Chapitre 9

15 2 0
                                    

Aron

- T'as une sale tête, dis-je en m'approchant du bar.

    Milo est là, assis sur les marches, devant la porte fermée. Il a la tête entre ses mains, la relevant seulement quand il m'entend arriver. Ses cernes ont pris part de son visage, accompagné du teint blanc qu'il aborde.

- Merci, je crois que c'est le meilleur compliment que l'on ne met jamais fait, ironise-t-il. Même sa voix a l'air fatigué.

- Je t'en prie. Je m'installe à côté de lui en silence, avant de poursuivre. On dirait vraiment que tu n'as pas dormi de la nuit.

- Si, une heure.

- Une heure c'est comme si tu avais fait nuit blanche, c'est même pire, crois en l'expérience. Je suppose que ce n'est pas dû à une super soirée entre amis.

    Il tourne la tête dans ma direction, tout en s'assurant d'ancrer ces yeux dans les miens.

- J'ai l'air d'avoir le temps pour ?

- Donc tu as révisé toute la nuit ? Je pose la question, cependant je pense que la réponse est assez évidente.

- Hum. Il faut bien que je te batte. Pourquoi ne vas-tu pas ouvrir la porte au lieu de me parler.

    Il replace sa tête comme elle était quelques minutes avant. Je souris sans même savoir ce qui est vraiment amusant.

- Je ne sais pas, je pourrais être aussi égoïste et ne pas vouloir le faire.

    La référence à notre dispute le fait souffler, cette fois-ci j'en ai presque mal aux joues.

- Tu te ferais virer.

- Moi ? C'est pourtant toi qui as oublié ta clé visiblement, à part si je me trompe.

- Je travaille ici depuis bien trop longtemps pour me faire virer, en plus ce n'est pas comme si c'était la première fois. Mais tu n'as pas intérêt à aller rapporter ! S'exclame-t-il en tournant peut-être un peu trop vite la tête vu l'état dans lequel il se trouve.

- Ce n'était pas dans mes plans. Mais c'est juste parce que tu as validé ma période d'essais.

    Il me regarde et semble vouloir dire quelque chose, cependant il se retient. C'est pour ça que je ne lui en veux pas plus que ça pour cette fois, je me dis que si c'était vraiment une mauvaise personne il m'aurait fait perdre mon boulot, ce qu'il n'a pas fait alors qu'il en avait clairement la possibilité. Je sais aussi que les études stressent pas mal de personnes et que la pression est monstre, même si je ne cautionne toujours pas le fait qu'il pense être le seul à mériter cette bourse, moi aussi j'en ai plus que besoin. Je regarde devant moi, la rue est encore vide. Si nous étions en été je suis sûr que ce serait rempli de monde, ce n'est pas une rue très passante, néanmoins elle plaît pour son côté pratique, créant un raccourci jusqu'aux facs. Le froid de décembre ferait fuir n'importe qui, qui oserait s'aventurer le matin dehors, moi-même je commence à regretter de ne pas m'être apprêté plus chaudement, et pourtant je suis loin d'être frileux. Je tourne discrètement le regard vers mon compagnon, il a l'air de se retenir de trembler. Il faut que j'ouvre cette porte, mais avant ça j'ai quelque chose à faire.

- Je suis désolé pour hier.

    Il tend de nouveau son corps de mon côté, sans rien ajouter alors je le fais.

- Quand tu m'as parlé des remarques et autres que l'on peut recevoir en tant qu'homosexuel, je n'aurais pas dû me braquer. Si jamais tu as besoin de parler, je suis là, même si toi et moi ne sommes pas très proches.

Qui perdra ? (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant