Nouvelles fantastiques de Cinetis

📰 Le monde oublié - Partie 2

Après avoir parcouru une certaine distance dans la jungle luxuriante, Thomas put arriver à quelques conclusions. Premièrement, cet endroit avait tout d'un jardin, avec ses petits sentiers de galets, ses innombrables espèces différentes et les petites pancartes qui émergeaient parfois de la mousse. Cependant, personne n'était venu s'en occuper depuis bien longtemps. La flore avait totalement repris ses droits.

Deuxièmement, il devait être en train de rêver. Il parcourait un jardin, une serre luxuriante cachée au fond d'une grotte dans un désert aride, baignée d'une belle lumière blanche alors qu'il faisait nuit.

Il ne voyait pas d'autre explication. Et pourtant, il avait eu beau se pincer plusieurs fois, rien ne changeait. Il s'agissait sans doute du rêve le plus étrange, et le plus réaliste qu'il n'ait jamais fait.

Il finit par arriver au bout de ce jardin miraculeux, marqué par une grande arche de pierre sculptée dans la roche étoilée.

Fido, qui jusqu'alors trottait gaiement devant lui, comme s'il connaissait parfaitement les lieux, s'élança soudain et disparut à travers l'arche, dans un grand couloir plongé dans les ténèbres.

Les petites spores flottant dans l'air, qui jusqu'alors étaient d'une douce couleur blanche, perdaient de leur éclat en passant sous l'arche, comme si celle-ci absorbait toute la lumière qui y pénétrait. Thomas pencha la tête à travers. Un souffle d'air gelé y soufflait par intermittence, et ses yeux ne parvenaient pas à percer l'obscurité qui y régnait.

Il recula. L'air doux et chaud de la serre l'enveloppa à nouveau.

Pourquoi est-ce que son chemin devait forcément passer par là ? Ce couloir lui donnait des frissons qui n'étaient pas dus qu'au froid environnant.

Il sortit son smartphone de sa sacoche et voulut allumer sa lampe-torche. Le petit objet resta inerte dans sa main. Fronçant les sourcils, il tenta encore une fois de l'allumer, mais sans succès. Il semblait s'être totalement vidé de sa batterie.

Tant pis. Il devrait faire sans.

Thomas rangea le téléphone, prit une grande inspiration et franchit l'arche de pierre. Il eut l'impression d'avoir plongé la tête sous l'eau.

S'efforçant d'ignorer les frissons qui le parcouraient, il commença à avancer le long du couloir, uniquement éclairé par la lumière du jardin perçant à travers l'arche. Elle s'estompa néanmoins très vite, forçant Thomas à avancer une fois de plus dans un noir quasi-complet. Il y retrouva la roche pailletée de milliers de petits grains brillants, qui lui procurèrent de quoi voir où il mettait les pieds. Cependant, à la différence de la première fois, leur lumière était froide, dans des tons de bleu ou de gris.

Pour s'aider, Thomas plaça l'une de ses mains le long du mur. La roche était humide et froide, et il la retira rapidement. Il lui semblait entendre des choses dans le lointain. Comme un souffle de vent, peut-être, ou comme... Comme des chuchotis.

Il n'était pas seul.

Il déglutit péniblement et se força à avancer malgré l'angoisse qui lui tordait les entrailles, en faisant particulièrement attention aux endroits où il posait les pieds. De temps à autre, les chuchotis se faisaient plus clairs, plus proches, ressemblant alors à une longue suite de plaintes ou de sifflements, avant de s'éloigner à nouveau.

Il faisait toujours glacial dans le couloir, mais Thomas transpirait à grosses gouttes. D'ailleurs, il n'aurait pas su dire si le couloir s'était rétréci, ou au contraire élargi en une vaste caverne. Les petits éclats trompaient totalement son appréciation des distances. Il aurait tout aussi bien pu marcher droit vers un mur.

Un souffle glacial chatouilla sa nuque. Thomas sursauta et se retourna d'un bond. Le souffle court, il scruta les ténèbres sans rien voir.

Si, là !