— Le croquet est un jeu tellement vivifiant, s'extasiait une jeune femme en robe de mousseline rose poudre.
Tentant de tenir son hochet avec le plus d'élégance possible, Aurore sourit aimablement à son interlocutrice. Vivifiant, le croquet ? Pitié ! Ils allaient à l'allure d'une limace anémique. Les femmes, engoncées dans leur corsage serré, prenaient leur temps pour frapper dans la bille de bois, et la faire passer dans les arcs de fer plantés dans le gazon parfait des Millicent.
Rien à voir avec la pratique familiale.
— Oui, il fortifie le corps, répondit une autre en réajustant son chapeau fleuri. Ce soir, nous serons courbaturées, mes amies.
Elles éclatèrent d'un rire joyeux, auquel Aurore ne se joignit pas, feignant une concentration extrême pour son prochain coup. Des courbatures, pour avoir frappé mollement dans la balle ? Pitié ! Elles tenaient plus du polochon de soie que de la femme !
Aurore aurait préféré se trouver avec les hommes, occupés à comparer leurs performances au combat de l'autre côté des jardins. Certains paltoquets étaient restés avec ces dames, pour leur tenir compagnie à l'aide de leur conversation insipide. Avez-vous entendu la rumeur ? Madame de machin aurait été découverte dans le lit de monsieur truc. Oh, ciel ! Que c'est offusquant ! Quelle indécence !
S'ils connaissaient mes déboires exhibitionnistes, j'en serais déjà à la publication des bans de mariage, songea Aurore en frappant dans la bille de bois.
Cette dernière fila, traversant les trois arcs alignés d'un coup. Les jeunes femmes applaudirent avec enthousiasme, surprises par les aptitudes physiques de leur hôte. Ridicule.
— Mademoiselle Aurore ?
Au timbre reconnaissable de sa grand-mère, la jeune femme releva la tête. Sourcils froncés, cette dernière s'approchait de leur groupe, son ombrelle sur l'épaule, un serviteur zélé à ses côtés.
— Que se passe-t-il ?
— Puis-je m'entretenir avec vous ?
Le terme « privé » était muet, mais évident. Aurore la rejoignit donc, après avoir encouragé ses consœurs à continuer la partie sans elle. Mamie Millicent était un peu trop pâle à son goût.
— Avez-vous bien dormi ?
— Mmh ? Oui. J'ai... Gérard, pouvez-vous nous laisser seules ?
Surprise de le voir congédier son serviteur, Aurore fit les yeux ronds. Sa grand-mère prit son bras, pour l'entraîner dans une promenade autoritaire.
— Ton grand-père est venu me voir cette nuit. Tu t'inquiètes au sujet du Comte d'Himeline, n'est-ce pas ?
— Heu....
— Tu as demandé à Célestin de faire des recherches. Pourquoi ?
Mince, elle avait omis de mettre l'affaire sous le sceau du secret. Quelle sotte ! Elle ne pouvait pas parler de vampires à Marie ! Elle ferait une attaque de panique !
— Il souhaite me courtiser, lâcha-t-elle rapidement. Je voulais m'assurer que la chose n'était pas risquée étant donné ma... condition.
Les épaules de la vieille femme se détendirent aussitôt. La menace n'était plus si évidente, pour elle. Aurore se retint de sourire. On pouvait dire ce que l'on voulait de Marie de l'Esprit Saint, mais elle tenait énormément à sa famille.
— Tu es fille de Duc. Épouser un Comte serait... Baisser dans l'échelle sociale.
— Je ne m'en soucie pas réellement. Je ne compte pas me marier.
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2. La Valse des Malotrus
FantasiPréserver son honneur tout en résistant à l'attraction de deux hommes séduisants ? Un jeu d'enfant pour Aurore de Millicent. Enfin, presque... *** Aurore est la digne héritière de la famille Millicent. Faire la fierté de sa famille n'est pas diffici...
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