Questionnement

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Les jours passent, les vidéos continuent, et les internautes se posent des questions auxquelles les deux politiciens ne répondent pas. Les gens commencent à réellement s'interroger, sachant que les vidéos étaient devenues virales et que les médias en parlaient. Toute une polémique autour de cette potentielle romance faisait surface, remettant en doute la crédibilité des deux parties. Aucune protestation. Aucune validation. Les équipes commençaient elles-mêmes à se poser des questions sur cette éventuelle romance entre Gabriel et Jordan.

Dans toute cette dissension, Jordan n'avait toujours pas de réponses à ses nombreuses questions. Il aurait aimé le demander à l'un des internautes, mais il savait parfaitement que cela aurait ensuite fait le tour des réseaux sociaux, ce qui aurait également engendré des pertes de voix pour son parti, ce qui n'était absolument pas envisageable.

Pour Gabriel, une chose restait ancrée dans son esprit : c'était Jordan. Il avait l'air particulièrement perdu dans cet océan de romance, et il avait peur que ce genre de fausse vidéo détournant la réalité à sa guise ne l'engage à adopter des sentiments basés sur de la pure fiction. Il ne pouvait pas penser que Jordan Bardella, le représentant du Rassemblement National, pourrait ressentir de l'amour pour lui. Ce n'était pas envisageable. Et surtout, il n'avait en aucun cas du temps à consacrer à une amourette alors que les élections approchaient à grands pas.

C'est pendant une vague de pensée que Gabriel remarqua une notification sur son téléphone. Un numéro anonyme était en train de l'appeler. Il répondit alors à cet appel, assez intrigué, espérant que ce n'était pas son numéro qui venait de fuiter.

- Gabriel, venez au bar de la dernière fois où nous nous sommes rencontrés. Rendez-vous ce soir à 19h pile, annonça une voix à travers l'appareil.

L'homme raccrocha à la fin de sa phrase, ne laissant pas Gabriel répondre. Pour lui, il était clair que c'était Jordan. Il n'avait parlé qu'avec lui, il était presque certain que c'était sa voix. Ou est-ce une farce ? Peut-être que quelqu'un les avait vus ce soir-là et voulait le piéger afin de pouvoir faire des vues encore une fois. C'est de façon perplexe que l'homme partit travailler. Il eut un peu de mal à se concentrer au début, mais il fut rappelé à l'ordre, ne lui laissant pas le temps de réfléchir de la journée. Quand l'heure approcha, et qu'il avait quitté le boulot, il se sentit obligé de se joindre au rendez-vous.

De son côté, Jordan était arrivé bien en avance dans ce vieux bar, attendant que Gabriel Attal se joigne à lui. Les minutes passaient lentement, sa jambe tremblait nerveusement. Il avait l'impression que les minutes devenaient des heures. Il observa son téléphone afin de regarder l'heure. En effet, les minutes avaient été longues, mais l'explication est simple : Gabriel ne viendrait pas. Voilà une bonne heure qu'il aurait dû être arrivé, or cela n'avait pas été le cas.

Plutôt agacé, il se leva pour sortir du bar. Voilà que Gabriel lui donnait un rendez-vous pour ne même pas s'y rendre lui-même. Il avait été bien trop sûr de lui. Il devait se l'avouer, il était également plutôt déçu. Il s'attendait à la venue du Premier Ministre. Il avait été bien plus patient qu'à l'ordinaire. D'habitude, il n'aurait pas attendu aussi longtemps. Il était si stressé qu'il n'avait même pas regardé son téléphone, ni l'heure, alors que c'est l'une des premières choses auxquelles il aurait dû penser. Mais non, il avait eu l'esprit bien trop encombré, se demandant comment ce rendez-vous aurait pu se passer. Il ne savait pas lui-même à quoi s'attendre et il n'avait pas non plus la moindre idée du pourquoi Gabriel aurait pu lui donner rendez-vous, certainement pour mettre les choses au clair, comme ils auraient dû le faire depuis bien longtemps. Être au clair sur toutes ces histoires de romance, il avait ressenti une pointe d'ambiguïté qui l'intriguait plus que nécessaire et il voulait être certain que ce n'était qu'une simple idée qu'il s'était faite. Ce soir, il avait bien compris qu'il avait imaginé n'importe quoi et qu'il devait rapidement se remettre sur le droit chemin.

Les jours passèrent et le dernier débat avant les résultats allait arriver. Jordan n'était pas particulièrement pressé puisqu'il allait voir Gabriel et surtout, il allait devoir le confronter. Or, il lui avait posé un lapin la dernière fois et il savait que ce serait particulièrement malaisant. Il n'était pas du genre à se ridiculiser de la sorte et il en avait horreur, alors il devrait faire comme si de rien n'était et rejeter Gabriel s'il tentait de s'adresser à lui en dehors du débat, c'est ce qu'il en avait décidé.

Le soir arriva plus vite que prévu et quand Jordan se présenta, Gabriel était déjà présent. Le jeune politicien fut soulagé en voyant que le Premier Ministre n'était pas venu vers lui afin de s'expliquer. Il put se détendre et se consola avec un simple hochement de tête pour se saluer. Les hommes entamèrent un débat acharné comme souvent, puis à la fin de ce fameux débat, Jordan sentit un regard sur lui. Il tourna la tête et remarqua une femme en train de les filmer alors qu'il allait partir dans les loges. La femme, captant son regard, s'arrêta immédiatement et fit comme si de rien n'était.

Agacé, monsieur Bardella entra dans une loge privée pour souffler un peu. Il se cala contre la porte un instant avant de relever les yeux pour trouver quelque chose à grignoter. Ce débat lui avait ouvert l'appétit, mais au lieu de trouver de quoi se mettre sous la dent, ses yeux rencontrèrent ceux de Gabriel qui était assis, les bras croisés, en train de le regarder. Jordan se crispa légèrement, lui qui redoutait ce moment. Il n'allait pas pouvoir y échapper finalement.

- Vous osez vous pointer devant moi après m'avoir laissé en plan ? s'exprima Jordan.

Gabriel arqua un sourcil. Surpris de ce que Jordan venait de dire. "En plan" ? Il n'était pas sûr de le suivre. Avait-il un rendez-vous de prévu dont il n'était lui-même pas au courant ? C'était peut-être alors une erreur de communication avec son assistant. Non, il avait l'air bien trop frustré pour que ce soit une erreur de ce genre. Il aurait rappelé son assistant entre deux ou autre, il n'aurait pas eu l'air si rancunier.

Et pourquoi pas ? Attal x BardellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant