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Noah paniquait. Il n'avait aucune visibilité dans la pièce et frappait violemment la porte depuis cinq bonnes minutes, criant de toute sa force pour que quelqu'un vienne lui ouvrir. Seul le résonnement solitaire de son propre écho lui répondit. Il était inutile de lutter, mais il ne pouvait se résigner à arrêter. Que ce soit cette porte qui refusait de s'ouvrir ou ces hommes qui refusaient de lui répondre, Noah avait toujours eu une phobie atroce de l'inaction. Rester assis sans rien faire et attendre qu'on vienne s'occuper de son cas n'était pas une option envisageable. Donc, même si cela faisait maintenant plus de vingt minutes qu'il s'égosillait devant un mur d'ignorance, il ne pouvait que continuer et persister, même si cela commençait à l'étouffer et que l'air devenait rare.

Soudain, un bruit se fit entendre. Encouragé par l'espoir que tous ses efforts aient fini par payer, Noah ignora pendant quelques instants que le bruit ne semblait pas venir de devant lui ou du couloir où il se trouvait presque une heure plus tôt, mais bien de derrière lui, dans cette pièce. Il se figea, bien que cela ne soit d'aucune utilité. S'il y avait bien quelque chose ici avec lui, alors il n'avait aucune chance.


Les minutes s'écoulèrent avec une lenteur inhabituelle. Noah essayait de contrôler sa respiration, mais il n'arrivait pas à calmer les battements de son cœur, qui résonnaient jusque dans ses tempes alors même qu'il tentait de percevoir le moindre bruit. Aucun son ne lui semblait provenir particulièrement de la pièce. Pourtant, quelque chose n'allait pas. Un élément que Noah n'avait pas su identifier tout de suite le maintenait en alerte : l'odeur du sang. Il était évident qu'il s'était passé quelque chose ici. Et il ne comptait pas rester suffisamment longtemps pour découvrir de quoi il s'agissait.

Il avait tenté de défoncer la porte, sans succès. Forcer la serrure n'était pas non plus une option. Peut-être qu'on n'allait pas le laisser là indéfiniment ? Peut-être finirait-on par venir le chercher pour l'emmener ailleurs ? Il pourrait alors profiter de ce moment pour s'échapper. Mmmh, oui. C'était un plan truffé de failles, mais c'était déjà ça. Maintenant, plus urgent encore, identifier la source du bruit. Ou tout du moins, découvrir si cette source était un allié ou un ennemi.

Cela dit, Noah n'avait aucune envie de se risquer à marcher à l'aveugle dans une pièce où un potentiel danger pouvait le guetter. Quoi qu'en y réfléchissant bien, il n'était pas non plus conseillé de rester trop longtemps au même endroit. Même si la plupart des sources dans lesquelles il tenait cette certitude provenaient de films d'horreur et de zombies, elles n'en étaient pas moins valables.



Son mal de tête n'était plus qu'une douleur sourde qui martelait le fond de son crâne. Il prit l'initiative de faire un premier pas en avant, puis un deuxième, avançant en gardant un contact continu avec le mur. Pas question de perdre ce point de repère qui lui permettrait de fuir à tout moment si le danger se manifestait effectivement. Enfin bon, pas sûr qu'il y ait réellement une possibilité de fuite dans une pièce fermée et plongée dans la pénombre. Or, la pièce n'était peut-être pas si sombre qu'il le pensait. Malgré cette impression d'être sous terre d'au moins quelques mètres, une lumière semblait s'insinuer par ce qui ressemblait fortement aux stores d'une fenêtre. Voilà sa clé de sortie !

Poussé par un élan de frénésie suite à cette découverte, il se dirigea à la hâte dans cette direction, lâchant son seul point d'appui. Mais alors qu'il ne lui restait qu'un ou deux mètres à faire avant de pouvoir atteindre la fenêtre, une main puissante vint saisir ses épaules et le projeter au sol. Il y avait donc bien quelqu'un !

Aucune chance de riposter, ni même de se relever, son assaillant était déjà sur lui. Noah s'apprêtait à prendre un coup ou à sentir une douleur lancinante se contracter dans son corps, mais l'inconnu s'accrochait à ses vêtements avec une telle force qu'il en sentait les tissus craquer. L'homme lui arracha sa veste avant d'en faire de même avec son T-shirt. Noah remarqua alors que la personne face à lui avait une respiration anormalement forte. Pour être franc, l'homme n'avait rien d'un assaillant ; il était physiquement plus petit que Noah et semblait vraiment jeune, les traits de son visage pas tout à fait affirmés laissant penser qu'il était adolescent, peut-être lycéen. Son apparence dénudée et paniquée ne laissait pas entrevoir la moindre envie de violence, mais plutôt une pure panique. Noah leva les mains en l'air en signe d'innocence, ses yeux s'étant suffisamment accoutumés à l'obscurité pour distinguer les éléments de la pièce.

— Hé ! Calme-toi ! Je suis de ton côté !

L'adolescent se figea un instant, laissant le temps à Noah de le repousser gentiment pour mieux l'examiner. Le garçon était trempé de sueur, son regard se perdait dans l'espace et sa respiration ne montrait aucun signe d'apaisement. Noah remarqua alors de nombreuses traces de griffures sur son corps ainsi que quelques contusions ici et là et de nombreuses traces de sang séché.

— Merde... Mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? demanda-t-il, choqué.

Le jeune garçon ne répondit pas. Au lieu de ça, il posa ses yeux verts vitreux sur lui, haletant. Noah sentit la chaleur que dégageait son corps en le maintenant par l'avant-bras. Inquiet, il posa sa main contre le front du jeune homme, qui gémit à ce contact. Noah retira aussitôt sa main, en partie à cause du gémissement et de la peur de lui avoir fait mal, mais pas seulement.

— Tu es brûlant de fièvre.

Noah se dirigea vers la porte, contourna le lit et frappa de nouveau contre la surface froide.

— Hhhhhéééééé ! Il y a un malade ici ! Il a de la fièvre ! Si ça continue, il pourrait ne pas passer la nuit ! Vous avez besoin de nous en vie, merde ! HHHHééééé !

Comme la première fois, aucune réponse ne lui parvint. C'est avec un mélange de dégoût, de rage et de dépit qu'il lança avec grande détresse :

— Vous ne pouvez pas nous traiter comme ça ! Putain !

Il donna un coup de pied puissant dans la porte, qui ne bougea certes pas d'un poil, mais qui créa au moins un sacré écho. Chose dont il aurait pu être fier s'il ne se pliait pas de douleur suite à son acte irréfléchi. Son attention fut captée par le garçon qui s'était entre-temps levé et venait s'agripper à son épaule.

— ...Aide... moi...

Noah le regarda avec une expression peinée.

— J'essaye, mais je ne peux pas si eux ne viennent pas t'apporter de médicaments.

Le jeune homme ne semblait pas l'entendre et le pressa dans ses bras avec force.

— ...Aide... moi...

— Je veux vraiment t'aider, mais—Aïe ! Attends, lâche-moi. Tu me fais mal ! dit-il en tentant de repousser l'inconnu.

Le garçon ne lâchait pourtant pas sa prise, loin de là. Il resserrait son étreinte de plus en plus fort et Noah se sentit suffoquer. Comment pouvait-il avoir autant de force dans son état ? Noah ne ménagea pas ses efforts pour se libérer de cette étreinte étouffante, mais le jeune homme recula soudainement de quelques centimètres afin de lui faire face, yeux dans les yeux.

— AIDE-MOI ! rugit-il d'une voix tétanisante.

Not an Omega (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant