|𝟺| 𝚂𝚄𝙽.

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12 mai, 2018
Missouri, St-Louis, 23h57



~Abby Marshall~

Ma main me lançait. Malgré les soins délicats du docteur Reid, je sentais ma main gonfler à travers le bandage. Allongé dans mon lit, je ne cessais de repenser à cette soirée chaotique. J'avais frappé une femme, je pensais plutôt qu'elle était au mauvais endroit et au mauvais moment. Honnêtement, j'avais besoin de me défouler et de frapper dans quelque chose ou plutôt... quelqu'un. Alors il suffisait d'un regard de travers et des propos désobligeants à mon égard pour déclencher cette soudaine envie de frapper.

Je me retournais une nouvelle fois dans mon grand lit en recherche du sommeil mais ce dernier n'était pas prêt à m'accueillir. Mon esprit divaguait entre la discussion que j'ai entretenu avec le docteur et les sensations grotesques que ses soins m'avaient procuré. Je pouvais encore sentir son parfum m'envelopper comme une bulle réconfortante et sécurisante. Lorsque sa grande main fine et puissante s'était emparée de la mienne, j'ai cru pendant un instant qu'il allait me la broyer, j'avais terriblement peur de ses agissements. Mais c'était comme si mon corps savait qu'il ne ferait jamais rien contre moi, pourtant tout le long un haut le cœur ne m'avait pas quitté. La crainte et la peur m'avaient submergé alors la conversation était une évidence si je ne voulais m'effondrer en pleurs.

Cet homme avait l'air d'être un héros, sans la cape bien sûr mais il en avait l'étoffe. Comment a-t-il pu souffrir... ? Il est clair que la souffrance avait fait partie de sa vie, et je mourrais d'envie d'en savoir plus et cela n'était pas concevable. Parce que je savais pourquoi je voulais m'intéresser à ce cher docteur Reid, c'était pour oublier, ou du moins pendant quelques instants, mes problèmes et mes maux. Il en était hors de question de l'utiliser, il était un homme trop gentil pour être utilisé égoïstement.

J'attrapais mon téléphone et ne manquais pas de jurer en voyant qu'il était minuit passé. Malgré l'heure tardive, le sommeil ne venait pas. Quand Emerson était toujours vivant, je réussissais à m'endormir car mon corps était bien trop épuisé, mais maintenant que le silence fut le maître des lieux, c'était impossible de fermer l'œil. Alors mon téléphone me divertissait durant les vingt prochaines minutes, passant par les réseaux sociaux et les jeux mobiles, je ne trouvais rien de bien intéressant pour m'occuper. Rapidement l'idée de le contacter m'effleurait l'esprit, dormait-il... ? Au moment où je m'apprêtais à saisir sa carte, mon téléphone vibrait montrant un appel entrant et le nom que je lisais sur l'appareil me donnait des sueurs froides.

— Maman ?? Tout va bien ?? m'exclamé-je en me redressant, complètement paniqué

Il était tard, et elle ne m'appelait jamais après vingt heures, mon dieu et s'il lui était arrivé malheur ?

— Tout va bien ma chérie, je voulais avoir de tes nouvelles !

— A minuit passé ? Maman, tu es sûr que tout va bien ?

— Mais oui ! Tout va bien !! répond-elle en riant légèrement

Pourtant le nœud qui s'était formé dans mon ventre ne cessait de grandir. Je ne pourrais pas vivre en sachant qu'il lui était arrivé quelque chose.

— Il... va bien ? demandé-je en refoulant mes larmes.

Ma mère mit du temps à répondre, comme si le temps s'était arrêté et que c'était ma punition de le subir.

— Maman ?? Il va bien ?

Mais elle refusait de parler, et cela fut comme recevoir un poignard en plein cœur. Ce dernier me faisait mal, atrocement mal à un point où même les coups étaient des caresses.

Our Broken Souls [ESPRIT CRIMINEL] en pauseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant