🏅 Trinity

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Cette histoire a été écrite pour le concours annuel d'écriture de mon lycée, dans lequel il fallait rédiger une nouvelle d'anticipation en style autobiographique ayant pour thème "Qui et que serai-je à 50 ans ?".

Elle a obtenu la première place.

Un peu de vocabulaire (au cas où) :

Farmer : récolter des ressources à la chaîne pour monter en niveau – Tank : personnage possédant beaucoup d'armure et de vie, ce qui lui permet d'encaisser une grosse partie des dégâts  Mana : points de magie – Devs : les développeurs du jeu

Mes pieds glissèrent dans l'épaisse couche de boue du marais. Je me retins de justesse au tronc d'un arbre voisin et me hissai tant bien que mal sur une épaisse racine qui dépassait.

« Pas fâchée d'être arrivée à destination, soufflai-je.

Mes camarades acquiescèrent, s'extirpant à leur tour de l'eau brunâtre. Victor retira l'une de ses bottes et la retourna, renversant son contenu au sol.

« Moi non plus. Mais faut garder à l'esprit que ce n'était que la partie la plus facile...

- Facile, facile... grogna Mélissa, tentant tant bien que mal d'essorer son long manteau imbibé d'eau. Je savais qu'on n'aurait pas dû accepter ce job. L'autre était bien plus facile.

- Mais moins bien payé, rétorqua Sam, tandis que son jumeau hochait vigoureusement la tête.

- Tout ce qu'on a croisé jusqu'à maintenant, ce sont quelques sangsues et serpents des marais. Les choses sérieuses commencent maintenant, prévint Victor. Quelqu'un a besoin que je lui réexplique la stratégie ?

- Nan, ça va.

- Bon, alors n'hésitez pas à reprendre quelques forces, on y va. »

Je sautai de mon perchoir et gravis les quelques marches émergées menant à l'entrée du donjon en prenant soin de ne pas glisser.

Le vieux bâtiment n'était plus qu'un assemblage informe de pierres noircies et rongées par l'humidité. Certaines parties s'étaient effondrées. Il ne restait de l'entrée que son encadrement en ogive dont les moulures étaient à demi-effacées par le temps, le marais ayant eu raison de la porte.

À l'intérieur, un couloir de pierre disparaissait rapidement dans les ténèbres. Un faible courant d'air en jaillit en gémissant, charriant des odeurs nauséabondes. Je me couvris le nez et la bouche de ma manche, et me tournai vers mes coéquipiers.

Mélissa serrait son bâton de marche à s'en faire blanchir les jointures, les jumeaux Sam et Tim échangeaient leurs éternels paris à voix basse, et Victor caressait son bouc brun d'un air pensif.

Il croisa mon regard et sortit une torche de son sac, qu'il enflamma. Dès qu'il eut pénétré à l'intérieur, je dégainai ma dague et m'engageai à sa suite.

Nous avançâmes prudemment au rythme de la longue plainte lugubre du vent. Ça et là, l'eau s'était infiltrée dans le couloir et gouttait sur les pavés à intervalles réguliers, tandis que la torche de Victor jetait des lueurs tremblantes sur les murs craquelés.

La boue qui recouvrait nos bottes ne les empêchaient pas de claquer sur la pierre, et l'écho de nos pas se propageait loin au-devant.

Annonçant notre présence à tout ce qui pouvait se cacher à l'intérieur, ne pus-je m'empêcher de penser.

Bien vite, nous pûmes percevoir des ronflements sourds s'élever d'un peu plus loin. Lents et profonds, ils ne pouvaient provenir que d'une créature massive. Mélissa se rapprocha instinctivement de moi.

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