Chapitre 1 : Tempête de feuilles

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Gabriel Attal se tenait bien droit derrière son pupitre en écoutant son adversaire du jour Jordan Bardella débiterer des inepties. À mesure que son adversaire avançait dans son argumentaire, l'agacement du premier ministre se muait en énervement. Ne pouvant plus se retenir face aux sophismes du jeune représentant du RN, il lui coupa la parole une fois de plus pour réfuter son argumentaire trompeur. Bardella lui lança un regard meurtrier et se mordit visiblement la joue pour se contenir. Le jeune homme remuait derrière son pupitre mal à l'aise face à la prose de Gabriel Attal et visiblement de plus en plus échauffé d'être sans cesse coupé de la sorte.

Soudain, la situation était devenue bien plus amusante pour Gabriel qui voyait son adversaire perdre contenance et il se permit tout en marquant la fin de son argumentaire de lui lancer un petit sourire en coin ironique afin de le faire enrager d'autant plus. Il fut alors bien surpris lorsque Jordan Bardella commença sa réponse par "Monsieur le Premier ministre" accompagné de son fameux sourire charmeur qu'il réservait habituellement aux caméras, tout cela en le regardant droit dans les yeux. Ce dernier dut remarquer que cette attitude perturbait Gabriel Attal, car il continua toute la fin du débat durant son jeu de sourires en coin et de regards en diagonale. Le Premier ministre ne s'en départit pas et s'engagea également dans ce petit jeu dans l'espoir de lui aussi déstabiliser son adversaire.

Il n'était pas sûr que sa stratégie initiale ait eu l'effet escompté étant donné que son propre cœur battait plus fort et qu'il perdait par instants le fil de son discours.

Gabriel Attal savait reconnaître un homme charmant, pour autant il n'était plus un jeune adolescent et il finit par se reprendre. Le débat toucha alors à sa fin et sur quelques dernières paroles cinglantes ils entendirent l'équipe de production dire "rendez l'antenne !".

Jordan Bardella rangea en vitesse ses différents papiers dans son porte documents et partit en trombe du studio alors que Gabriel Attal remettait ses propres papiers en ordre tranquillement. Il leva le regard juste à temps pour voir une feuille s'échapper du dossier de Bardella.

Sans réfléchir, il jeta pêle mêle le reste de ses feuilles dans sa sacoche et lui emboita le pas.

- Monsieur Bardella ? Monsieur Bardella !

Comme le concerné ne daignait pas se retourner - cet espèce de petit arrogant - le Premier Ministre ramassa le papier abandonné et rattrapa Bardella en quelques foulées. Il l'attrapa par l'épaule et ce dernier se retourna brusquement, visiblement surpris.

- Quoi ?

- Vous avez laissé tomber ceci.

Tous deux louchèrent sur la feuille que Gabriel Attal tenait entre eux. Il put reconnaître en un coup d'œil le fameux graphique que son adversaire avait évoqué lors du débat et qu'il s'était fait un malin plaisir de détruire tant les chiffres avaient été tirés hors de leur contexte, avant de retourner son propre piège contre le représentant du RN.

- Bien qu'au final, vous pourriez largement vous en passer, ajouta alors ironiquement Gabriel.

- Je vais tout de même le reprendre, je vous remercie, répondit froidement Jordan qui avait très bien saisi le pic qui lui était destiné.

Il arracha la feuille des mains de Gabriel Attal qui maintenait un petit sourire en coin parfaitement suffisant qui, il l'espérait, faisait enrager au plus haut point le jeune ministre. Ce dernier ouvrit son porte documents et provoqua par la même occasion une tempête de papiers blancs qui s'écrasèrent au sol de toute part dans un fracas. Les deux hommes s'accroupirent immédiatement pour récupérer les documents alors qu'un technicien apparaissait, leur demandant si tout allait bien.

- Ne vous inquiétez pas, lui répondit Gabriel, monsieur Bardella a la même capacité à tenir un porte documents qu'un argument. Je vous laisse constater par vous-même... ajouta-t-il dans un sourire.

[Attal x Bardella] Le diable en costumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant