Chapitre 13

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ALANNAH

-Flashback - Âge 14 ans -

Assise sur mon lit, les genoux recroquevillés contre la poitrine, je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer. Cela fait maintenant deux mois que maman nous a quittés et je n'arrive pas à passer outre. Quant à papa... il a sombré encore plus profondément dans l'alcool. Il a toujours bu... beaucoup... mais aujourd'hui c'est pire.

Il est constamment ivre, me demandant de m'occuper de tout, alors que  dans la maison c'est lui l'adulte. C'esf lui qui devrait s'occuper de moi. J'aurais besoin qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me réconforte, qu'il me rassure, e pourtant, je refuse qu'il m'approche. Il a un comportement étrange, il me regarde bizarrement et je ne sais pas ce qu'il pense lorsqu'il me fixe ainsi.

Il me fait peur !

Je rattrape une larme qui roule sur ma joue du revers de la main et soupire. Dans la cage d'escalier, un bruit résonne de façon étrange et je sais que mon père est déjà ivre. Heureusement, il est l'heure pour moi d'aller au collège. Je sors, mon sac sur l'épaule, et arrive à l'entrée du salon. Mon père est affalé dans son canapé, des canettes de bière étalées autour de lui.

— J'ai faim, va me faire un p'tit déj, m'ordonne-t-il en montrant la cuisine du doigt.

Je jette un rapide coup d'œil à ma montre et me dépêche de lui préparer un sandwich que je pose sur la table, juste à côté de lui. Son regard me détaille de haut en bas, et une sensation de dégoût parcourt ma peau lorsque je croise ses yeux.

— Je dois aller en cours, va prendre une douche, tu en as besoin.

Il peste contre moi en me disant de dégager. Je quitte la maison et ressens enfin la sensation de pouvoir respirer. Dans cette maison, ma cage thoracique est constamment écrasée par la peur. La peur qui m'habite depuis que je suis seule avec mon père. J'ai rapidement compris que je ne serai pas en sécurité, que pour lui, je vais être un poids... C'était ma mère qui s'occupait de moi. Tout le temps. Elle faisait en sorte que mon père se tienne loin de moi, elle servait de rempart et je n'ai jamais su pourquoi.

Sur le chemin qui mène au collège, je suis rejointe par Sandy, ma meilleure amie. Elle vient entrelacer ses doigts aux miens et me tend un sandwich.

— Ma mère te l'a préparé, elle s'est dit que tu n'aurais pas mangé.

— Merci, dis-je en prenant ce qu'elle me tend.

Je l'ouvre et en prends une grande bouchée. Mon estomac crie famine depuis que je me suis réveillée, mais je n'ai pas osé sortir de ma chambre à cause de lui... Lorsque je suis à l'école, ce sont les meilleurs moments de la journée. Ici, je n'ai pas besoin de me cacher, la peur n'habite pas chaque parcelle de ma peau,  la crainte qu'il lève la main sur moi ici dans ces murs n'est pas présente. 

En fin de journée, comme toujours, je rentre avec Sandy, ma main dans la sienne. Je traîne toujours un peu chez elle, mais pas aujourd'hui. Mon père est là, devant ma maison, à faire les cent pas. Je le vois tirer sur sa cigarette, et il interrompt sa danse en me voyant. 

— Tu rentres, maintenant ! hurle-t-il à travers la rue.

Je déglutis, mon estomac se noue et je serre la main de mon amie un peu plus fort. Elle ne me lâche pas non plus, regardant comme moi, mon père virer au rouge carmin. 

— Tu viens chez moi s'il y a un problème, prononce-t-elle doucement en tournant la tête vers moi.

Je me contente de répondre d'un signe de tête et la quitte en avançant vers mon père. Plus je m'approche de lui, plus mon cœur tambourine dans ma poitrine. Il bat si fort que j'ai l'impression qu'il pourrait s'expulser hors de ma cage thoracique et venir s'étaler à même le sol.

Tainted LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant