📰 La course contre la nuit - Partie 2

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La pluie diluvienne qui s'était abattue avait transformé la moindre parcelle de terre en mer de boue. Alourdie par son gros sac, Annie devait faire attention au moindre de ses pas si elle ne voulait pas glisser. Le voyage du retour s'annonçait bien plus périlleux que l'aller. Chacun de ses pas s'enfonçait profondément dans la gadoue, l'eau s'infiltrait dans ses chaussures et trempait ses pieds. Elle avançait considérablement plus lentement.

Un instant, elle songea à faire demi-tour et à attendre une journée de plus pour être sûre de pouvoir faire le trajet en une seule journée. Mais son neveu avait besoin de soins.

La jeune femme avança ainsi tant bien que mal toute la matinée, et une bonne partie de l'après-midi. Ses muscles la brûlaient et ses pieds, macérant depuis plusieurs heures dans une eau sale, commençaient à être sérieusement échauffés. Elle dut multiplier les pauses pour se relâcher et appliquer un peu de la gaze médicale sur ses ampoules. Mais en fin d'après-midi, elle se heurta à un nouvel imprévu qui anéantit le peu de détermination qui lui restait.

La tempête avait provoqué un glissement de terrain et toute une portion du sentier douanier avait disparu dans les éboulis amassés au pied de la falaise. Annie s'assit sur un gros rocher et avala une gorgée d'eau. Elle n'avait pas le choix, il fallait qu'elle tienne.

Elle passa une main dans ses cheveux trempés de sueur et se releva. Elle se dirigea vers la forêt qui s'étendait sur l'autre côté du chemin et, tournant le dos au large, s'enfonça dans les bois.

La couche de boue qui parsemait la forêt n'était que plus épaisse. Annie avait l'impression que chaque pas l'enfonçait un peu plus dans des sables mouvants. De plus, le large feuillage des arbres déversait continuellement l'eau qui s'était amassée entre ses feuilles, créant une pluie continuelle qui troublait le silence, couvrant le souffle haché de la jeune femme et les chuintements provenant de ses chaussures à chaque pas.

Soudain, le pied d'Annie dérapa sur une racine et s'enfonça brusquement dans un nid-de-poule. La fatigue et la peur qu'elle avait accumulées eurent raison d'elle et elle bascula en avant, entraînée sur un toboggan de boue qui coulait à travers les arbres.

Elle dévala la pente en roulé-boulé sans pouvoir s'arrêter, se heurta au tronc d'un grand pin avoisinant et se releva avec peine. Le sol tanguait sous ses pieds.

Son sac ! Où était passé son sac ? Il fallait absolument qu'elle le retrouve, il contenait son eau, ses rations et surtout, la trousse de médicaments pour son neveu !

Paniquée, elle se mit à fouiller frénétiquement le sol autour d'elle. Sa cheville gauche l'élançait violemment.

Comment avait-elle pu laisser tomber son sac ?

La boue devenait de plus en plus sombre, à mesure que la luminosité baissait. Finalement, Annie se laissa tomber sur un rocher à proximité. Avait-elle encore une chance de trouver un abri avant la nuit ? Elle était pourtant si près du but... Peut-être pouvait-elle rentrer encore à temps au village, et revenir le lendemain avec des renforts pour retrouver son sac ?

Elle se releva et grimaça. Maintenant que son taux d'adrénaline était retombé, sa jambe la lançait de plus en plus. Elle remonta son pantalon : sa cheville était chaude au toucher, et lui semblait légèrement enflée. Elle ramassa une branche morte à demi-enfoncée dans la boue et s'appuya dessus pour avancer. Petit à petit, elle se remit en marche.

Le soleil continuait sa course inexorable toujours plus bas vers l'horizon. Dans l'obscurité croissante, les arbres commençaient à se confondre. Les racines et autres cailloux dépassant du sol disparaissaient dans la boue et les hautes herbes, faisant trébucher Annie de nombreuses fois.

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