FIN DE LA PARTIE 1

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.13.

| K e l l i a n |

| Ezra's
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⛓︎

Les journées se passent dans une ambiance étrange et réprimée, un horrible crescendo vers la folie. Les fils du temps semblent se refermer autour de mon esprit et pourtant, je ne dis rien, je ne fais rien.

J'attends.
Je ne cède pas.
Je suis cloîtrée dans ce lit depuis - je ne sais combien de temps-, comme prisonnière de cette perfusion, de ce mal.

Après avoir compris que Ahren ne venait pas me chercher parcequ'il savait sûrement que je n'allais pas bien, je devais continuer à faire semblant - je vais réellement mal-, J'émerge difficilement dans mon sommeil, je suis épuisée,  je n'entends que des voix et ne remarque que des silhouettes dans un flou mouvement.

– Tu crois qu'elle va bien?

C'est Juan.

– Oui elle va aller mieux, rétorque Ezra.

Le temps passe et la nuit tombe.

– Vous ne me cachez rien? Vraiment ? Tu peux me le dire si rien ne va.

C'est Jihye.

– Puisque je te dis que non, sinon tu le saurais.

Le temps file et la nuit est remplacée par l'aube, encore. Mes sens sont toujours mélangés et les couleurs orangées d'une fin de journée d'hiver me font comprendre que la nuit tombe encore une fois.

– Oh diable Kellian, mais que t'arrive t'il ?Qu'as-tu bien pu faire pour subir ça?

C'est la voix de ma mère.

Je l'entends s'approcher silencieusement, puis s'arrêter, semblant fixer la poche de perfusion. Je ne peux pas voir l'expression qu'elle arbore, ni même son visage.

– Tu dois aller mieux Kellian , dit-elle. J'ai encore besoin de toi.

Ma mère est inquiète comme jamais et paniquée. Je suis surprise au point de me questionner sur la sincérité de son attitude. Je ne veux pas lui parler, je referme les yeux et plus tard ces sont des sanglots et de supplications qui me réveillent.

– Pardonne moi, pardonne moi Kellian, pardonnez moi Ezra et toi.

Mon corps ne cesse de trembler sous ma couverture, elle ignore ce que je ressens. Elle ignore que depuis, chaque matin ma peau est luisante de sueur, que la gorge me brûle à cause de remontées de bile permanentes. Elle ignore ce qui m'arrive, je l'ignore moi même. Je vis une mort affreuse et lente.

Enfant, elle n'a jamais su comprendre le mal qui accablait mon cœur. Elle n'a jamais été capable de comprendre ma douleur, de comprendre cette détresse.

« Tu veux devenir une ratée? »

« Ta peau est trop pâle »

« Tu as perdue ta ligne »

« Tu n'es qu'une ratée »

Les souvenirs tentent de ressurgir, je me débats à les repousser mais leurs attaques sont incessantes. Je veux lui dire d'arrêter de pleurer, qu'elle n'a rien à prouver aujourd'hui.

Et surtout qu'elle n'a pas à prononcer le nom d'Ezra de sa langue de vipère, pour ses larmes de crocodile. Je veux le crier, je veux lui dire sincèrement ce que je pense d'elle. Mais lorsque j'ouvre les yeux pour le faire ; une silhouette se dresse à mes côtés.

ROSSIYSKAYA |  T1 & T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant