— Pourquoi Diable avons-nous un invité avant le début des festivités ? gémit Florentin en s'écroulant à la table du petit déjeuner. Nous allons devoir paraître normaux dès maintenant, quelle plaie !
Aurore leva les yeux de son chocolat au lait, pour détailler son petit frère. Enfin, petit. Depuis ses seize ans, il la dépassait d'une bonne tête et avait une carrure à faire pâlir un chevalier, mais il resterait toujours son petit frère. Un râleur professionnel.
— Tu as peur de montrer ta féminité au monde, Florentin ? susurra-t-elle en prenant une gorgée du breuvage.
Dans la pièce d'un vert pistache, une grande table avait été dressée, comme tous les matins. De coutume, il y avait toute la famille pour le petit déjeuner. Mais le Duc et la Duchesse étaient en voyage diplomatique, entraînant avec eux la petite dernière, Aliénor. Des Millicent, il ne restait au château plus que Florentin et elle.
Avec ses cheveux châtains clairs et ses yeux changeants, son frère pouvait faire tourner bien des têtes. Tout comme donner envie de l'assommer.
— Jarnicoton ! Je ne suis pas efféminé, Aurore !
— Tu es une fée.
— Et toi tu sens le chien mouillé. Bref, ce n'est pas le problème.
Il attrapa un croissant chaud, ses cheveux en bataille lui retombant devant les yeux. Aurore sourit derrière sa tasse. Elle adorait leurs joutes matinales.
— Cet homme avait une mise richement brodée, une chevalière orne son annulaire. Il y a de fortes chances pour que ce soit un aristocrate. Nous allons devoir être prudent.
Ce n'était pas faux. Aurore avait traîné l'inconnu jusqu'au château, où Florentin avait eu l'air contrarié. Néanmoins, ils lui avaient prodigué les premiers soins avant de le laisser dormir dans l'une des chambres dédiées aux visiteurs. Selon toute vraisemblance, il était hors d'état de nuire.
— Je maîtrise mieux mes pouvoirs, à présent. Je ne me transformerai pas en louve en plein milieu d'une danse.
Florentin sourit en avalant une bouchée de croissant.
— Ce n'est pas ça qui m'inquiète. Tu dois surtout cesser d'aller nue dans la maison.
— Et toi de voler jusqu'au plafond pour voir les arachnides.
— De nous affronter à mains nues.
— De parler de façon peu courtoise.
— C'est mal engagé.
— Je suis d'accord avec toi.
Ils éclatèrent de rire. Vivre en marge de la société n'allait pas leur faciliter la tâche. Leur mère, Angèle de Millicent, avait fait de son mieux pour leur inculquer les règles de la bonne société. Mais n'étant pas elle-même très portée sur la bienséance, elle avait été laxiste sur la chose. C'était sans parler de leur père, Rodolphe. Il avait une sainte horreur de toute cette obséquieuse aristocratie.
— Cette semaine de réjouissances s'annonce bien longue, soupira Aurore.
— Bah. Nous sommes parvenus à cacher notre nature païenne toutes ces années. Ce ne sont pas quelques bals qui vont mettre à mal notre réputation.
Ils achevèrent leur repas, avant de se rendre dans la chambre d'ami. Autant commencer toute de suite les choses dans les règles : Aurore n'avait pas le droit d'entrer dans une pièce, où il y avait un homme, sans la présence d'un chaperon. En l'occurrence, son frère remplirait ce rôle.
En entrant, ils découvrirent l'inconnu assis dans son lit, l'air un peu perdu. Par Dieu ! Il est absolument charmant, se dit Aurore en détaillant son visage. Le cheveu brun, les yeux gris, il faisait beau ténébreux. Sans compter la musculature qu'elle pouvait deviner sous le drap de coton. Qui était-il ?
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2. La Valse des Malotrus
FantasyPréserver son honneur tout en résistant à l'attraction de deux hommes séduisants ? Un jeu d'enfant pour Aurore de Millicent. Enfin, presque... *** Aurore est la digne héritière de la famille Millicent. Faire la fierté de sa famille n'est pas diffici...
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