Chapitre 3

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C'est le jour J. C'est la rentrée.

Je dois y être pour 9 h 30, mais j'étais beaucoup trop stressée hier, alors mon premier réveil sonna à 6 h ce matin. Je peine à sortir de mon lit et me dirige vers ma salle de bain, encore un peu endormie. Je fais couler l'eau de la douche avant d'y entrer, pour éviter d'avoir de l'eau froide. Je me douche et me maquille. Je ne veux pas en faire trop non plus pour mon premier jour, donc j'opte pour quelque chose de léger. Je m'habille ensuite avec la tenue que j'ai prévue il y a quelques semaines quand j'étais en pleine crise de stress par rapport à la rentrée, à aujourd'hui. Un pull marron avec un jean bleu foncé. Assez banal comme tenue, finalement. J'enfile mes Doc Martens préférés et vérifie mon sac pour la 2ᵉ fois.

Il est maintenant 7 h. Je prends mes affaires et décide de sortir pour aller au café.

Quand j'entre, je remarque que le serveur, normalement de service le matin, est aujourd'hui remplacé par une jeune femme, certainement un peu plus âgée que moi.

Je m'avance au comptoir et dis ma commande avant d'aller m'installer à ma table habituelle. En attendant ma commande, je sors de mon sac mon livre préféré, Orgueil et préjugés et commence à lire. Ça doit être la 10ᵉ  fois que je le relis, mais honnêtement, ça m'importe peu. Quelques minutes plus tard, ma commande arrive. Mon fameux latte à la lavande.

Je sais que je dois partir à 8 h, car je ne veux surtout pas être en retard. Je reste un peu dans le café, tout en faisant attention à l'heure. Vers 7 h 50, je décide d'y aller, puisqu'on ne sait jamais.

Je paye et sors du café en direction de ma voiture garée non loin de mon appartement. Je mets le GPS jusqu'à l'université et si je me fie à mon téléphone, je devrais y être à 8 h 30. Je lance ma playlist  Pour conduire et démarre ma voiture. Et effectivement, après 40 minutes de route, me voilà devant. Comme j'ai encore le temps, je reste un peu dans ma voiture, en surveillant toujours l'heure. J'ai la sensation d'être redevenue une enfant devant quelque chose de beaucoup trop grand pour elle. Ce sentiment d'être minuscule me rappelle ma rentrée en seconde, que j'aurais vraiment préférée oublier.

3 ans plus tôt, la rentrée de seconde.

Me voilà devant l'établissement, mes mains serrant les lanières de mon sac. C'est la rentrée, celle que j'attends depuis près de trois mois. D'un côté, je suis tellement impatiente de repartir de zéro, de quitter le collège et de rentrer enfin au lycée, mais en même temps, je ne connais personne ici et j'ai tellement peur d'être toute seule. Je regarde une dernière fois le message de ma mère.

" Tout va bien se passer, ma chérie, essaye de te faire des amis. Et ne stresse pas trop, d'accord ? Allez, bon courage, mon cœur. Hâte que tu me racontes comment ça s'est passé ! "

Je souris et éteins mon téléphone avant de prendre enfin mon courage à deux mains et d'avancer vers les escaliers en pierre. Il y a une énorme foule devant la porte du lycée. Je me fraye un chemin tant bien que mal et arrive dans le hall. Tout est si grand comparé à mon collège. Je me sens comme une petite fourmi dans un champ.

Plusieurs élèves attendent dans le hall pendant que d'autres se dirigent déjà vers la cour pour connaître leurs classes. Je décide de suivre les élèves dans la cour et je regarde ma classe. Je vois mon nom affiché à côté de la classe "seconde 10". Je souffle un peu et essaye de trouver la salle correspondante. Je monte plusieurs étages et je ne trouve pas. Je sens la panique monter et ce n'est vraiment pas le moment de faire une crise de panique. Monter et descendre plusieurs étages a pour conséquence de me faire transpirer et n'arrange pas la vitesse à laquelle bat mon cœur. Je finis par trouver ma classe. Je toque à la porte et j'entends quelqu'un dire "entrer". J'essaye de calmer mon cœur, d'essuyer mon visage et d'enfouir la boule que j'ai au ventre depuis mon entrée dans cet établissement. J'entre dans la salle de classe et tout le monde me regarde. Je me sens stupide. Et j'essaye de bafouiller quelques mots d'excuse.

- Excusez-moi de mon reta-

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, car le professeur m'interrompt déjà.

- On dit bonjour, Mademoiselle. Quand on est poli.

Je regarde le sol et me reprends d'une voix un peu moins convaincante.

- Oui, excusez-moi, monsieur. Bonjour, excusez-moi de mon retard.

Je regarde toujours le sol. Étant la seule chose me permettant d'oublier quelques secondes tous les regards posés sur moi et la boule qui grandit dans mon ventre.

- Mademoiselle, vous savez que vous n'êtes plus au collège ? Vous êtes au lycée désormais, et nous attendons de vous un meilleur comportement que cela. Veuillez donc cesser de perturber la classe et aller vous asseoir.

Je me sens incapable de bouger et je sens que la gorge est nouée, mais je ne veux pas m'attirer encore plus d'ennuis, alors je réunis toutes mes forces encore présentes pour aller m'assoir et ne plus me faire remarquer. Quand je traverse la salle, je vois les autres élèves me regarder et je peux les entendre chuchoter à mon sujet. Je m'assois au dernier rang et je sors de mes affaires.

La journée se déroule sans que je sois vraiment présente mentalement et, à 16 h, dès que la sonnerie retentit, je sors de cet établissement pour pouvoir enfin retourner chez moi et retrouver ma chambre.

Pendant que j'attends le bus, j'envoie des messages à Elise et Rosie. Mes deux plus proches et, uniques amies. On se connait depuis la primaire et on ne s'est jamais lâché depuis, jusqu'à maintenant. Comme nous n'habitons pas aux mêmes endroits, on a dû se séparer pour le lycée.

Rose : "Coucou les filles ! Comment s'est passée votre rentrée ? Perso, c'était génial ! Par contre, c'est tellement bizarre une rentrée sans vous ! :("

Elise : "Tout pareil !  C'était bien, mais bizarre sans vous deux ;(".

Je suis contente et un peu déçue. Car je suis la seule à avoir eu une rentrée horrible. Je ne veux pas les inquiéter, alors je décide d'inventer une réponse dans le même style que la leur. Mon bus arrive et je regarde le temps du trajet. Je devrais être chez moi dans 45 minutes. Je vais m'installer au fond du bus et mets mes écouteurs. Je lance ma chanson préférée du moment, Recently de Liana flores, et pose ma tête sur la fenêtre, les larmes aux yeux, me demandant pourquoi ce genre de choses m'arrive.

Les Maux Du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant