📰 L'appât de l'or

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Tout a commencé par une chaude après-midi de printemps. J'avais décidé de profiter du soleil sur la plage et marchais le long des falaises non loin du village, appréciant les douces caresses des vagues sur mes chevilles et la brise maritime.

Personne ne venait jamais dans le coin, depuis que la municipalité avait décrété que les falaises de calcaires représentaient un risque non négligeable d'éboulement. Mais en regardant la côte, si paisible, on avait peine à imaginer qu'un tel évènement puisse se produire.

Toujours est-il que mon attention fut attirée au pied de la falaise. Je ne saurais dire laquelle de mes deux trouvailles ai-je vue en premier. Était-ce la sombre cavité à demi dissimulée dans les ombres, entre deux pans de roche, ou bien l'éclat dangereux d'une pièce d'or à demi enfoncée dans le sable, reflétant les rayons du soleil ?

Je m'approchai doucement du recoin, sentant un frisson me courir dans la colonne vertébrale. Il était sans doute dû à l'air froid caché au soleil, mais j'aurais aimé pouvoir affirmer qu'il s'agissait du frisson des grandes découvertes, qui nous prend lorsque l'on sait que l'on vient de découvrir quelque chose d'unique.

Je ramassai la pièce et la dépouillai du sable humide qui la recouvrait, incrédule. Mes doigts mirent au jour un vieil écu frappé à sa surface. Il s'agissait d'une vraie ! Elle devait sûrement être très ancienne. Et, du même coup, valoir une fortune.

Mon regard se tourna ensuite vers la cavité à demi cachée par un surplomb rocheux, gueule béante d'un monstre endormi dans laquelle glissait paresseusement un fin filet d'eau. Il s'agissait d'un long tunnel sombre, assez large mais peu haut. En se mettant à quatre pattes, un homme adulte n'avait aucune difficulté à passer. D'où aurait pu provenir cette pièce miraculeuse, si ce n'était de cette ouverture camouflée entre les ombres dont personne ne connaissait l'existence ?

Excité comme jamais je ne l'avais été, je rebroussai chemin, ramassai mes chaussures restées au pied des dunes et clopinai jusqu'à mon village.

J'y trouvai mes amis avachis aux tables de la terrasse du café, sur la grand place. Je leur expliquai vivement ma découverte et ma théorie, peinant à contenir mon excitation et brandissant ma pièce comme preuve de ce que j'avançais.

D'abord sceptiques, leurs visages s'éclairèrent peu à peu. Je suppose que c'est leur curiosité et l'appât potentiel du gain qui les finit par les décider. Ils délaissèrent leur boisson puis me suivirent sur la plage, après avoir récupéré quelques bricoles utiles chez eux.

Une fois de retour sur la plage, je n'eus aucune peine à retrouver l'entrée du passage. Son emplacement était comme gravé en moi. Le petit bras de mer disparaissait toujours à l'intérieur.

Il fut décidé que ce serait moi qui ouvrirais la marche, puisqu'il s'agissait de ma trouvaille. Je me saisis de la lampe torche que me tendit l'un de mes amis, et m'enfonçai à quatre pattes dans l'ouverture.

Le fond de la grotte était tapissé de sable et descendait en pente douce. L'eau froide qui coulait paresseusement me trempait les mains, la toile de mon pantalon et s'infiltrait petit à petit dans mes chaussures. Mais je n'y prêtais guère attention. L'éclat de la lampe torche, que je tenais entre mes dents, se réverbérait contre les parois difformes creusées par l'érosion.

Je débouchai finalement dans une vaste caverne circulaire. La roche formait un dôme lisse et régulier au-dessus de ma tête, dont quelques gouttes s'échappaient parfois pour s'écraser en-dessous.

J'en restai bouche bée. Le trésor caché dans cette grotte dépassait mes espoirs les plus fous.

Au centre de la salle souterraine trônait un monticule de pièces d'or et de bijoux, tous brillant sous les pâles rayons de la lampe torche. Un à un, mes amis débouchèrent à leur tour dans la caverne et contemplèrent ce trésor enfoui, incrédules.

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