Chapitre 6

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Quoi ?

Je ne suis pas dupe, elle parle de moi. Mais... quel culot. J'ai le cœur qui bat à mille à l'heure et une pierre tombe dans mon estomac. Je respire alors que j'entends les deux filles rire à mon sujet. J'ai le sang qui boue, et je me retourne vivement pour découvrir Isaure et sa cousine, Layla, me lancer des œillades moqueuses.

Tout le monde les a entendues.

J'ai... honte.

Mais en même temps, un sentiment de colère intense embrunit mes pensées : je vois rouge.

- Vous vous croyez drôles ? Je lance à leur intention, tout le monde n'est pas né avec une cuillère d'argent dans la bouche. Tu devrais faire attention à ce que tu dis, je précise, à l'intention de Layla. Concentre-toi plutôt sur l'épreuve.

Ma voix ne flanche pas, mais les battements de mon cœur bourdonnent à mes oreilles. Je n'y crois pas : qu'elles osent dire ça...

J'entends à peine Lily Yuan se faire appeler, tant je suis énervée.

- Tu me menaces ? dit Layla en s'avançant

Elle est tellement... prévisible. Et cliché, qui plus est. Je souffle, tentant de me calmer. Je ne peux plus laisser mes émotions être maîtresses de moi. Il faut que ce soit moi qui décide de ce qui m'atteint ou non.

Et alors, je réalise que c'est exactement ce qu'elle veut : que je ne contrôle plus mes émotions. Elle veut me déstabiliser ; engendrer un conflit qu'elle ne me croit pas capable de gérer, afin de saboter mon épreuve.

Je souffle, avant de lui répondre.

- Je n'ai pas besoin de te menacer, je lui réponds. Je ne m'abaisserai pas à ta stupidité enfantine. Disons simplement que tu viens de nous prouver que tu n'es qu'une pimbêche écervelée, et que tu es loin de mériter la victoire.

Elle ricane.

Qu'elle rigole. Je vais lui couper l'herbe sous le pied.

- Oui, ma mère a un cancer. Oui, elle ne peut plus travailler, parce que la maladie prend le pas sur tout dans nos vies, j'assène. Oui, j'ai des factures et des honoraires de médecin longues comme le bras à régler. Et non, je n'accepte pas de l'argent que je n'ai pas gagné moi-même, car je m'interdis de dépendre de qui que ce soit, contrairement à toi qui vit surement sous la coupe de papa. Donc non, je ne viens pas de ton univers, et j'en suis heureuse. Mon short me convient très bien, et si ce n'est pas ton cas, tu n'as qu'à regarder ailleurs. Garde tes commentaires pour toi, tu n'intéresses personne ici. Un peu comme ta cousine, qui court derrière Hugo comme un chien alors qu'il n'en a rien à foutre d'elle.

Et voilà, je viens de la désarmer en à peine quelques secondes.

Je souris fièrement, alors que son regard s'assombrit. Elle le voit bien : j'ai été plus maligne. J'ai assumé fièrement toutes les choses qu'elle aurait voulu me lancer à la figure, et j'ai retourné l'attirance d'Isaure pour Hugo contre elle. C'est peut-être petit, mais elle vient bien de ricaner à mon sujet il y a quelques secondes, je ne peux pas laisser faire ça...

Et c'est alors que Layla fait la seule chose qu'il lui reste à faire : elle me pousse dans l'eau. Cette gamine sans cervelle me fait trébucher de la plateforme déjà instable, et j'étouffe un petit cri tandis que je tombe à la renverse, en arrière. J'atterris dans la mer dans un fracas bruyant et le choc de température lance un frisson dans tout mon corps. L'eau est fraîche, mais mon corps tout entier boue. Elle a osé, la garce...

Je parviens à émerger de l'eau en quelques secondes. La haine me transporte jusqu'à la plateforme et je ne contrôle plus rien. Je me hisse alors que j'entends des cris devant moi, mais je ne vois plus rien d'autre qu'elle et de son petit sourire suffisant au-dessus de moi.

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