Chapitre 25

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HAYDEN

8 mois plus tard.

À genoux dans le salon, je fixe l'arme posée devant moi.. Le silence de la pièce résonne avec une intensité oppressante, et pourtant, je suis étrangement calme. Comme si chaque battement de mon cœur comptait le temps qu'il me reste à endurer.

Ces derniers mois, ma vie a pris une tournure que je n'avais jamais anticipée, comme un train déraillant, incontrolable, irréparable. J'ai quitté mon emploi. Enseigner m'avait toujours apporté un certain sens, une structure, mais plus maintenant. Je ne pouvais plus rester dans cette salle de classe. Jour après jour, mon regard revenait inlassablement vers cette place vide. Celle qu'elle occupait.

Son absence me dévore de l'intérieur, c'est un rappel constant du gouffre qui s'est creusé en moi. Les premiers jours, j'avais encore l'espoir qu'elle reviendrait. Qu'elle franchirait à nouveau cette porte avec son sourire timide, s'installant à sa place habituelle comme si rien n'avait changé. Mais le vide restait, et la réalité s'installait peu à peu, cruelle et implacable.

Voir cette chaise vide me remplissait d'une douleur que je ne pouvais nommer. Et puis, ce fut pire : quand un autre élève s'y installa, comme si sa présence n'avait jamais compté, comme si elle pouvait être remplacée aussi facilement. Une rage sourde montait en moi chaque fois que je posais les yeux sur cette place, comme une trahison que personne ne semblait comprendre, sauf moi.

J'ai donc préféré partir. Abandonner ce travail qui ne faisait que rouvrir des blessures trop profondes pour guérir. Tourner la page, ou du moins essayer.... Mais tourner la page n'efface pas les remords. Remords que je porte encore, ici même  à genoux devant cette arme.

Mes économies me permettraient encore de survivre quelque temps, mais à quoi bon ? C'est comme si je ne vivais plus vraiment. Chaque journée ressemble à la précédente, une répétition absurde d'un vide intérieur, et chaque nuit est encore plus lourde, envahie par des pensées sombres dont je ne parviens plus à me défaire.

La culpabilité me ronge.. Je sens le poids de mes actions comme des chaînes autour de mon âme, me tirant vers les ténèbres. Les portes de l'enfer sont grandes ouvertes pour moi, prêtes à m'accueillir pour ce que j'ai fait.

Il n'y a pas d'issue.

Il n'y a pas de pardon.

La mort, est la seule issue qu'il me reste...

Aujourd'hui, sans savoir pourquoi, j'ai pris ma décision. Pas n'importe laquelle... CELLE-CI. La seule qui m'apparaît comme une délivrance. Mettre fin à cette douleur insupportable.

J'ai brisé tous les miroirs de la maison. Chaque éclat de verre est un fragment de ce que je suis devenu : une personne immonde, incapable de se regarder en face. Mon propre reflet me donne envie de vomir.

Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ai-je pu sacrifier la femme que j'aime ? La seule personne qui comptait vraiment pour moi dans ce monde.

Je croyais qu'il bluffait. J'étais persuadé qu'il ne la toucherait pas. Mais je me suis trompé...Pourtant, j'ai vu dans ses yeux une lueur, cette même lueur qu'il avait pour Jessie. Il jouait avec nous tous, avec elle surtout. Et pourtant, je me disais même qu'elle s'était attachée à lui, à sa manière. Cette pensée me brise le cœur encore plus profondément.

Les larmes roulent sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Devant moi, gisant à même le sol, une photo d'Alannah. Une des rares que je possède. Elle est assise sur un muret, ses bras écartés, son sourire radieux. Ce sourire qui illuminait ma vie. Ce sourire que je ne reverrai plus jamais.

Putain, ce qu'elle me manque...

Je donnerais tout, absolument tout, pour la revoir, ne serait-ce qu'une seconde. Pour entendre sa voix douce, sentir sa peau contre la mienne, caresser son visage une dernière fois. Mais c'est impossible. Elle fait désormais partie du passé, et moi aussi. Nous sommes condamnés, elle à l'oubli, moi à l'enfer.

Tainted LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant