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Elle se sent sale, extrêmement sale, elle les sent encore, ces choses sur elle. Elle avait beau fermer les yeux, se débattre comme personne, rien n'y faisait. Et c'est comme si, c'était destiné à se passer ainsi. Mais elle ne voulait pas, ce n'était pas son choix, rien de tel, non, rien de tel n'aurait jamais jamais dû avoir lieu. Une bille remonta jusqu'à sa gorge, soudain l'air lui manquait considérablement, la jeune femme se precipita vers la poubelle de sa chambre, l'odeur de cette derniere fut le declencheur. En vomissant, elle cria, hurla toute la douleur qu'elle ressentit. Mais était-ce suffisant pour qu'ils comprennent ? Certainement pas, sa voix n'avait pas ce pouvoir, elle ne peut pas leur communiquer toute sa détresse par son biais, et seulement par son biais. Il fallait regarder ses yeux, cette lueur de détermination disparue, il fallait se pencher sur son visage, déformé par les larmes et les maux, il fallait poser ses yeux sur son corps, griffé, tâché, pâle, plus rien n'a de vivant chez lui. Alors que les cris continuaient pendant une éternité, ils cessèrent quand la lune fut au milieu du ciel sombre saupoudré de cristaux brillants. Son corps fébrile est allongé sur le par terre glaciale, la porte grinça, une personne y entra. Il était roux, tout comme elle, son regard brun est effaré. Il ne doit pas être là, il ne se sent pas coupable, et c'est ça le pire. Il n'arrive pas à se sentir mal, il la regarde, que doit-il faire exactement ? S'excuser ? C'est ridicule il ne s'en voulait même pas, alors à quoi bon ressasser ce qui s'était passé ? Il a été contraint de le faire, maintenant qu'il a gagné ce soit disant respect de ses frères, tout est fini, voilà, c'est fini... Mais alors pourquoi cette horrible sensation vient-elle brûler ses entrailles ? Mais pourquoi est-il là, au juste ? Il fut complexe de décrire tout ce qu'il avait pu ressentir à cet instant, aucunes excuses, rien, maintenant il sait qu'il doit s'en aller, il ne pourra plus jamais la regarder dans les yeux dorénavant, pars, tu n'as pas ta place, monstre. Je suis un monstre. Et il accepta cette idée.

La rousse passa ces derniers mois isolée, elle avait beau s'encourager d'aller dehors, respirer autre que cette chambre qui empestait le vomis. Ses jambes ne lui obéirent pas, elle se sentait telle une handicapée sur ces draps. Et elle détestait ça du plus profond de son être, elle se méprisait d'être devenue une bonne à rien, elle qui a toujours été forte depuis le début. Pourquoi ? Pourquoi..? En ce mois de décembre, elle allait donner vie à un être innocent de toutes les horreurs de ce monde, sa peau blanche tel un ange mettra en avant et nous rendra en admiration face à ses orbes couleur des feuilles vertes, nous faisant penser au vivant. En revanche ses cheveux feu rappelleront l'acte infâme commis et les blessures qui ne cicatriseront jamais.

- Elle s'appellera... et elle chuchota son prénom près de son oreille minuscule rougie par le froid.

Et alors qu'elle pensait que cet ange allait apporter un renouveau miraculeux à sa vie emplie d'épines, on le lui arracha, on lui cracha à la figure, on la piétina d'insultes. Ceux qui lui avaient retiré sa dignité, lui retirèrent son enfant, et lui il s'était contenté de regarder. Fanny se brisa, mais qui était elle devenue ? Rien, je ne suis plus rien. Quand allait-elle renaître de ses cendres, quand allait-elle retrouver ce sourire perdu, quand... quand est-ce que ça va s'arrêter ? Cette nuit-là, elle pleura enfouie dans ses draps salies par le temps. Dans la nuit la plus froide de l'année, Rien ne valait pas plus qu'une poussière, et elle accepta cette idée.

LA ROUSSE AUX YEUX VERTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant