Chapitre 8 : Secret de pensée

14 3 6
                                    


Le ciel s'assombrissait, le soleil estival laissant doucement place à l'automne naissant. Les verts feuillages prenaient une teinte orangée, signe de la saison qui s'annonçait.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis la rentrée. Jérémy était assailli de questions suite à son malaise lors de la première journée d'école. Ses angoisses refaisaient surface, empoisonnant ses journées et ses nuits. Il s'efforçait de tenir le rythme, mais terminer ne serait-ce qu'une journée relevait presque de l'impossible.

Il éprouvait un malaise profond. Pourquoi ? Il l'ignorait. À maintes reprises, il tenta en vain de mettre des mots sur ses maux, mais en était incapable. Un mélange  indéfinissable de stress et de mal-être l'assaillait, sans qu'il puisse en identifier l'origine. Une profonde tristesse l'envahissait, comme si son esprit était trouble, sans qu'il puisse en saisir la raison. Il ne se comprenait plus lui-même et se sentait désemparé face à cette tourmente intérieure. Sa seule échappatoire semblait être de laisser une lame racler sa peau, laissant des traces rouges vives le soir venu, et de les toucher lorsque la panique l'envahissait incontestablement. 

Il était entouré de sa famille, de ses amis, enfin, de son ami. Pourtant, une profonde solitude l'envahissait. La présence des autres ne parvenait pas à soulager son mal-être. Ce qu'il désirait, c'était trouver quelqu'un qui pourrait comprendre sans qu'il n'ait à expliquer sa situation. Malgré ses nouvelles fréquentations, Gregory était resté aux côtés de Jérémy après la rentrée, et pour cela, le jeune homme lui en était reconnaissant.

Comme il s'y attendait, Jérémy fut vite confronté à des moqueries, des insultes, des menaces...En un rien de temps, le jeune homme était redevenu la cible de tout un établissement. Se sentant impuissant, il laissait les remarques blessantes passer, imaginant maintes façons de riposter tout en sachant qu'il n'oserait jamais le faire. Il s'était confié à sa mère, qui avait pris des mesures, mais face à ses absences répétées, l'établissement ne réagissait pas.

Il était environ 11h00, la classe de 6ème D était plongée dans un cours de musique. Jérémy, attentif comme à son habitude, absorbait chaque mot de sa professeure enseignant sa matière favorite. Il la vit sortir un clavier avant de s'y installer pour accompagner un par un les élèves. L'esprit du jeune homme commença à divaguer lorsqu'il entendit son nom pour venir chanter à son tour. Son cœur se mit à battre lourdement dans sa poitrine, ses membres tremblaient, sa tête tournait alors qu'il se dirigeait face à la classe.

Il prit une profonde inspiration avant d'entamer les premières paroles d'une chanson de son chanteur préféré, Calogero. Le puissant stress qui l'envahissait s'atténua dès les premières notes chantées. Une fois sa prestation terminée, il réalisa que toute la classe le fixait, le calme étant revenu. Avec satisfaction, il nota que les regards perçants qu'il redoutait s'étaient transformés en stupéfaction. Il retourna rapidement à sa place, refusant de rester plus longtemps au centre de l'attention.

Lorsque la sonnerie annonçant la fin du cours retentit, le jeune homme se hâta de quitter la salle, redoutant les critiques qui pourraient découler de sa prestation orale. Il rentra précipitamment chez lui, s'effondrant sur son lit. Soulagé que la journée soit enfin terminée, il se laissa emporter par ses pensées. Rapidement, il revécut les moments de panique qu'il avait traversés tout au long de la journée, ressassant la honte ressentie face à sa classe pendant le cours de musique...

Une larme glissa discrètement le long de sa joue. Les mêmes questions lancinantes envahirent son esprit : pourquoi était-il ainsi, pourquoi ses émotions semblaient incontrôlables, pourquoi même existait-il... Les larmes se muèrent en sanglots empreints de haine, de colère, de tristesse. Il s'allongea sur son lit, frappant violemment le matelas de ses poings, lançant à plusieurs reprises son coussin à travers la pièce, faisant virevolter sa couette.Il était consumé par une profonde haine envers lui-même. Il hurla dans son oreiller avant de frapper violemment une dernière fois son sommier. Épuisé, il s'allongea sur son lit, haletant, ses joues toujours inondées de larmes.


Bonjour à tous,

Voici un nouveau chapitre ! Pour la suite j'ai besoin de votre avis :

Préférez vous que l'histoire continue de tourner autour de "l'état psychologique" de Jérémy pendant quelques chapitres  ou qu'il y ai plus d'action ? 

J'espère que ce chapitre vous a plus, n'hésitez pas à me donner votre avis. 

Mya Castelle 

Les notes de l'abandonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant