Chapitre 19

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— Caporal Tp, je voulais vous remercier de m'avoir sauvé la vie, et, de surcroît, celle de mon frère... — dit Théo, presque en murmurant, en me tendant maladroitement des fleurs.

Je me fige, sentant tous les regards se tourner vers nous. Je suis assise avec mes amis, discutant et riant de la mission de la veille. La table des gradés est juste à côté, et je peux sentir les regards de Livai et Erwin sur moi.

On ne peut décidément pas manger tranquillement ici. Je viens à peine de sortir de l'infirmerie et de quitter la bouffe infâme qu'on nous servait. J'avais tellement faim... alors pourquoi maintenant ?

— Euh... merci, Théo, mais vraiment, ce n'était rien, — dis-je, essayant de ne pas trop attirer l'attention.

Théo secoue timidement la tête, son visage rougissant.

— Non, Caporal... vous ne comprenez pas... Mon frère et moi étions coincés... et sans vous, nous serions morts. Vous avez risqué votre vie pour nous, et... — il s'arrête, cherchant ses mots. — Pour cela... nous vous sommes... éternellement reconnaissants.

Il insiste en m'appelant "caporal" à chaque phrase, ce qui commence sérieusement à me gêner. Mes amis autour de la table essaient de retenir leurs rires, tandis que la table des gradés nous observe avec intérêt. Livai lève un sourcil, visiblement amusé par la scène.

— S'il te plaît, Théo, arrête de m'appeler "caporal"... — dis-je doucement, espérant qu'il comprenne la gêne que ça me cause.

Mais Théo, dans sa timidité et son besoin de bien faire, continue, ignorant ma demande.

— Mais Caporal, — balbutie-t-il en baissant la tête, — ce n'est pas tout... Votre courage et votre détermination sont... une inspiration pour nous tous. Même quand... les choses semblaient... impossibles, vous avez trouvé... un moyen de nous sortir de là...

Je sens mes joues chauffer de gêne, et à l'arrière, les rires de Hanji ne m'aident en rien. Que quelqu'un me vienne en aide.

— Théo, je... — commençai-je, cherchant désespérément un moyen de clore la conversation pour qu'il cesse de me mettre dans cette situation inconfortable, mais il reprend avant que je ne puisse l'arrêter.

— Et je veux aussi... vous remercier de... m'avoir donné une chance de... prouver ma valeur. Grâce à vous... j'ai pu montrer... ce dont j'étais capable... Et mon frère, qui... pensait abandonner... il a retrouvé espoir... grâce à vous.

Je vois ses yeux briller de reconnaissance, et mon embarras atteint des sommets.

— Caporal Tp, vous êtes... notre héros... — conclut-il timidement, son visage toujours rougi.

La salle éclate de rires et d'applaudissements. Je baisse la tête, essayant de cacher ma gêne. Je sens toute l'attention sur moi, et ça devient de plus en plus insupportable.

— Caporal, si vous avez un moment... après le repas... j'aimerais vraiment... vous parler en privé... pour vous exprimer toute ma gratitude... — murmure-t-il avec une hésitation palpable, ses yeux pétillants de sincérité.

Juste à ce moment-là, dans son enthousiasme et sa nervosité, Théo fait un faux mouvement et renverse accidentellement mon assiette, éparpillant ma nourriture sur la table.

C'en est trop...

Ma patience atteint ses limites, mais je sais qu'il ne l'a pas fait exprès. Je me lève doucement, essayant de ne pas paraître trop dure. Sans hésitation, je prends Théo par les épaules et le regarde droit dans les yeux.

Livai x Reader - La mort n'est qu'un jeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant