Qui perdra ? (BxB)

Chapitre 11

Milo

- Aron ? Murmuré-je pour moi même, à peine sortie de la cour de mon immeuble.

    Celui-ci ne me voit pas. Il attend, son téléphone en main, le regard plongé dessus. C'est la première fois que je le vois ici, je me demande ce qu'il peut bien faire. Peut-être qu'il est là pour moi ? Qu'il a trouvé mon adresse comme il a réussi à avoir mon numéro de téléphone ? Mais pourquoi venir jusqu'ici, je ne le connecterais pas j'en aurais des frissons. Toutes ces questions tombent toutefois à l'eau quand je vois un garçon, que je crois avoir déjà croisé, sûrement dans cette même rue, l'appeler et lui faire un timide geste de main tout en venant dans sa direction. Le concerné relève la tête et souris tout en s'approchant du nouvel arrivant. Pour ma part, je reste planté là où je suis, à le guetter de manière tout sauf discrète. Le pire, c'est que ça ne me regarde pas, cependant je suis bien trop intrigué pour continuer mon chemin. En plus, j'ai peur qu'ils m'aperçoivent si je fais ça, me donné-je comme excuse.

    Je vois le dernier arrivant venir se placer à quelques centimètres de lui avant de sortir de son sac un sweat qu'il lui tend. Il parle une seconde avant que celui-ci ne pose ses lèvres sur la joue de mon collège. Mon cœur se serre en même temps, légèrement mais non douloureusement. Je ne sais pas pourquoi je réagis ainsi, j'ai l'impression que tout se mélange dans ma tête. J'essaye de détourner les yeux, rien ne marche, c'est comme si mon cerveau refusait d'exécuter. C'est d'autant plus bizarre quand plus de se serrer, mon cœur augmente en vitesse et j'en viens à m'imaginer être à la place de l'autre, avec envie. Je secoue la tête arrêtant enfin de regarder. Le baiser a duré à peine une seconde et pourtant j'ai eu l'impression que le temps s'était arrêté. Il repart seul, dans la direction dans laquelle il est venu, les deux me laissant là, troublé. Je retrouve enfin les capacités de mon corps comme de mon cerveau et alors que j'étais prêt à tourner les talons afin de partir, Aron fait de même, me surprenant. Je me sens chauffé de l'intérieur comme de l'extérieur. Il me fixe, comme si son cerveau essayait de comprendre la situation, avant de sourire et de s'avancer vers moi. Je n'ai même pas le temps de déguerpir que le voilà à ma hauteur, alors que j'ai à peine eu le temps de faire deux pas.

- Salut ! S'écrit-il de manière beaucoup trop enjouée.

- Salut.

- Tu habites ici ?

    Il me montre du doigt mon immeuble, alors je réponds positivement de la tête. Une question qui me brûle les lèvres, qui en cache surtout d'autres bien plus curieuses, me trotte dans la tête. Autant la poser, ce n'est qu'une question banale après tout.

- Et toi, pourquoi tu es ici ? Je crois ne pas t'avoir déjà vu dans le coin.

- Ah. En fait, je venais récupérer quelque chose que j'avais oublié chez quelqu'un.

- Ton copain ? Me surprends-je moi-même à poser. Il reste un instant surpris à son tour par ma question avant de comprendre que je les avais vus. Mince, je me suis démasqué moi-même, je n'étais pas censé rester devant chez moi aussi longtemps, encore moins pour les espionner.

- Non, je n'ai pas de copain. À vrai dire ce n'est pas vraiment ce que je cherche. Je t'avais dit que j'avais refait connaissance avec celui qui m'a donné tes notes, c'est lui. J'avais couché avec lui en première année je crois, et ça a recommencé. Cependant, il m'a affirmé qu'il s'attachait et préférait arrêter, c'était un peu comme un baiser d'au revoir. M'explique-t-il tout simplement.

    Mon cœur ne devrait pas refaire des loupés, pourtant il ne s'en gêne pas. Je décide de reposer une question, même si ça risque d'être plus qu'indiscret et que je ne suis pas sûr qu'il veuille me répondre.