5 : Jackson/Camille

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Jackson

Je reste cloîtré dans mon bureau toute l'après-midi. Je ressors mon grand tableau en liège, ou j'épingle des photos, des notes, tout ce qui pourrait m'aider. À deux doigts de mettre du fil rouge comme dans les séries policières, je prends du recul pour admirer mon œuvre. Maintenant que tout est plus organisé, j'y vois plus clair pourtant je n'arrive pas à mettre le doigt sur l'élément qui pourrait renverser toute cette affaire.

Au bout d'un moment, des coups sont frappés à ma porte. Je déclare :

– Entrez !

La porte s'ouvre, dévoilant ma boss. Sérieusement, pourquoi toutes les femmes de mon entourage sont blondes, finalement ? Pour qu'au final mon esprit ne me ramène qu'à une seule et unique femme...

– Maître Parker ? Que faites-vous encore ici ? demande Alyssa.

– Eh bien, maître Marshall, je travaille, répondis-je sans la regarder.

– Mais enfin, il est vingt heures ! s'étonne-t-elle. Depuis quand êtes-vous là ?

– Midi, environ, précisé-je en réajustant des éléments sur mon tableau, les yeux plissés.

Je ne vois pas Alyssa mais je peux facilement deviner l'étonnement qui prend place sur son visage. Jamais je n'ai travaillé aussi tard, autant d'heures consécutives pour mes clients...

– Vous devriez rentrer chez vous, maître Parker. Reprenez ça demain.

– Je ne peux pas. Ma cliente est en prison, et chaque minute ou je ne travaille pas est perdue. Je dois la faire sortir le plus vite possible.

Je daigne regarder Alyssa, juste pour la voir s'appuyer contre le chambranle de la porte du bureau.

– Votre cliente est Camille De Luca. Si vous connaissiez son histoire, vous sauriez qu'elle est capable de tenir le coup.

– Je ne veux pas savoir, l'informé-je avant qu'elle ne dise quoi que ce soit. C'est sa vie privée. Ce qui m'intéresse, c'est sa vie professionnelle.

– Il vous faut connaître sa vie privée pour savoir pourquoi et comment son ex et elle en sont à ce stade, essaye-t-elle de me convaincre.

– Laissez-moi juste bosser, conclus-je sur un ton désespéré. Vous savez que je suis bon dans ce que je fais.

– Je le sais. Je vous quitte, dans ce cas, répond-elle avant de fermer la porte derrière elle.

– Mmh.

Je reporte mon attention sur mon tableau comme si rien ne m'avait dérangé. C'est une affaire vraiment complexe, il n'y a pas beaucoup de moyens de prouver qu'elle est innocente... mais je finirais par trouver. Je finis toujours par trouver.

Vers vingt-trois heures, j'abandonne finalement et quitte le bureau. Malgré ces heures passées dessus, je n'ai pas trouvé grand-chose afin de défendre Camille. Et je sais qu'elle compte sur moi, même si elle est incapable de me faire confiance.

On dit toujours que la nuit porte conseil, alors j'espère vraiment que j'arriverai à trouver rapidement une solution pour montrer que ma cliente est innocente. Si je ne peux pas demander un procès avant minimum cinq mois, je dois au moins avoir des arguments solides. Et pour ça, je sens que j'ai besoin de bosser comme un malade.

Le lendemain, je me réveille assez tôt, une migraine apparaissant à cause de tout le cafouillis qui se mélange dans ma tête. C'est la première fois que je ressens ça envers un de mes clients, mais je ne supporte pas l'idée que Camille reste là-bas plus longtemps que nécessaire. Bien sûr, je me suis toujours investi à fond pour toutes mes affaires, mais celle de Camille me parait plus urgente. Je ne saurais pas dire pourquoi...

FearlessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant