Passion imprévue

XIII :

«  Croyais-tu que j'étais idiot ? rit Ethan d'un air condescendant. »

Je baissai la tête : il voyait clair dans mon jeu et avait compris dès le début mes intentions. Néanmoins, je ne devais pas m'avouer vaincue. Mentir était actuellement le seul moyen pour moi de ne pas couler :
« Tu es vraiment surprenante, Elena. Je ne pensais pas que tu oserais faire ça.
— Vous vous méprenez totalement. J'ai extrêmement mal à la hanche et mon amie s'était proposée pour m'aider.
— Je sais très bien que ceci était un mensonge, car tu m'avais dit que tu n'avais pas mal lorsque tu étais venue."

Il racla sa gorge. Je ressentais sa peine et son dégoût. La pitié m'envahit ; peut-être était-ce parce qu'il était le personnage que j'avais créé :
« Docteur... Je suis désolée. Je ne vous avais pas dit la vérité, car vous semblait à tout prix vouloir un rendez-vous à mes côtés, alors je ne voulais pas vous le dire.
— Arrêtez de parler, par pitié. Vous me donnez la migraine."

Mon cœur se pinça. Il venait de me vouvoyer. Cette habitude de me tutoyer s'était envolée aussitôt qu'elle était arrivée. Je lui tendais la pochette bleue contenant mes examens de radiologie et Ethan la saisit sans rien dire. Nous poursuivîmes malgré tout la consultation de la même manière que si rien ne s'était passé :
« D'après vos examens, vous n'avez rien. Votre hanche n'est ni fêlée, ni cassée. Je ne remarque pas d'arthrose ou de dysplasie. Je pense donc que vous n'avez rien, dit-il avant de maugréer, autrement dit vos symptômes sont de l'ordre de l'imaginaire, mademoiselle Marshmell. Toutefois, je ne peux pas encore vous laissez partir. Je vais procéder à quelques examens préliminaires. »

Il se leva de sa chaise précipitamment, comme s'il avait été piqué par un serpent, et s'approcha de moi :
« Allongez-vous sur la table d'examen médicale. »
Je détestais son air sévère qui implicitement me donnait des ordres et me commandait. Il se pencha au-dessus de moi et plaça son stéthoscope au niveau de mon cœur pour entendre ses battements. Palpation, prise de pouls, percussion ; vingt minutes de torture durant lesquelles je me sentais de plus en plus honteuse. Ethan retourna alors à son bureau sans rien dire et prit quelques notes. D'un coup, il releva la tête. Son regard m'affrontait directement :
« Trouvez-vous que je suis une si mauvaise personne ?
— Que voulez-vous dire ? Pourquoi dites-vous ça ?
— Vous essayez à tout prix de me persuader que votre amie ou meilleure amie est très belle. D'ailleurs, la dernière fois vous n'arrêtiez pas de me demander si je la trouvais jolie. Pensez-vous que je n'ai pas vu clair dans votre jeu ? Si vous ne vouliez pas boire un café avec moi, vous n'aviez qu'à me le dire. Mentir ne sert à rien, mademoiselle Marshmell. »

Le rouge teinta mes joues en à peine quelques secondes. Coupable, mes mains tremblaient :
« La vérité.. La vérité est que je n'ai jamais été aller boire un café avec un homme. J'avais donc peur d'y aller avec vous et j'ai préféré mentir, mais j'en suis navrée. Alors, j'avais eu l'idée de te faire rencontrer Maileen. De cette manière, tu aurais pu boire un café avec quelqu'un même si ce n'était pas moi. Je voulais te trouver une alternative »

Mentir est mal. Mentir est mal. Mentir est mal. Pourtant, comment s'en sortir ? Il était impossible de dire : Je suis l'auteure d'un roman et tu n'es qu'un personnage de roman que j'ai créé. Dans le roman, tu devais tomber amoureux de Maileen dès le premier regard or, ça ne s'était pas passé comme ça la dernière fois alors j'ai voulu permettre au roman de suivre son libre court.

Son regard se fit plus intense qu'avant. Ses yeux d'ambre brillaient de mille feux alors qu'une lueur mystérieuse calcinait ses iris :
« Me le dire aurait été une meilleure option. J'aurai très bien pu le comprendre. Je ne suis pas un monstre sanguinaire qui force des femmes à boire un café avec lui. Je suis content que le malentendu soit dissipé. »

J'agitai la tête en signe d'accord. L'obligation actuelle ? Trouver un autre moyen de les faire se rencontrer. Mais, c'était sans compter sur l'obstination d'Ethan...