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Point de vue d'Elizabeth.
Je reste un peu perplexe, mais j'essaye de rester concentré. Avec cette présentation, j'apprends qu'il s'appelle Isaac. J'ai un mal fou à écouter ce qu'il dit, malgré le fait qu'il ait une éloquence parfaite. Il semble vraiment très intéressé par son sujet, et c'est ce qui est captivant et limite hypnotisant. Et, sans que je m'en rende vraiment compte, son intervention se finit. J'attends que les étudiants commencent à ranger leurs affaires, décidées à aller lui parler. Pourquoi ? J'en ai aucune idée. Et, plus je m'approche de lui, plus je me trouve totalement ridicule. Mais dès que je suis à quelques centimètres, je le vois cracher un « pardon » et partir en courant vers la sortie. Je soupire de soulagement et, en même temps, je sais que je suis un peu déçue, au fond de moi, pour une raison que j'ignore.
En essayant de cacher ma déception, je sors de l'amphithéâtre et pars rejoindre Laura et les autres, qui sont sortis avant moi. Je suis encore un peu troublée par cette coïncidence. Pendant le reste de la journée, je suis un peu ailleurs, totalement perdue dans mes pensées, et j'ai vraiment du mal à rester concentrée.
Après les cours, je rentre chez moi et m'effondre dans mon canapé, faisant en même temps valser la moitié des coussins par terre.
Je prends la décision, après quelques minutes affalée dans mon sofa, d'aller prendre un bain. Je fais donc couler l'eau et prépare ce dont j'ai besoin. Je repense toujours à ce matin. Je ne sais pas pourquoi cette intervention m'a autant perturbé. Après tout, c'est juste le serveur de mon café habituel qui, comme par hasard, se trouve dans la même université que moi et fait une intervention dans mon cours. Il n'y a rien de très extraordinaire !
J'essaye tant bien que mal de me changer les idées et regarde mon téléphone. Et je vois un message de Léo.
Léo : Salut Beth, ça te dit qu'on s'appelle ? Tu me manques.
Je souris en lisant son message ? Depuis ma rentrée à la FAC, Léo a changé de comportement envers moi. Il est moins affectueux et beaucoup plus agressif. Il a toujours eu ce petit côté « violent », mais ça s'est un peu empiré. J'ai essayé de lui en parler, mais la seule réponse que j'ai obtenue est un simple « T'exagères ». Je n'ai donc pas vraiment osé relancer ce sujet de conversation. Préférant juste faire comme si de rien, espérant que ça passera. Voilà pourquoi je suis assez heureuse qu'il me propose, de son plain grès, de m'appeler. J'arrête l'eau et me dirige vers mon salon.
Moi : Salut mon amour. Oui, avec plaisir, tu me manques aussi.
J'ai juste le temps de poser mon téléphone sur la table, qu'il sonne déjà.
- Bonjour Beth.
- Hey Léo, comment tu vas ?
La conversation continue, avec toujours cette tension bizarre entre nous. J'essaye de lui poser des questions sur lui et ses études, sans qu'il ne m'en pose sur les miennes. Je lui raconte ma journée, toujours sans qu'il m'ait rien demandé. Mais j'ai le malheur de lui parler d'Isaac, le garçon du café.
- Comment ça, Isaac ? C'est qui ça ?
C'est la première fois qu'il s'intéresse à ce que je dis depuis que j'ai commencé la FAC, et c'est à cause d'un garçon ? J'en ai marre, alors je raccroche sans rien dire et repars dans mon but principal, avant cet appel. Prendre un bain.
Je reçois plusieurs messages de lui dans la soirée, mais je les ignore tous. Trop énervée et triste pour avoir le courage de lui répondre sans être agressive. Alors je le laisse en attente jusqu'au lendemain, où, j'espère, il se sera calmé.
