Mai, 2018
Missouri, St-Louis~Abby~
La lune était belle ce soir comme ces roses rouges qui étaient illuminées par la lueur de l'astre de la nuit. J'aimais énormément les roses rouges il y a quelques années, aujourd'hui je les détestais, parce qu'elles symbolisaient la peur, la destruction et l'obscurité.
— Madame ? Vous m'entendez ? fit un inconnu
Je détachais mon regard de ces roses maudites et le posais sur l'officier qui était posté devant moi. Bloc-notes à la main, il m'interrogeait du regard ayant l'air ennuyé, alors je me contentais de hocher la tête.
— Avez-vous eu un contact avec la victime quelques heures avant sa mort ?
Victime.
Quelle drôle d'appellation pour ce type. Il avait plutôt la carrure de l'agresseur, du bourreau, du monstre.
J'étais la victime, pourquoi était-ce toujours sur lui qu'on se concentrait ?
Victime.
Il était une victime, il était mort.
Étrangement, mon cœur était en paix avec cette idée, étais-je devenue un monstre pour autant ?
— Non, aucun, murmuré-je dans un souffle à peine audible.
Et je ne cherchais pas à en avoir. Pourquoi le ferais-je ? Il était l'incarnation de ma terreur nocturne, du diable à l'état pur.
— Bien. Souhaitez-vous voir le corps une dernière fois ?
Je secouais vivement la tête, ce fut comme un automatisme.
Le corps.
Tout cela semblait si irréel, je pouvais encore sentir son haleine musquée et ses mains rugueuses sur ma peau. Mon cœur se mit à battre de façon effrénée, j'avais l'impression d'entendre son rire sadique au salon et ses mots à mon oreille.
Il était mort.
Il était mort.
Alors pourquoi avais-je l'impression que son esprit était encore beaucoup plus destructeur ?
Il était mort, mais c'était comme si son âme errait et était destiné à me tourmenter, à me briser jusqu'à la fin des temps. Je m'étais pourtant promis de ne jamais le laisser gagner, et pourtant même mort, il avait l'avantage.
— Mademoiselle Marshall, tenez, reprit l'officier en me tendant sa carte. Si vous vous souvenez de quoi que ce soit, n'hésitez pas à nous contacter. Et laissez moi vous présenter toutes mes condoléances pour votre petit ami.
Il opina de la tête avant de me tourner le dos, je le fixai s'en aller dans un silence oppressant. Je descendais alors une marche des escaliers en pierre qui menait au perron de ma maison et m'asseyais sur celle-ci avant de contempler la carte que l'officier m'avait confiée. Je sortis un zippo de ma poche, le mit en marche et laissais la flamme lécher le carton.
Il ne pouvait rien faire pour moi, mon monstre allait être bientôt sous terre mais son esprit continuera à me tourmenter pour l'éternité et je crains de le laisser gagner.
Parce qu'après les coups, les cicatrices survenaient.
Elles étaient et resteront des traces indélébiles horribles de son passage et de sa domination. Elles nous caractérisaient, donnaient une partie de notre identité. Elles parlaient en silence et ce silence était souvent plus éloquent que des mots.
Mon corps avait fini par me dégoûter, remplis de cicatrices et d'ecchymoses de toutes les couleurs. Je n'étais plus rien, seulement un punching-ball et un trou pour se vider. Et je savais que la fin était proche, qu'un jour je fermerais les yeux sans les rouvrir, parce qu'il aura gagné. Le dégoût prendra bientôt possession de mon esprit et ce jour-là, Emerson aura gagné de sa tombe.
Je n'ai plus aucune raison de vouloir me battre pour pouvoir respirer sans crainte de souffrir.
Il est en sécurité, loin des dangers, loin de moi. Il sera heureux et aimé. Il n'a plus besoin de moi. Il n'avait pas besoin de moi.
Emerson, tu gagneras peut-être, tu auras sans doute raison, mais j'aimerais avant pouvoir me conforter dans l'idée que tu as tort et que je gagnerais au moins une fois contre toi.
Emerson, tu es mort mais je prierais ce soir pour affronter cette bataille que je m'apprête à livrer contre toi. Pour lui, pour moi et pour le sourire que tu m'as volé.
Emerson, tu es mort ce soir en ayant pris mon cœur, mon corps et mon âme. Alors je me battrais, peut-être en vain mais j'essaierais pour enfin me retrouver.
★★★
Hellooooo !!!
Que ça faisait longtemps !!
Vraiment, je n'avais même pas prévue d'écrire à nouveau une fonction, qui à la base était un défis d'écriture d'une semaine- oui bon je sais.Petit prologue, alors qu'en avez-vous pensé ??
On se retrouve donc lundi prochain pour le chapitre 1 !
Love'
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Our Broken Souls [ESPRIT CRIMINEL] en pause
FanficLa peur. Ce sentiment, Abby le connaissait. Il la suivait à chaque pas, à chaque respiration, il était devenu une partie de sa vie, une partie d'elle dont elle ne pouvait se défaire. Parce que c'était lui : Emerson Davis, son petit ami, la source o...