22

25 4 0
                                    




Le visage de la jeune femme passa d'un rose aux joues à un blanc cristallin en une seconde. Elle fixait la fleur avec une réelle terreur, incapable de se résoudre à la toucher.

— C-cette fleur... vaut deux millions de... dollars... Elle fait partie des plus rares... de toutes...

Ses yeux passèrent de l'objet de ses craintes à Noah, emplis de détresse.

— J-je... pouvez-vous me l'enlever ? Je... je ne veux pas d'un objet aussi précieux... sur moi.

Noah se précipita pour la retirer, mais fut stoppé dans son geste par les plaintes de panique que l'inconnue lui lançait.

— Doucement... doucement ! répéta-t-elle.

Noah retira la fleur avec une grande dextérité malgré la tension qui montait en lui depuis qu'il avait appris la valeur de cet accessoire. Il fit de son mieux pour ne pas imaginer le prix du costume qu'il portait, au risque de vouloir l'enlever immédiatement ou de s'enrouler dans du papier bulle. Il prit la fleur avec une certaine répulsion et fut affligé de constater qu'elle avait subi quelques légers dégâts.

Deux millions.

— Je vous prie de m'excuser. Je ne savais pas ce que je faisais. Je n'avais aucune idée de l'importance de cette fleur.

L'expression de la jeune femme devint à la fois sceptique et contrariée. Comment pouvait-il ne pas connaître la valeur de ce qu'il portait ? Et comment pouvait-il traiter un objet aussi précieux avec autant d'insouciance ? Ses a priori sur les gens de la haute société étaient déjà bien ancrés, mais y être confrontée directement était une tout autre expérience. Pourtant, son jugement bascula lorsqu'elle vit l'expression paniquée de Noah, tenant la fleur du bout des doigts, visiblement désespéré. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, puis tilta.

— Cette fleur... c'est la même que celle que porte M. Aronson ce soir.

Son visage surpris se transforma en une expression de pur professionnalisme, accompagné d'un sourire intéressé.

— Alors... vous êtes d'une famille concurrente ? Ou bien vous cherchez à vous démarquer pour attirer l'attention de M. Aronson ? Oh ! Vous devez être le fameux fiancé !

— Pardon ?

— Oui, c'est évident, non ? Vous êtes ici pour officialiser votre relation. Quoi de plus symbolique qu'une fleur assortie pour témoigner de votre engagement mutuel ?

— Doucement, s'il vous plaît, calmez-vous. Je ne suis pas son amant ! Ni son fiancé !

L'expression de la jeune femme laissait clairement entendre qu'elle doutait de ses paroles.

— Pourtant... il semblerait que je ne sois pas la seule à le penser.

— Quoi ?

Son regard se porta au-delà de l'épaule de Noah. Lorsqu'il se retourna, il constata que plusieurs personnes suivaient attentivement leur conversation, une vague d'hostilité se faisant sentir à son égard.

— Pourquoi ? se demanda-t-il, plus pour lui-même que pour obtenir une réponse.

— Probablement à cause de la fleur, répondit la jeune femme.

Noah poussa un soupir d'exaspération.

— Écoutez, Aronson est mon patron. Je suis son assistant. Et la seule raison pour laquelle je porte cette fleur est qu'il m'a ordonné de le faire. Ça, et tout ce que je porte ce soir.

La jeune femme jeta un rapide coup d'œil à son costume, pâlissant légèrement avant de reprendre contenance.

— Et cette fleur, continua-t-il en la désignant, est probablement destinée à permettre aux partenaires potentiels de m'identifier comme son représentant et de s'adresser à moi plutôt qu'à lui.

La jeune femme resta silencieuse.

— Comme vous le savez, M... M. Aronson est un homme qui a de nombreuses qualités, mais il est malheureusement difficile à approcher (dû à ses phéromones). Je suis là pour ça.

Elle ne répondit toujours pas, son regard fixé à nouveau au-delà de son épaule. Cette fois-ci, Noah sentit également une présence juste derrière lui.

— Et pourtant, tu n'es même pas là pour remplir ton rôle.

Noah tressaillit légèrement avant de se retourner pour se retrouver face à face avec l'homme dont tout le monde parlait : Aronson en personne.

— J-j'ai pensé... que vous auriez besoin d'un peu d'espace, tenta-t-il vainement d'expliquer.

L'homme sourit en réponse.

— J'ai dû mal exprimer mes besoins, dans ce cas. Mais c'est vrai que je dois être difficile à comprendre, tout comme je suis difficile à approcher, n'est-ce pas ?

Noah resta silencieux. À ce stade, toute réponse risquait d'être mal interprétée.

L'attention d'Aronson se porta sur la jeune femme avec qui Noah avait discuté.

— Mademoiselle Spencer, je sais que vous êtes passionnée, mais si vous avez des questions, veuillez prendre rendez-vous la prochaine fois.

La jeune femme sourit poliment.

— Je suis navrée, c'est une déformation professionnelle.

Aronson prit un air faussement désolé.

— Faites-nous plaisir à tous les deux et ne prétendez pas que vous n'êtes pas en mode affaires.

La jeune femme élargit volontairement son sourire avant de répondre avec politesse.

— Bonne soirée, Monsieur Aronson.

L'homme fit demi-tour, suivi d'un Noah encore abasourdi.

— De toutes les personnes présentes à cette soirée, tu choisis la seule journaliste ?

Noah écarquilla les yeux. Il tourna la tête vers la jeune femme brune, qui lui adressa un sourire aimable.

Elle est journaliste ?

Alors que Noah continuait de la fixer, Aronson perdit patience et lui ordonna d'un ton bas mais tranchant :

— Ne la regarde pas. Continue de marcher.

Les deux hommes traversèrent la pièce, l'un avec détermination, l'autre avec résignation. Mais alors que l'on aurait pu croire que la soirée avait déjà réservé son lot de surprises, un nouvel événement vint tout faire basculer.

Une aura menaçante régnait sur la salle. Personne n'osait bouger tandis qu'Aronson entrait dans une rage que nul n'aurait pu arrêter.

— Des phéromones... d'Oméga...

Noah, bien qu'immunisé contre les phéromones de son supérieur, resta lui aussi paralysé en voyant les transformations physiques qui s'opéraient chez Aronson.

Crocs. Yeux jaunes. Bestial.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 12 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Not an Omega (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant