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Chapitre 5 : Un Parterre de Nobles

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Le lendemain matin, Aurore se devait d'avoir le teint frais, le visage souriant, une mise impeccable et une coiffure irréprochable. Pourquoi ? Car les premiers invités arriveraient avant midi. Comble de joie, après une nuit mouvementée.

Les yeux cernés, de mauvaise humeur et les cheveux en nid de poule, elle regarda sa grand-mère faire des longueurs dans sa chambre d'un air ennuyé. Vraiment, les festivités n'étaient plus sa préoccupation majeure.

— Gloria est la meilleure femme de chambre possible, disait Mamie Millicent, tandis qu'un petit bout de femme s'efforçait de démêler la chevelure d'Aurore. Elle va te faire redevenir la fraîche jeune femme que tu es.

— Désolée de ne pas ressembler à une estampe parisienne dès le réveil, ronchonna Aurore. J'ai assez mal dormi.

Un doux euphémisme.

— Tatata, tu dois être splendide ! Aujourd'hui, tu vas représenter la maison Millicent en l'absence du Duc et de la Duchesse. Tu dois leur faire honneur, Aurore.

Voilà qui ne rajoutait pas du tout un poids sur ses épaules. Avec sa tendance à se transformer sous l'effet de l'inquiétude et sa manie de se retrouver dans des situations compromettantes, elle pressentait la venue d'une période mouvementée.

— Florentin aussi représente la famille.

— Oui, justement. Quelqu'un est en train de l'apprêter.

— Il doit en être ravi.

— Si vous n'étiez pas des sauvageons, la chose ne serait pas aussi fastidieuse, souligna sa grand-mère.

Comment ne pas se sentir insulté par cette remarque ? Aurore n'était certes pas une femme conventionnelle, mais elle faisait beaucoup d'efforts pour paraître humaine ! Toutes ces femmes de la noblesse ne pouvaient pas prétendre aux mêmes problèmes qu'elle. Si son plus grand souci avait été d'accorder sa toilette avec son ombrelle, elle aurait effectivement été au niveau. Malheureusement, les siens consistaient surtout à accorder la taille de son poignard à celle de ses ennemis.

Elle devrait peut-être faire comme monsieur Erik. La hache semblait très efficace sur les morts animés.

— À quoi penses-tu, encore ? soupira Marie de l'Esprit Saint.

— Moi ? Oh, je me demandais comment charmer un homme avec une conversation insipide.

— Tu m'en veux toujours ? Tu sais bien que les aristocrates ont peur des femmes cultivées.

— Ce n'est pas de ma faute si la majorité d'entre eux ne vaut pas le pet d'un âne mort.

— Aurore ! Tu n'as pas à parler ainsi !

La jeune femme roula des yeux exaspérés. Gloria, elle, se retenait de glousser en passant le peigne dans sa tignasse. Combien de nœuds pouvait-on avoir sur un seul cheveu !?

— Pitié, grand-mère. Nous savons toutes les deux ce qu'il en est. Je n'ai aucun respect pour les dandys de la cour, et il est hors de question que j'épouse une espèce d'artichaut imbu de sa personne.

— Malheureusement, ma chérie, tu cherches une perle rare.

Ou pas. Après tout, le Comte d'Himeline semblait cultivé. Charmant, désireux de lui faire la cour. Elle ne lui avait toujours pas donné de réponse, et le moment fatidique se rapprochait. Elle ne pourrait pas éternellement ignorer la chose, même s'il avait un lien avec des vampires. Les fuyait-il ? Si oui, pourquoi ? Qu'avait-il donc fait ? Cela avait-il un rapport avec tous ces cadavres mouvants ?

Aurore attendait avec une vive impatience la tombée de la nuit. Son grand-père éclairerait peut-être sa morne lanterne...

Bientôt bloquée dans une élégante robe à la française, Aurore sortit dans le couloir. Les premiers invités étaient arrivés dans le hall d'entrée. Florentin les accueillait déjà, en digne héritier du Duc de Millicent et Marquis d'Aresac. La jeune femme lorgna un instant sa mise dans le miroir. D'un vert pomme surpiquée de fleurs blanches et roses, sa robe au décolleté prononcé était superbe. La traîne fixée à ses épaules lui conférait une élégance bien factice, ses boucles châtain clair frôlant sa peau pâle. Néanmoins, cela lui donnerait de l'assurance pour l'épreuve à venir. Pour les prochains jours, en vérité.

2. La Valse des MalotrusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant