Chapitre 5

8 3 0
                                    

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Point de vue d'Isaac.

Je me prépare pour l'intervention que je dois faire ce matin avec des premières années. Malgré le fait que ça ne soit pas ma première intervention depuis mon arrivée dans la FAC, j'ai un peu le traque. Je relis une dernière fois mon texte et vérifie mon diapo pour être sûr que tout est bien parfait, puis je rentre dans l'amphithéâtre. J'installe mes affaires sur le bureau et m'approche du micro pour me présenter.

« Bonjour à tous et à toutes. Je m'appelle Isaac Bennet et je suis en troisième année de psychologie. J'ai été à votre place il y a maintenant 3 ans, et je sais à quel point ça peut être dur de savoir si on a fait le bon choix ou non ou de douter de ses compétences C'est donc pour ça que je suis ici pour vous parler de mon parcours, des difficultés que vous allez pouvoir rencontrer durant vos études, mais aussi des meilleures adresses de bars pour vous réunir après vos examens. »

À cette dernière phrase, j'entends les étudiants rigoler et je suis assez fière de moi pour cette blague.

Je commence à expliquer mon parcours au sein de la fac. Des différents examens passés. Je suis assez fière, car quand je lève la tête pour regarder les étudiants, je peux voir que la plupart d'entre eux sont très attentifs.

Je force un peu sur la différence entre les cours au lycée et ceux de la FAC. Comment le fonctionnement est différent. Et mon intervention se passe parfaitement, comme d'habitude. À la fin de ma présentation, je précise que s'ils ont des questions, qu'ils n'hésitent pas à me les poser maintenant, ou même en cours d'année. Je traîne très souvent près de l'entrée de la fac, donc s'ils me croisent, surtout, ils n'ont pas peur de venir me parler pour me poser des questions. Et je finis en les remerciant de leur attention.

Pendant que les étudiants sortent, je sens quelqu'un s'approcher de moi. Mais au même moment, je reçois un appel de ma mère. Mon visage se fige tout de suite, et sans même regarder la personne, je m'excuse et me précipite vers la sortie. Je décroche, et même avant qu'elle parle, j'entends à sa respiration que son état ne s'est pas arrangé.

– Bonjour maman, Tout va bien ? Pourquoi tu m'as appelé ?

Il y a un petit silence avant que je l'entende tousser et essayer de parler.

– Bonjour mon chéri, Je suis désolé de te déranger, je sais que tu avais une intervention à ta fac aujourd'hui.

Elle fait une légère pause pour tousser avant de continuer.

– J'ai vu mon médecin ce matin, car j'avais vraiment du mal à respirer et, après le rendez-vous, j'ai voulu sortir et je me suis évanoui. Le médecin a appelé les urgences, connaissant mes antécédents. Je suis donc à l'hôpital Saint-Vincent. Je voulais juste te prévenir que je ne serais pas à la maison. Tu n'es pas obligé de venir me voir, je sais bien que demain tu travailles tôt.

Je ne réponds pas tout de suite, essayant de digérer les informations.

– Tu as dû payer quelque chose ou pas ?

-Isaac.. Tu sais que je ne veux pas que tu payes pour mes frais médicaux.

– Maman, ce n'est pas ma question.

Je sens qu'elle hésite un peu, mais elle fini par me répondre.

– Pour l'instant, j'ai dû payer 25 euros pour la visite chez le médecin. Et comme je vais devoir rester ici plusieurs jours, voire une semaine, je vais payer.

Je soupire et me gratte le front.

— Ils t'ont dit combien tu vas devoir payer ?

– À peu près 740 euros.

Je ferme les yeux et essaye de ne pas changer de comportement et de garder une voix rassurante, pour ne pas inquiéter ma mère.

– D'accord. J'arrive, et s'ils te demandent de payer, tu dis que ton fils arrive d'accord ?

Je raccroche avant qu'elle ait le temps de me contredire. Je sais bien qu'elle déteste quand je paye pour ses frais médicaux, mais on sait tous les deux qu'elle n'a pas les moyens de payer ça toute seule. Sur le chemin pour rejoindre ma voiture, je vois qu'il me reste à peu près 1500 euros sur mon compte. J'ai été payé aujourd'hui, heureusement.

Je rentre l'adresse de l'hôpital dans le GPS et je suis assez rassuré de voir qu'il n'y a que 14 minutes de route. Je démarre et 14 minutes plus tard, j'arrive à l'hôpital. Je me gare et cours vers l'entrée.

– Bonjour Monsieur, Je suis le fils de Silena Bennet. Elle a été admise en début de matinée normalement.

L'homme de l'accueil me regarde et commence à taper sur son clavier.

— Bennet.. Bennet.. Oui, je la vois, elle est chambre numéro 245 au deuxième étage.

– D'accord, merci. Je voulais aussi savoir, pour le paiement, comment ça se passe ?

Il m'explique que je dois payer maintenant pour 1 semaine, et que si elle sortait avant, il me rembourserait.

Je sors ma carte et paye le montant indiqué sur la machine. Après avoir payé, je me dépêche d'aller voir ma mère.

Une fois arrivé, je prends une grande respiration avant d'entrer dans la pièce. À partir du moment où je passe la porte, je sens déjà une odeur d'alcool médical et de bétadine. Je frissonne. Je hais cette odeur. Je vois ma mère, allongée dans un lit blanc et bleu, tenant un livre que je lui ai offert pour son anniversaire. Dès qu'elle me voit, son visage fatigué s'illumine et elle pose le livre sur un petite meuble faisant office de table de nuit. Je lui souris et m'assois sur le lit. On parle un peu de tout et de rien, puis vient le moment où je dois partir. Je la rassure sur la question du paiement et elle me fait la morale en disant que je ne suis pas censé payer pour elle. Après qu'elle ait fini, je l'embrasse sur le front et je ressors de la chambre. La voir dans cet état me brise le cœur. Mais je sais qu'elle va finir par guérir. Je ressors donc de l'hôpital, la boule au ventre, et rentre chez moi les larmes aux yeux, essayant de me changer les idées.

Les Maux Du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant