Chapitre 3 : Une guerre entre moi et moi

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TW : prostitution, scènes à caractère sexuel, alcool

Note de l'auteure : Je ne me rends pas compte à quel point les scènes que j'écris peuvent être choquantes, j'ai ajouté un poil de "violence" parce que je pensais que ça pourrait apporter au développement du personnage mais si vous trouvez ça dérangeant sautez au paragraphe suivant et signalez-le moi pour que j'y fasse davantage attention par la suite. Sur ce, enjoy :)


Jordan prenait tout son temps pour refaire son lacet, caché dans l'angle de la porte de l'Assemblée Nationale. Il avait les dents serrées, tendu à l'idée de ce qu'il allait s'apprêter à faire. Il n'avait pas vu Attal depuis le débat mais avait l'impression d'avoir passé ces dernières journées en sa compagnie autant à travers les vidéos qu'à travers ses pensées. Cette histoire commençait à l'obséder un peu trop et il sentait une certaine dissonance entre ses convictions et les images qui envahissaient son esprit sans cesse. La montre à son poignet vibra et, tel un comédien qui entre sur la scène, il se leva sans plus réfléchir et fonça droit dans l'encadrement dans la porte. Il n'eut même pas besoin de feindre l'étonnement en voyant Attal car à sa vue, une demi seconde avant l'impact, son cœur rata clairement un battement. Leurs deux corps se percutèrent violemment, et, légèrement déstabilisé, Jordan eut besoin de quelques pas en arrière pour retrouver son équilibre. La voix du Premier Ministre crachant des jurons atteint les oreilles de Jordan qui se dirigea instinctivement vers lui. Gabriel Attal se trouvait par terre, en tenue de sport, et lui lançait un regard assassin. En cet instant, il avait l'air beaucoup plus humain et cette vision fit grandir un sentiment dans la poitrine de Jordan qu'il jugea désagréable.

- Excusez-moi monsieur le Premier Ministre, je ne vous avais pas vu, dit Jordan tout en lui tendant une main pour l'aider à se relever.

Ce dernier l'ignora et se releva seul, ses yeux lançant des éclairs de haine.

- Ça va pas la tête ? Vous êtes un vrai danger public ! cracha-t-il.

- Je suis... commença Jordan.

- Vous n'arrêtez pas de crier que les musulmans veulent attenter à la sécurité de ce pays, mais c'est vous qui voulez attenter à ma vie ! s'emporta Attal. Il y a des marches là derrière !

Jordan regarda par-dessus l'épaule d'Attal tout en constatant à quel point tout cela aurait pu être dangereux. Sans un mot de plus, Attal contourna Jordan pour entrer dans l'Assemblée Nationale, le laissant là les bras ballants.

Le président du RN descendit la volée de marche sans même prêter attention à la présence de Jean, la colère déformant son visage. Il se mit à marcher en direction du café où il était supposé aller en sortant du bâtiment, passa à côté des deux hommes du RN sans leur accorder un regard, et marcha sans réfléchir bien au-delà du café, vite et longtemps. Les paroles de Attal résonnaient en boucle dans sa tête : "c'est vous qui voulez attenter à ma vie !". Il finit par s'arrêter net en passant une main sur sa figure. Il était en train de réaliser que s'il n'avait pas eu cet instant de doute, ce petit flottement en voyant Attal, il aurait pu le percuter avec suffisamment de force pour que cela l'envoie dans les escaliers. Et l'idée même de ce qui aurait pu arriver lui glaçait le sang.

Après avoir ruminé toute la matinée, Jordan se rendit au restaurant pour manger. Son téléphone était envahi de notifications qui d'abord le félicitaient pour sa performance, son air surpris qui était grandement réaliste, sa sollicitude pour relever Attal car "c'était du génie" et surtout sa descente des marches en colère après leur altercation qui lui donnait un air torturé. Puis ensuite, les messages lui demandaient où il était, pourquoi il n'était pas à l'assemblée comme prévu et qu'il ferait bien "de se reprendre très vite et d'y aller". C'était le message le plus poli qu'il avait reçu de LePen, ceux d'après étaient de moins en moins sophistiqués.

[Attal x Bardella] Le diable en costumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant