Les Maux Du Cœur

Chapitre 7

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Point de vue d'Isaac.

Il est 6h, et mon service commence dans une heure. J'ai réussi à négocier avec Sacha, la patronne, pour pouvoir travailler toute la journée, en échange d'une petite avance.

Avec les frais d'hospitalisation de ma mère, il est impératif que je mette suffisamment d'argent de côté pour couvrir toutes les dépenses et lui permettre de rester à l'hôpital autant que nécessaire.

Je commence à me préparer et pars vers 6h35 pour arriver avant l'ouverture et tout organiser.

En arrivant au café, il fait encore nuit. Seule la lumière des machines éclaire la salle. J'allume les lumières, enfile mon tablier et commence à installer les tables et à nettoyer.

Je termine vers 6h50 et prends une courte pause. Je sors pour m'allumer une cigarette avant de commencer la matinée. Je sais que si ma mère me voyait fumer, elle me ferait une leçon de morale sur les dangers du tabac. Mais vu les circonstances, je m'en autorise une seule.

Même si je travaille toute la journée, Liam est censé arriver à 10h, sauf s'il est en retard. Mais il m'a promis d'être à l'heure cette fois, et je le crois.

J'écrase ma cigarette, me lave les mains, et il est déjà temps d'ouvrir.

En attendant les premiers clients, je me demande si la fille qui vient presque tous les jours depuis septembre reviendra. C'est l'une des rares clientes toujours aimables avec le personnel. Elle vient généralement le matin, mais je l'ai déjà aperçue en fermant le café. Elle commande toujours un latte à la lavande et s'installe près des fenêtres pour lire. Elle repart quand le café commence à se remplir. J'ai souvent hésité à lui parler, mais je n'ai jamais vraiment eu le temps ni le courage.

Le premier client est justement cette fille. Elle me salue, mais elle semble beaucoup plus amicale que d'habitude. Je lui prépare son latte et le lui apporte. À ma grande surprise, elle engage la conversation. Elle me pose des questions sur le café et sa popularité. Pris de court, je bugue un peu avant de répondre. Je la vois gênée et je regrette immédiatement cette réaction. J'essaie de me rattraper en souriant, mais je me sens vraiment ridicule.

- "Surtout, dites-moi si je me trompe, mais vous avez fait une intervention à l'université de psychologie hier, non? Peut-être que ça fait un peu psychopathe de demander ça comme ça... Enfin, je veux dire que je crois vous avoir reconnu. Bon, je crois que c'est encore pire quand je dis ça..."

Je suis assez surpris de cette coïncidence. Et je vois qu'elle se sent vraiment embarrassée car ses joues sont rouges et son regard fuyant. Je réponds le plus calmement possible pour ne pas l'embarrasser davantage.

- "Oui, c'était bien moi! C'est drôle que tu sois aussi à la fac de psycho. Comme quoi le monde est petit."

Nous continuons notre discussion et j'apprends qu'elle s'appelle Elizabeth. Avant de devoir partir à cause des clients qui arrivent, je récupère son numéro en lui proposant de l'aide si elle en a un jour besoin, puis je retourne au comptoir. Elle s'en va quelques minutes après.

Le service du matin s'est plutôt bien passé, et Liam était, comme il l'avait promis, à l'heure. Il est 12h30 et c'est l'heure de ma pause déjeuner. J'en profite pour raconter à Liam ma discussion de ce matin avec Elizabeth. Il me félicite, comme si c'était un exploit d'avoir eu son numéro, alors que la seule et unique raison était vraiment de l'aider.