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Il est 3 h, et j'essaye, désespérément, de trouver le sommeil. Je compte les moutons, repense à ma journée dans les détails les plus précis, change plusieurs fois de position, mais rien n'y fait. Je n'arrive pas à fermer l'œil et, surtout, à me sortir Isaac de la tête. Alors je décide de faire un peu de rangement.
À cause de la FAC, je n'ai plus vraiment le temps pour moi et pour mon appartement. Cela a eu comme conséquence, du désordre un peu partout. Je lance The Smith, comme bruit de fond, et commence mon nettoyage.Je vais dans le salon et ramasse les coussins, toujours par terre. Je tourne la tête et remarque des cartons que je n'ai pas encore déballés, ne trouvant plus de place où ranger leurs contenus. Sur l'un deux, il y a marqué « Souvenirs ». Je prends la décision de faire une petite pause dans mon grand rangement pour le déballer.
Dès que je l'ouvre, je sens plusieurs odeurs, dont l'une venant d'un de mes anciens parfums. J'aperçois les dizaines de cristaux qui me tiennent tant à cœur, rangés dans une boîte en verre. Je les sors, me persuadant qu'il me reste au moins un peu de place pour ces pierres.
Il y a aussi des carnets de dessins. Quelques-uns totalement vierges et d'autres remplis jusqu'à la dernière page. Je tombe aussi sur un livret, contenant toutes les photos de moi, Rose, Isaure, Noa et Elise, prises par ma mère. Je retombe sur les photos de notre bal de promos, ou encore sur nos premières soirées pyjamas dans mon jardin. Tous ces souvenirs, nos souvenirs, me feraient presque regretter ma dernière année au lycée. J'ai bien dis « presque ».
Je fouille encore un peu et tombe sur un bouchon de bouteille de vin rouge. Et je sais tout de suite pourquoi il est là. Il date de ma première cuite avec Isaure et Rose. Je me rappelle que c'était le moment du divorce des parents de Rose, et qu'Isaure, ayant un an de plus que nous, avait réussi à nous acheter de l'alcool. Et on avait bu plus qu'on aurait dû pour soutenir notre amie. Je me rappelle aussi du mal de crâne que j'ai eu le matin suivant.
Et je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, j'étais persuadée que garder ce bouchon me permettrait de me rappeler de cette soirée. Comme si j'avais besoin de ça pour ne pas l'oublier. Je m'en rappelle tellement bien, que je me souviens qu'à un moment, Rose Isaure et moi, nous nous sommes mise à danser sur du Amy Winehouse, une bouteille de vodka en main, crachant nos poumons sur « Valérie ». Un moment inoubliable.
Après ce petit retour dans le temps, je referme le carton et je regarde l'heure à nouveau. Et, malheureusement, ma montre m'indique 5 h du matin. Je ne sais pas du tout si dormir en vaut vraiment la peine. Je commence à 8 h 20 aujourd'hui, et je dois me lever à 6 h 30. Après quelques minutes de réflexion, je me dis que dans le pire des cas, je dormirais pendant la pause de midi. J'en profite quand même pour avoir l'occasion de voir le lever du soleil, qui a lieu à 7 h 27. Je mets un réveil à 7 h 10. Pour être sûre d'avoir le temps de descendre et d'aller m'asseoir sur un des bancs du parc, et d'être sûre de ne pas le louper.
J'abandonne l'idée du rangement et m'allonge dans mon canapé pour regarder un film. Je décide de lancer 10 bonnes raisons de te larguer, qui, selon moi, est un vrai chef d'œuvre.
Après la fin du film, il est déjà 6 h 40 et je commence à me préparer. Et une fois prête, je prends mon sac et sors de mon appartement.
J'arrive dehors, et il fait encore nuit. Je sais que le café ouvre vers 7 h, donc je me mets en route pour y aller. Et effectivement, j'aperçois déjà les lumières allumées de celui-ci.
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Les Maux Du Cœur
RomanceAssise à côtés de lui, tous mes problèmes disparaissent. Comme ce ciel, nous sommes sombres , mais remplis d'étoiles. Il a su trouver les mots, pour soigner mes maux.