Chapitre 7

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- Écarte-toi ! j'entends Hugo crier au loin

Je ne sais pas s'il s'adresse à moi, ou à quelqu'un d'autre, et je n'ai pas l'énergie pour essayer de le comprendre. Tous mes muscles sont endoloris, et je n'arrive plus à réfléchir correctement.

- Tu ne vois pas que j'essaie de l'aider ? j'entends une voix grave, qui résonne à mes oreilles et dont je sens les bras du propriétaire me soulever

Un splash sonore retentit derrière moi, alors que je commence à percevoir les murmures pressés qui m'entourent. Mais je suis incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt.

- Donne-la-moi, j'entends mon cousin dire entre ses dents

Sa voix est plus forte, signe qu'il s'approche pour me rejoindre.

Me rejoindre où ?

Je ne sais pas. Je n'arrive plus à formuler de pensées correctes.

Tout ce que je sens, c'est un torse ferme contre moi, qui me porte en faisant attention à ne pas toucher le côté de mon corps meurtri. La chaleur de son corps contraste avec le froid des lames qui courent dans mes veines. Le parfum de l'inconnu est boisé, et si j'avais toute ma tête, je pourrai l'apprécier. Mais tous mes sens sont affaiblis.

La douleur... je n'arrive même pas à la bloquer.

Je me sens passer des bras réconfortants qui m'avaient recueilli à d'autres, encore plus imposants. Cependant, ceux-ci heurtent mon omoplate et une douleur lancinante me parcours de haut en bas. C'est invivable, c'est... trop.

- Attention à son bras ! j'entends crier

Et l'obscurité m'envahit à nouveau.

***

Lorsque je me réveille, je suis de retour dans les jardins de Large Hill Mansion. Je le sais parce que la première chose que je voix, ce sont les marches sur lesquelles se tenaient les majordomes quelques heures plus tôt. Ils se tenaient ici pour...

Je reste quelques instants confuse. Qu'est-ce qui s'est passé aujourd'hui, déjà ? Mes souvenirs sont flous ; c'est comme s'ils étaient à portée de main, mais que je n'arrivais pas à les saisir. Je confère alors toute la concentration dont je peux faire preuve, et pousse mon esprit à se focaliser sur ce que je recherche.

Ce matin, je me suis levée et j'ai mangé un pain au chocolat. Non, pas ça putain...

Et puis, comme dans un flash, tout me revient.

Le parcours du combattant.

Ma dispute avec Layla.

Et ces cris...

Je préfère ne pas me les rejouer.

Je tente de me mettre assise, mais une douleur m'assaille directement. Merde, mon poignet. Je n'ai pas fait attention, et je l'ai légèrement bougé, ce qui m'envoie une douleur lancinante dans tout le bras. Je me rappelle alors ce qui s'est passé. Ma main qui se tord dans une position anormale, et le déferlement de douleur. Lorsque je tourne la tête, je découvre mon avant-bras complètement bandé.

- Tu es réveillée, j'entends, et je rencontre les yeux d'Elias, qui se tient debout, les bras croisés, juste à mes côtés.

Merde, putain. J'ai fait un malaise.

Moi qui ne voulais pas me montrer faible, j'imagine que c'est raté.

Mais, à la vue des autres participants aussi mal en points que moi derrière Elias, je me rassure en me disant qu'au moins, je ne suis pas la seule. Il semblerait qu'une sorte d'hôpital de fortune ait été improvisé dans le jardin. Des toiles de tentes sont dressées, et j'aperçois des médecins qui s'affairent autour des blessés. Je ne soupçonnais même pas qu'il y avait des du personnel soignant à Nébulythia, l'île est si petite...

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