Milo
Mes bras lâchent, faisant tomber par la même occasion tout ce qu'ils tenaient. Le bruit que cela fait retourne les trois seules personnes présentes en ces lieux, à mon plus grand désarroi. J'entends Christophe râler mais rien n'est compréhensible, mon cerveau n'arrive pas à assimiler un seul mot qui puisse sortir des bouches de ceux qui m'entourent. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds, que le monde s'arrête de tourner, ou alors qu'il le fait deux fois plus vite, je n'arrive pas trop à savoir actuellement. J'essaye tout de même de reprendre un peu de contenance et quand je croise celui qui est à l'origine de tout ça je crois ne jamais détester autant une personne qu'à ce moment même. Je ne suis pas du genre à avoir des ennemis ou à garder de la rancœur auprès de quelqu'un, pourtant je n'arrive pas à ressentir autre chose que de la haine à son égard. Je sais que les masters de cette école sont prisés, notamment par ceux qui y sont déjà pour leur licence, et je savais également que plus d'un demanderait une place. Toutefois, j'espérais que personne ne veule cette bourse qui te donne sur un plateau d'argent cette fameuse place. Du moins, pas de quelqu'un qui se fait remarquer avec un 13 dans un des cours les plus sévères niveau notes.
J'ai la gorge sèche, alors j'essaye de faire comme si de rien n'était, comme si tout allait bien, en revenant à mon poste. Toutefois, l'envie de tout jeter par la fenêtre, si seulement j'en avais la force, me démange. Je peine à tenir debout ou encore à penser de manière claire. J'essaye de dicter à mon cerveau d'oublier pendant au moins un instant. Si seulement Cédric était là, mais il a fallu qu'il soit absent le seul jour où j'en ai vraiment besoin, ce qui fait que je ne peux pas quitter mon job même pour une seconde. Je fais comme si tout ceci n'était qu'un cauchemar mais même une fois partie, je le revois assis sur sa banquette à dire et à redire la même chose. Je tente de tourner ces phrases dans différents sens, cependant la vérité me revient toujours en pleine tête. Je m'efforce aussi à me dire que cette note incroyable n'était due qu'à la chance et que dans les autres matières il était loin d'être merveilleux et c'est avec cette idée, à laquelle je ne crois pas complètement, que je tiens jusqu'à 19 heures. J'ai été distrait toute la journée, mais au moins j'ai réussi à tenir.
Je mets un temps fou à rentrer chez moi, je crois que le trajet n'a jamais été aussi long. C'est comme si le monde était flou, je sais qu'il ne faut pas me laisser abattre, que c'est la vie. Il faut tout simplement que je redouble d'effort, tout en trouvant un moyen de découvrir son niveau, pour ainsi le battre. Avant ça, la possibilité que je sois le seul à demander cette bourse était une évidence, cependant je crois que c'était surtout le déni. Bien sûr que je ne vais pas être le seul à la demander. Tous les premiers de la classe partent dans d'autres universités ou ne font pas de demande pour le même master que moi. Parce que oui, je me suis renseigné, je sais que je ne suis pas le premier, mais je savais aussi avant que je n'avais pas de réel concurrent.
En rentrant je retrouve ma mère sur la table de la cuisine et j'essaye de me forcer à ne pas paraître contrarié. Je viens l'embrasser avant de me diriger dans ma chambre, il faut que je travaille. Les partiels arrivent à grands pas et je ne peux pas délaisser ne serai ce qu'une seule matière. Je veux éviter la crise d'angoisse de monter quand je me rends compte de tout ce que j'ai à faire. Je regarde les manuels que j'ai emprunté à la bibliothèque, mes cours, ma dissertation et je sais que je me fais du mal à tout épier ainsi. Je sais que plus je vérifie ce que j'ai à faire, plus l'angoisse monte, mais je ne vais pas me laisser submerger et craquer, pas maintenant. Alors je sors ce qu'il faut pour mon premier examen sur table et je m'y mets.
J'entends toquer, une seconde plus tard ma mère passe sa tête par la porte.
- Tu veux manger mon amour ? J'ai fait des pâtes au ketchup, ton repas préféré.
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Qui perdra ? (BxB)
RomanceMilo fait tout pour s'en sortir dans la vie. Avec une mère atteinte de dépression chronique depuis la mort de son père, ce n'est pas ce qu'il y a de plus simple. Subvenir à leurs besoins tout en essayant d'atteindre son objectif ne l'est pas non plu...