Marcel... Marcel..., le petit chat miaulait.
Le petit Emile se tenait devant le gros Marcel Macarel. Regardez le donc ce minuscule fripon, le voilà tout menu, tout freluquet, tout fluet. Mais oui! Il a l'air coupable! Coupable d'avoir une trogne irrésistible.
Ah le cochon ! Oserait-il nous jouer cette scène ? Ah! Mais quel acteur ! Quel aplomb ! Jamais un démon ne s'était aussi bien déguisé en chérubin. Une larme perle au coin de son œil et un léger tremblement, quasiment suggéré, secoue sa lèvre. Un chaton blond à croquer.
Je sais pertinemment, car je vous connais, très chère spectatrice, que si je ne vous avertissais pas, vous seriez déjà en train de serrer le mignonnet contre votre sein maternel. Il fourrait sa tête entre vos deux rondeurs pour camoufler ses faux pleurs. Bien caché, un sourire fugace et malfaisant brillerait sur son masque. Ça! Je suis sûr qu'il n'apprécierait pas autant que moi cette position favorable contre votre gorge, dans la douce chaleur de votre intimité. Néanmoins, il jouirait certainement du mauvais tour qu'il nous joue.
Mais il n'y avait là que le bon Marcel, et personne n'aurait l'idée d'aller se nicher entre ses deux seins grassus et poilus. Remarquez... en fermant les yeux, c'est moite, c'est humide, peut-être pourrait-on se laisser berner.
Marcel s'agenouille devant Émile et il chasse de sa grosse patte la larme de crocodile qui sinue sur sa joue. Les petites paupières du vaurien papillonnent. Il pose ensuite ses deux mains sur les épaules de son protégé.
« Qu'est-ce qui ne va pas mon Mimi ? »
Il l'appelle Mimi, oui c'est ridicule pour un gros bonhomme comme lui, mais ma foi, même une énorme brute peut receler un cœur tendre et fondant comme un caramel.
Alors le petit se mit à expliquer. Oui, il était parti avec le couteau ; non, il ne voulait tuer personne ; oui, il avait rencontré Robert alors qu'il allait vers la rivière. La rivière ? Oui, pour couper un poisson. Quel poisson ? Un poisson de la rivière, pardi. Marcel lève un sourcil circonspect, mais laisse son jeune apprenti continuer.
Robert est mon ami, alors j'ai voulu lui montrer mon couteau. Robert a pris le couteau, et il est parti en courant. Et moi, je lui ai couru après.
« Rends-moi mon couteau, Robert, que je lui disais ! » Mais l'autre n'en faisait rien, il courait à travers champ. Et voilà que l'inévitable arrive, le petit Robert trébuche, son pied ripe sur une motte de terre. Il s'affale comme un sac de patates sur le sol. Tombe avec un bruit mat, dans l'herbe touffue de cette chaude journée d'été.
« Et après, il a crié, aaaaaaah, aaaaaaaah, aaarg » et puis c'est tout. C'est presque tout, après il a encore fait « glooorg... ». Ce que voulait décrire Émile dans ce langage simple et pur des enfants, c'est le son d'un suintement juteux, un petit crachat de sang mousseux et bulleux, qui jaillit de la bouche alors que les poumons se remplissent d'hémoglobine. Et là, c'était tout.
Ça y est, c'est dit, il ne lui reste plus qu'à baisser la tête et laisser couler les larmes de l'innocence sur sa joue fraîche pour se laver de tout soupçon. Un chagrin sonnant comme les sanglots longs des violons de l'automne qui blessent ton cœur d'une langueur monotone.
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L'horrible histoire d'Emile Trapu
Terror🩸 Âmes sensibles, passez votre chemin... 🩸 Osez-vous plonger dans les abysses de la perversion humaine ? Jacques Sauveur vous chuchote à l'oreille l'histoire d'Emile Trapu, un enfant maudit dont le destin sanglant fera trembler votre âme. De sa na...