nier ce qui mettait Gabriel dans cet état. Evidemment il voulais simplement s'assurer qu'il ne s'était rien passé chez lui qui pourrait rajouter un quelconque mal-être au Premier Ministre. Seulement, voilà, quand bien même ça serait le cas, Jordan n'était personne pour le lui demander si impunément. De la même manière qu'il n'avait pas expliqué la raison de son retard aux personnes qu'il jugeait non-concernées. Ce regard pour seule réponse signifiait clairement "Ne me parlez pas comme si nous étions proches, ou comme si vous en ignoriez la raison." Il décide d'en faire abstraction dans un soupire, essayant de se remettre dans l'ambiance pour le débat. Ses espoirs de trouver un instant pour lui parler en loge s'amenuisent. 

Entre débats & ébats (Gabriel Attal x Jordan Bardella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant